Le groupe
Biographie :

Rotten Sound est un groupe de grindcore finlandais formé en 1993 dans la ville de Vaasa. Il fait partie, avec Nasum et Regurgitate, des groupes clés de la scène grind scandinave ayant influencé tout une génération de groupes en Europe et dans le monde. Comme c'est souvent le cas pour les groupes de grindcore, les textes de Rotten Sound traitent de questions sociales ou d'actualité, mais ont aussi pour thème le gore et la violence.

Discographie :

1994 : "Sick Bastard" (EP)
1995 : "Psychotic Veterinarian" (EP)
1996 : "Loosin' Face" (EP)
1997 : "Under Pressure"
1999 : "Drain"
2000 : "Still Psycho" (EP)
2000 : "8 Hours Of Lobotomy" (Split CD avec Unholy Grave)
2002 : "Murderworks"
2002 : "Seeds Of Hate / Crap" (Split avec Mastic Scum)
2003 : "From Crust ´Til Grind" (Compilation)
2004 : "Murderlive" (DVD)
2005 : "Exit"
2006 : "Consume To Contaminate" (EP)
2008 : "Cycles"
2011 : "Cursed"
2013 : "Species At War" (EP)
2016 : "Abuse To Suffer"
2018 : "Suffer To Abuse" (EP)
2023 : "Apocalypse"


Les chroniques


"Apocalypse"
Note : 17/20

Pas un album depuis 2016, cela commençait quand même à faire long, il était donc plus que temps que Rotten Sound revienne aux affaires cette année avec "Apocalypse". Un nouvel album très court qui n'atteint même pas les vingt et une minutes et qui va très bien porter son nom ! Et en parlant de temps, on ne va pas en perdre à présenter les bougres, vous savez très bien que vous allez vous prendre un grindcore bien teigneux dans la tronche.

Si "Abuse To Suffer" laissait un peu de place à des passages plus lourds et groovy, vous pouvez oublier ça cette fois, "Apocalypse" défonce tout et fonce dans le tas pied au plancher. Le groupe n'a pas envie de pousser au headbanging ou de briser quelques nuques avec ce nouvel album, cette fois il est vraiment énervé et va juste blaster comme un porc du début à la fin sur des morceaux sauvages dont la plupart dépassent à peine la minute. On démarre avec "Pacify" et effectivement le groupe pacifie tout ce qui bouge à grands coups de napalm dans les oreilles ! Pas d'introduction inutile et seulement quarante-deux secondes pour tout détruire, donc ça blaste fort et ça place quand même un petit passage d-beat bien nerveux au milieu d'un énorme barrage d'artillerie. Bref, du grindcore pur et dur à l'ancienne et qui n'a pas du tout envie de plaisanter ! Pareil pour "Equality" qui tape les quarante-six secondes et ne fait pas plus de cadeau en blastant comme un sauvage du début à la fin avec là encore une petite incursion d-beat vite fait pour casser les nuques qui passent par là.  C'est le troisième morceau "Sharing" qui, pour la première fois, approche les deux minutes, vous imaginez donc que le groupe va en profiter pour proposer quelque chose de plus lourd. Certes on a effectivement un bon gros passage plus lourd et poisseux mais vous allez quand même vous prendre de bonnes rafales dans la tronche. Et si ça ne suffisait pas, le groupe enchaîne avec le morceau-titre qui est totalement bourrin pour le coup et tape comme un sourd sur tout ce qui bouge. On ne va pas faire un track by track non plus, ça va finir par se répéter, on a du grindcore pur et dur avec grosses rafales de blasts quasiment non stop et une louche de d-beat pour le plaisir. Donc oui, ça cogne, ça joue fort, ça gueule, ça fait mal et c'est exactement ce qu'on attend d'un album de grind. Bon, les esprits chagrins diront que même pas vingt et une minutes après six ans d'attente c'est léger, mais croyez bien que vous n'aurez pas besoin de plus que ça pour vous faire déboîter la mâchoire et broyer les tympans ! On a quand même droit à quelques passages plus groovy et plus lourds comme sur "Denialist" ou "Ownership" mais c'est quand même moins marqué que sur "Abuse To Suffer" et l'approche générale est tout de même bien plus frontale et brutale.

