Le groupe
Biographie :

Sacrarium est un groupe de black metal lorrain formé en 2001 et actuellement composé de : V.R.S. (Steve Renard) (guitare, chant, batterie / Sacred) et A.m.K. (Stephane Scholl) (paroles). Le premier album, "March To An Inviolable Death", sort en 2009 avant de se voir réédité en 2011. L'album suivant, "Miasmind", sort en digital en Mai 2013 avant de bénéficier d'un support physique en Décembre 2014 chez Khaos Division Productions.

Discographie :

2004 : "Land Of Forgotten Souls" (Démo)
2006 : "Lost By Your Belief" (Démo)
2009 : "March To An Inviolable Death"
2011 : "March To An Inviolable Death" (Réédition)
2013 : "Miasmind"
2013 : "The Endiversary (2001-2013)" (Compilation)
2014 : "Miasmind" (Réédition)


Les chroniques


"Miasmind"
Note : 15/20

Voilà un disque dont la conception aura été particulièrement difficile. Sacrarium, one-man band de black metal originaire de la grise Moselle et fondé en 2001 par V.R.S., avait attiré l'attention en 2009 avec son premier album autoproduit "March To An Inevitable End", ressorti peu après sur le label italien De Tenebrarum Principio. Un contrat à la clef, "Miasmind" aurait dû voir le jour sur le label transalpin mais l'histoire en a voulu autrement. D'abord sorti sous forme digitale il y a deux ans maintenant, en Mai 2013, V.R.S. s'est, sans aucun succès, essayé au crowdfunding en 2014. Cette déconfiture ayant entraîné le split de Sacrarium. Après d'innombrables retards, c'est donc fin 2014 que Khaos Division Productions (jeune label de black metal auteur du dernier et excellent album de Maleficentia) sort "Miasmind", bébé mort-né mais enterré un peu vite.

Cet enfant maudit une fois en place dans notre platine, nous pouvons enfin juger sur pièce la qualité de l'album. Et là, c'est le drame. Cet album est une abomination. Non pas sur le plan strictement musical mais sur le plan de la sonorisation. La production est juste infâme, rendant l'écoute et la bonne appréciation des morceaux impossibles. Le mixage et le mastering, pourtant réalisés par Andrew Guillotin (Maleficentia, Temple Of Baal, Bran Barr, Fractal Gates, irréprochable sur ces albums), ingénieur du son reconnu en France, sont catastrophiques, ce qui est proprement ahurissant vu le bagage du bonhomme. Diffusé sur un système hi-fi performant, l'album sature de tous les côtés, les grésillements provoqués par les claviers, BAR et autres basses fréquences sont, malgré toute notre bonne volonté, une torture pour notre système auditif. Et l'écoute au casque est un supplice sans nom : ça grésille, ça bave dans tous les sens ; le mixage est atroce, transformant les passages les plus riches et extrêmes en une ignoble bouillie sonore. Habitué aux productions les plus faibles ou bancales, grands amateurs de productions black et death hyper-underground et crades, le son "cave" et les prods maison ne nous déplaisent absolument pas. C'est donc une grande incompréhension et une déception sans limite qui nous envahissent à l'écoute de ce second opus de Sacrarium qui témoigne bien malgré lui des limites des productions numériques. Alors, est-ce dû à la production et à l'enregistrement signés V.R.S. que "Miasmind" sonne de cette manière ? Nous n'en saurons jamais rien, d'autant que cela est vraiment dommage car "Miasmind" vaut le coup musicalement.

Résolu à ne pas laisser passer sa chance à cet album, nous avons dû nous reporter aux bornes d'écoute digitale pour écouter l'album. Porté par un concept intéressant (en gros la déliquescence des sentiments et de l'esprit humain) exprimé à travers des textes fournis et bien écrits, "Miasmind" présente une écriture de très bon aloi. Les compositions abondent de très bonnes idées musicales qui repoussent les frontières du black metal. Diverses influences, indus, ou post-black, se profilent sous les saturations effrénées, dessinant d'étranges contours stylistiques. En plus d'un chant black haineux, de nombreux choeurs et voix additionnelles, claires, hurlées ou plus typiquement hardcore ("The Lighted Room") enrichissent les compos et donnent différentes couches émotionnelles. Les arrangements vocaux, travaillés, mélodiques, démontrent un grand savoir-faire et constituent l'un des grands achèvement de "Miasmind". La noirceur primale du black est ici portée vers d'autres horizons pour un résultat atypique mais convaincant. L'album abonde de riffs de guitares sanglants ("Genetic Distortion Models", "Let Me Be Your Broken Spine"). Une large place est accordée à la basse, son rendu métallique apporte froideur et puissance tandis que les soli mélodiques apportés par les guests Peter Scheithauer (celui de "Genetic Distortion Models", somptueux, est soutenu par de noir filaments rythmiques), Eithenn ou Laurent Gisonna (Deficiency) diversifient encore plus le disque. La seule ombre au tableau (musicalement s'entend) provient de la BAR. La programmation de batterie dans le metal extrême, et a fortiori, dans le black, est souvent une gageure, les groupes usant de ces procédés ayant tendance à en foutre littéralement partout sans grosse cohérence et sans une certaine approche réaliste qu'un véritable batteur pourrait amener (sans compter des passages tout juste irréalisables, même pour les meilleurs batteurs). C'est un peu le cas ici, la BAR ayant tendance à blaster plus qu'il n'en faut, mais rien de vraiment dommageable.

