Déjà auteur d'une démo en 2018 nommée "The Pest Dialect" à une époque ou il était encore le projet solo de Connor G. Carlson, le groupe américain Sacrilegion revient enfin avec un premier album. "From Which Nightmares Crawl" est son nom et il vient nous délivrer une bonne dose de death mélodique dans les oreilles. Mais attention, on ne parle pas de death mélodique à la suédoise façon scène de Göteborg par ici et si influence suédoise il y a, on la trouve plutôt dans les groupes old school.

Les influences se situent donc plutôt du coté de Dismember, Entombed et Grave pour le côté death metal bien gras et d'Intestine Baalism pour le côté mélodique (certains membres de Sacrilegion en arborent d'ailleurs des t-shirts sur certaines photos). Ne vous attendez donc pas à quelques chose de mélancolique ou de beau, Scarilegion fait du death metal old school bien gars qui laisse de temps en temps la place à des mélodies pour donner un peu plus d'épaisseur aux ambiances qu'il développe. "A Terrible Pilgrimage To Seek The Nighted Throne" ouvre d'ailleurs l'album avec ces fameuses mélodies et l'ambiance générale est inquiétante d'entrée de jeu. La suite devient un peu plus technique avec quelques riffs plus tordus et plus intriqués et plus agressive aussi avec ce bon vieux death metal putride et malsain. Donc oui, il y a des mélodies dans la musique de Sacrilegion mais non, ça ne contribue pas du tout à ramollir l'ensemble, cela le rend au contraire plus sombre encore. "Puritanical Dementia" enchaîne de manière encore plus agressive avec des riffs plus malsains et des structures plus chaotiques, le tout créant une ambiance apocalyptique et renforçant encore la brutalité de l'ensemble. Par rapport aux influences suédoises affichées, on trouve d'ailleurs un côté plus frontal et plus agressif chez Sacrilegion (je précise suédoises puisque les Japonais d'Intestine Baalism sont eux aussi plus brutaux), on ne perd pas de temps et malgré des ambiances poisseuses et des mélodies noires, le groupe tape fort. Pas de rafales de blasts incessantes non plus même si on y a droit régulièrement, mais une puissance constante et une violence qui explose quand il le faut pour contrebalancer les passages les plus noirs ou les plus lourds.

Une bonne dynamique s'installe donc sur ces quarante-quatre minutes et le groupe évite le piège du death old school monolithique ou ultra brutal dans lequel plus d'un sont tombés. "From Which Nightmares Crawl" garde un bon équilibre entre brutalité, mélodies malsaines et le groove destructeur typique de ce bon vieux death metal qui tache. Une petite dose de technique pointe le bout de ses cordes dans certains riffs pour ajouter une dimension supplémentaire à un death metal déjà bien vivant et nerveux. On retrouve tout ce que l'on veut entendre quand on se dirige vers ce style de metal, ça tabasse avec des riffs vicelards et teigneux et quand les mélodies font leur entrée, c'est pour une ambiance d'autant plus sale. Sauf sur le morceau-titre par exemple qui fait partie des rares moments où le groupe devient vraiment mélodique, allant même jusqu'à évoquer un certain Edge Of Sanity pendant un court instant en fin de morceau. La brutalité et la crasse sonore que déploie "So Envenomed, Enshrined" ensuite crée un sacré contraste et nous prend par surprise ! L'autre surprise c'est le morceau qui clôt l'album, "Ever Consuming Arc (The Dirgelike Crawl Through Trempling Aeons)" qui clôt l'album avec un tempo bien lourd que le reste et enfonce un bon gros clou dans le cercueil. Après neuf morceaux assez agressifs et frontaux, ce dernier coup de massue fait d'autant plus d'effet et l'ambiance noire qu'il installe s'infiltra d'autant mieux dans notre cerveau. Même si des blasts refont leur apparition au bout d'un moment et que le tout redevient plus agressif par moments, cela reste une fin d'album efficace dans un registre globalement plus écrasant et malsain.

"From Which Nightmares Crawl" est donc un premier album brutal, mélodique, malsain et bien gras qui fait bien le boulot et montre que les membres de Sacrilegion connaissent leurs classiques. En plus de ça, le groupe arrive à installer sa propre ambiance en passant par des riffs et leads plus mélodiques ou malsains, voire les deux en même temps. Une bonne carte de visite qui laisse des taches du sol au plafond et devrait ravir vos voisins !