Il aura fallu du temps pour que Rotten Sound revienne nous dégraisser les oreilles mais toutes les promesses sont tenues ! "Apocalypse" porte bien son nom et défonce tout ce qui bouge, pas de compromis ni pitié sur ces vingt petites minutes intenses et brutales. On en prend plein la gueule du début à la fin et c'est exactement ce qu'on voulait donc on espère ne pas avoir à attendre aussi longtemps pour avoir un autre album à l'avenir !


Murderworks
Mai 2023




"Suffer To Abuse"
Note : 18/20

N'espérez pas que Rotten Sound songe, ne serait-ce qu'une seule seconde, à évoluer, ils font très bien ce qu'ils savent déjà faire, et puis, de toute façon, vous n'en avez pas envie non plus car vous les aimez comme ils sont ! Cependant, à défaut d'évoluer, ces maîtres du grind nordique ne cessent en revanche de se renouveler. Nos amis finlandais cultivent toujours l'art du bruit et prennent un malin plaisir à rendre leur son plus épais au fil de leurs productions. Les guitares dégoulinantes de Boss Metal Zone et la basse croustillante comme un plat de grillons séchés sont devenues une véritable marque de fabrique made in Rotten Sound.

Là où les membres de cette formation bruitiste sont particulièrement habiles, c'est dans cette facilité à installer un riff, qui, sans prévenir, se fait littéralement exploser la tronche par le riff suivant, qui n'a rien à voir, mais qui colle merveilleusement bien à l'ensemble. En gros, ce groupe  ne cesse de surprendre en pratiquant une musique qui, au fil des albums, pourrait avoir tendance à s'essouffler. Respectant le quota du minutage propre au grind, c'est-à-dire de composer des titres qui ne doivent surtout pas dépasser  les 2 minutes, ce "Suffer To Abuse" comporte tout ce que l'amateur de grind sauvage et sans compromis attend d'un bon disque du genre. la production sature comme jamais, ça grésille et ça crépite dans tous les sens durant les 7 titres de l'EP - le groupe ne s'appelle pas Rotten Sound pour rien. Tel un Napalm Death qui aurait fusionné avec un moteur de sulfateuse, la fine équipe finnoise ne déroge pas à la règle qu'elle s'est fixée dès le début de sa carrière et qui est de faire en sorte que l'auditeur s'en prenne toujours plus à travers la figure. C'est ça qui est bon avec Rotten Sound, c'est qu'on aime détester ce qu'ils aiment nous proposer de détestable.

Musicalement, l'auditeur est embarqué dans un déluge de décibels qui l'embarque au travers de multiples riffs et ambiances pendant les 11 minutes qui constituent la durée de l'EP. L'efficacité est de rigueur, comme à l'accoutumée. Depuis "Abuse To Suffer" (oui, il s'appelle comme ça le disque précédent), il n' y a pas de grande évolution notable. "Suffer To Abuse" peut être perçu comme étant la continuité de l'opus précédent, mais avec une production un poil plus rude et crue. De "Privileged", premier titre qui enchaîne avec brio riff doom, partie punk hardcore, blast beat frénétique et batterie thrashy, à "Slave Of Lust", soit 51 secondes de tout ce que le grind peut proposer de mieux, il est difficile de trouver le temps long. L'espace sonore est continuellement comblé de riffs puissants et de parties qui démontent, comme à l'accoutumée chez les Rotten. Ne vous fiez pas à la note de 18/20, elle n'est pas objective. J'aime Rotten Sound, je n'y peux rien.  Quoi que ce groupe propose, que ce soit en live ou en studio, c'est toujours fabuleux ! Ces musiciens représentent la quintessence du grindcore,  l'archétype de ce que le style doit être. Ils savent se dépasser, avec toujours autant de haine et de rage. Certes, il sera très difficile pour nos grindeux venus du froid de surpasser leur chef d'œuvre de 2002, "Murderworks", mais très honnêtement, il n' y a rien à jeter dans leur discographie, ils parviennent constamment à susciter l'envie de se jeter partout en hurlant grâce à leur musique aussi hystérique que primitive.

