Le groupe
Biographie :

Russkaja est un groupe autrichien qui a été fondé en 2005 par le chanteur russe Georgij Makazaria. Le style musical du groupe est inspiré par la musique traditionnelle russe avec un mélange de ska, rock et de rythmes de polka. Russkaja se définit lui-même comme du "Russian Turbo Polka Metal". Sous cette expression énigmatique se cache un joyeux mélange entre Madness et Korpiklaani en version slave.

Discographie :

2008 : "Kasatchok Superstar"
2010 : "Russian Voodoo"
2013 : "Energia!"
2015 : "Peace, Love & Russian Roll"
2017 : "Kosmopoliturbo"


Les chroniques


"Kosmopoliturbo"
Note : 14/20

Vous connaissez Russkaja. Ceci n’est pas une question, vous connaissez forcément Russkaja. Sinon quoi ? Goulag. Alors certes, le nom ne vous dit peut-être rien là comme ça, mais vous avez sûrement déjà écouté, ou en tout cas entendu certains de leurs airs. Leur clip "Energia", c’est le genre de musique de merde qui vous reste souvent en tête, qui vous énerve mais que vous ne pouvez vous empêcher de remettre en boucle, surtout en fin de soirée, quand vous êtes le seul type ou la seule nana encore en état de taper sur le clavier. Ou alors, vous avez juste découvert ce groupe à la Fête de l’Huma, entre deux mauvais joints roulés entre des ongles sales… Bref.

Russkaja est un groupe de metal russe, c’est-à-dire que leur musique sent bon la vodka, la chapka et le Kremlin, même si eux viennent d’Autriche. Depuis 2005, ils produisent un somptueux mélange de pop, de ska, de polka et autres styles un peu bizarres mais qui ont un côté metal totalement assumé, comme sur ce nouvel album, "Kosmopoliturbo", sorti chez Napalm Records. Cet album diffère assez peu des précédents, et je crois que c’est justement ce qui fait le succès du groupe. Les morceaux sont variés, très variés (trop ?). Ça chante un peu dans toutes les langues, ça part dans tous les styles, et j’imagine mal que l’on puisse tout apprécier, ou à l’inverse tout détester.

On débute sur "Hey Road" et son côté Mononc Serge, qui donne envie de se secouer les fesses, malgré un côté hippie qui d’ailleurs persiste tout au long de l’album (ouais, c’est de la musique de gauchistes, pour ceux qui n’ont pas compris). "Alive" sonne un peu plus oriental, folklorique, pas très metal mais là encore, on a envie de danser. "Still In Love" est un mélange de reggae et d’auto-tune, de quoi donner envie de rétablir la peine de mort… "Hello Japan" et ses gros riffs thrashy est sûrement la piste qui tabasse le plus de l’album, ce qui par certains côtés m’a rappelé l’excellent clip "Energia". Réussite totale. "Volle Kraft Voraus" sonne plutôt comme un mauvais titre de Rammstein, période post-2010, donc j’ai du mal. Je préfère vous laisser découvrir la suite vous-mêmes, mais comme on peut le voir, cet album est très inégal. Tant au niveau des sonorités que des styles, on a presque l’impression d’entendre des groupes différents d’une piste à l’autre.

Néanmoins, le résultat final reste suffisamment original pour qu’on puisse s’accrocher à ce nouvel album. Les fans apprécieront, les curieux aussi, mais ceux comme moi qui connaissent déjà le groupe n’en retiendront pas grand-chose, surtout que ça manque de violence, merde !


Grouge
Juillet 2017




"Peace, Love & Russian Roll"
Note : 15/20

L'un des groupes les plus originaux estampillés "folk" est de retour. Les Autrichiens de Russkaja sortent leur quatrième album intitulé "Peace, Love & Russian Roll". Après la révélation qu'a constitué "Energia" en 2013 (un grand coup de chapeau au passage à Napalm Records qui a su renouveler son catalogue ; y'en avait marre des groupes de pagan metal made in Fisher Price) et la décourverte de ce style particulier, improbable mélange de polka, de ska et de musique traditionnelle russe, le tout à la sauce power metal, on était curieux de voir où la troupe nous emmènerait par la suite.

Premier constat à l'écoute de ce nouveau rejeton déglingué, le songwritting s'est amélioré, enfin. Toujours aussi direct et facile d'accès, les nouvelles compos sont aussi plus travaillées, un soin méticuleux a été apporté aux arrangements. Du coup, on a encore de scrupules à écouter Russkaja, c'est fun, c'est débile, c'est festif mais c'est super bien fait et bien plus fourni qu'il n'y paraît de prime abord.

Le premier morceau "Rock'n'Roll Today" est un hymne en puissance, parfait pour débuter un concert. Et cet accent russe, un régal (au passage, les "hey, hey" sont très bien faits et placés judicieusement). "Slap Your Face" est ultra fun. Une sorte de version hispanique d'un titre de Village People ; décalée, déjantée et marrante jusqu'au bout. Le break, sombre et menaçant, à la trompette prédatrice, fait aussi partie du décalage car lorsque le refrain reprend directement après, de façon fluide, on explose de rire tant le tout est génialement amené. Du très grand travail ! Le trombone de "Hometown Polka" est un remède efficace contre le cafard le plus noir.

Après la pause conférée par la jolie ballade "There Was A Time", la gigue reprend avec "El Pueblo Unido" qui a un petit côté "Te Quiero Puta" de Rammstein, dans l'ambiance, non dans le rendu. "Lovegorod" et "Parachute", respectivement de simples chanson pop / rock et folk, sont moins intéressantes même si pas mauvaises car faisant montre de bonne qualité musicale. "Let's Die Together (Mon Amour)" est bien meilleure, avec son violon triste et sa mélancolie auxquelles on ne croit pas une seconde. La chanson suivante, "Salty Rain", est sorte de reggae / rock mélancolique (si si, on vous jure), comme si Madness s'était fait plaquer par sa chérie. Un bon morceau, inattendu mais réussi.

"You Are the Revolution" est un morceau rapide, énergique et puissant, nouveau prétexte à de beaux moments de délire dans le pit. Les thèmes de cuivres, sombres, et les "ho ho" fédérateurs donnent une couleur inédite à l'album ainsi qu'une fraicheur vivifiante. La country-folk de "Radio Song" apporte aussi son lot de diversité. Encore une fois, les arrangements, sur ces deux morceaux, portent les chansons à un autre niveau. "Level-up" comme disent les gamers. On referme le bal avec le frénétique morceau éponyme, terminant le disque sur une note de bonne humeur.

Russkaja est plus qu'un groupe de power-folk, c'est un groupe capable de belles choses, soigneux et ouvert. Un groupe qui fait du bien entre deux albums de metal pur. Si on peut faire un seul (gros) reproche à "Peace, Love & Russian Roll", c'est qu'il ne contient pas assez de morceaux bien puissants et saturés. Si le power metal n'est qu'une facette de Russkaja, on aurait aimé qu'elle soit un peu plus à l'honneur. A part ce bémol, c'est du très bon.


Man Of Shadows
Septembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.russkaja.com