Sacrarium nous sert un black metal froid et possédé, scintillant de lueurs mystiques. "Miasmind" est un album très intéressant malheureusement ruiné par une production indigne, mais cela ne doit pas vous décourager de soutenir le groupe, même défunt. Nous vous invitons donc, malgré nos mots certes durs mais honnêtes, à donner sa chance à cet ultime effort de Sacrarium.


Man Of Shadows
Mai 2015




"March To An Inviolable Death"
Note : 14/20

Sacrarium est un duo qui nous vient de Lorraine et qui après deux démos ("Land Of Forgotten Souls" et "Lost By Your Belief"») nous livre ici son premier véritable album très délicatement nommé "March To An Inviolable Death". Et vous pouvez sortir le Panzer du garage parce que ça va quand même chier gentiment là.

Le groupe pratique un black metal assez typé Suédois, comprenez par là que ça va tabasser et que les tous blasts ont décidé de faire une réunion revendicatrice sur la même galette. On est dans le black pur et dur ici, derrière la violence se cachent des mélodies qui ne sont là que pour assombrir le tout. Bah oui, vous ne vous attendiez tout de même pas à ce qu'un refrain digne du "Petit bonhomme en mousse" fasse son apparition au beau milieu d'un morceau quand même ? D'ailleurs dans le genre anciennes références, on note même par exemple sur "Heartless Visions" un passage Satyriconien en diable (normal). Le son est bien crassoux comme il faut d'ailleurs, avec des guitares bien grasses qui ont dû traîner dans la boue et le pétrole quelques années.

Les morceaux sont pour la plupart assez longs, dans les 5 minutes en général, à part le premier vrai titre qui culmine à 7 minutes et des brouettes. De quoi se laisser engloutir par les leads pile poil dans le ton, c'est glauque et sombre juste comme il faut. Je signale d'ailleurs que malgré la longueur des morceaux, le duo a réussi à rendre sa musique assez vivante pour que l'on ait pas envie de passer à autre chose au bout de 10 minutes. On est loin des gus qui pondent deux riffs par titre et vous allongent ça pendant un quart d'heure, puis bon vu la dose de blasts qu'on se prend dans la gueule sur toute la durée de l'album il y a quoi rester réveillé. On notera aussi quelques légères incursions indus sur les intro et outro de l'album, ainsi que sur le titre "Terribilis Est Locus Iste".

Niveau ambiance c'est un peu le champ de bataille, on essaie de slalomer entre les obus et les explosions diverses sans s'en prendre plein la tronche, et sans trébucher sur la masse de cadavres qui traînent là dedans. Parce que oui vous allez vous rendre compte que ça sent un peu la charogne, comme tout album de black metal qui se respecte. A ce niveau là pas de souci, on n'est pas trompé sur la marchandise. Pas de chanteuse, pas de claviers envahissants, pas de mélodies foireuses à la guimauve chantilly et les confettis ne sont pas distribués à l'entrée. Les confettis c'est vous en fait, après s'être pris un tir de Panzer en travers de la gueule on vous ramassera à la petite cuillère et on vous jettera en l'air pour faire rire les petits enfants.

Pour situer un peu le caractère brutal du truc, on pourrait le reprocher de groupes comme Dark Funeral ou Setherial, sans pour autant entendre de ressemblance flagrante. Disons que la méthode fait partie du même moule, pilonner la gueule du pauvre auditeur tout en l'enterrant vivant sous un tas de terre plus ou moins garni en vers. Le nom de l'album est d'ailleurs bien choisi, ça vous annonce déjà la couleur d'entrée de jeu. Inutile de préciser que ça va donner dans des tons un poil sombres hein. Comme quoi le magnifique climat Lorrain peut inspirer des groupes aussi, pas besoin d'être dans le Grand Nord pour pondre une bonne galette de black metal pur sucre.

Bref tout ça confirme la relative bonne santé de la scène Française ces derniers temps, surtout en black d'ailleurs. J'ai ouï dire que certains pays commencent même à nous l'envier, il faut dire qu'on a une paire de groupes qui ont sorti de belles petites bombes dans le genre. Bon on n'est pas non plus en présence de la bombe black metal du siècle, mais c'est globalement du bon et c'est un premier album. Et vu ce qui nous est servi sur ce "March To An Inviolable Death" je pense pouvoir dire que la suite devrait être assez intéressante. De là à savoir si Sacrarium va rejoindre le peloton de tête dans quelques années je ne sais pas, je ne suis pas devin mais je pense qu'avec le temps et le travail on pourrait avoir une bonne surprise de leur part. En tout cas c'est tout le mal que je leur souhaite, histoire de montrer que la scène black Française en a sous le pied.


Murderworks
Avril 2011


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/sacrariumofficial