Si Napalm Death se casse à la retraite, c'est Rotten Sound qui sera le porteur du flambeau putride, et deviendra le chef de file d'un mouvement qui a été, et qui sera toujours le vilain petit canard poisseux de la grande famille du metal extreme. Rotten Sound n'est pas près de faire des compromis, bien au contraire, et c'est mieux comme ça.


Trrha'l
Juin 2018




"Abuse To Suffer"
Note : 17/20

Enfonce bien tes boules Quiès et direction la Finlande pour une nouvelle bombe nucléaire signée Rotten Sound. Il était d'ailleurs temps, parce qu'après leur EP "Species At War", je me demandais s'ils étaient encore capables de me secouer la cage thoracique avec leur son dégueulasse. Je ne peux répondre que par l'affirmative, tant ce "Abuse To Suffer" me roule dessus comme un gros Panzer dans les rues de Berlin en 1945.

Après plus de vingt ans de carrière, le grindcore que Rotten Sound envoie se veut toujours proche de celui de Napalm Death ou Nasum, avec toutefois une légère tendance à proposer parfois "autre chose", comme des passages plus lents ("Yellow Pain"), plus rock'n'roll ("Brainwashed") ou tout simplement des morceaux plus longs (4min46sec pour "Extortion And Blackmail"). Il est donc important de souligner cette variété, rarement présente sur un album grindcore.

Pourtant, ne vous trompez pas, Rotten Sound signe avant tout un retour aux sources en mode salace. Ce tsunami de violence va vraiment vous secouer la peau du cul et vous éplucher les cils avec ses riffs 200% FDP, cette voix totalement arrachée ou encore cette batterie au son parfaitement écrasé. À l'image du sublime "Retaliation", le paysage sonore délivré ici ressemble vraiment à la bataille de Koursk, au sein de laquelle le petit soldat d'infanterie que vous êtes subira des rafles de blasts de tous les côtés.

Les seize pistes s'enchaînent à une vitesse folle, le tout sur une production parfaitement calibrée : ni trop propre, ni trop sale. Là encore, bien que ça puisse sembler secondaire, l'enregistrement trouve le parfait équilibre entre la crasse d'un grindcore classique, et la propreté moderne à laquelle on s'attend de nos jours. Le tout permet de mettre en avant un certain côté crust, punk dans l'âme, sans pour autant délivrer un son à peine audible et identifiable. C'est exactement comme ça qu'on aime Rotten Sound, gore mais pas trop, déchainés et prêts à nous cracher leur fureur à la gueule du début à la fin. J'ai sploutché.


Grouge
Juin 2016




"Cursed"
Note : 17/20

En Finlande, un grand pan de la musique locale est influencée par les mélodies et les paroles de la musique traditionnelle Carélienne, telle qu'elle est exprimée par le Kalevala. Rotten Sound ne fait pas partie de ce style, non, c'est du grindcore... J'aime le grindcore, mais j'aime le bon grindcore. 16 chansons pour 27 minutes et 38 secondes, un moyenne de moins de 2 minutes par chanson, déjà on est bon. Si je devais résumer, je dirais que c'est rapide, très rapide à grand renfort de blast, mais pas que. En effet, le groupe arrive à envoyer des mid tempos très lourds et très groovy, même si ce n'est pas vraiment dans l'esprit grind, c'est en tout cas très bien fait ! Les riffs sont très lourds et techniques et quelques solos de derrière les fagots font plaisir, la batterie blaste bien et le chant est composé de hurlement gutturaux, pas très compréhensibles mais très agréables à mes douces oreilles. Le son est de très bonne qualité et la pochette est... comment dire, j'ai l'impression que la pochette n'est pas finie en fait ! C'est bizarre, comme s'il manquait un truc dans le fond ! Certains pourront dire que les titres se ressemblent, ce n'est pas totalement faux, mais ils sont bien écrits et la preuve, en l'écoutant je secoue la tête, et ça, ça ne tormpe pas ! Donc voilà, une chronique courte pour un album court, une chronique qui va droit au but pour un album qui lui non plus ne fait pas de chichi.


Danivempire
Février 2012


Conclusion
Le site officiel : www.rottensound.com