Aujourd’hui j’ai 16 ans et j’erre, le regard vide, dans les couloirs du lycée, chemise de bûcheron sur le dos, trous aux genoux, et walkman à fond dans les oreilles en maudissant la terre entière. Ah non, merde, ça c’était il y a 15 ans…
Pourtant, je m’y vois comme si c’était hier en écoutant "The Angel’s Share", le dernier Rosemary, aux accents 90’s version Seattle. Oscillant entre punk, rock et grunge, penchant d’ailleurs bien plus nettement du côté du grunge, le groupe Français nous propose un son comme on n’en entend plus beaucoup dans un revival de ce qui fût notre adolescence - pour les tenants de la génération No Future, tout du moins.
Efficace, le groupe nous emmène dans son monde à coups de riffs simples (grunge, hein !) mais accrocheurs que n’auraient pas renié les Cobain et autres Vedder. Mais ce n’est pas la technique que l’on recherche ici mais plus un état d’esprit à la fois rebelle, crade et désarmant et un sens de la mélodie indéniable.
Le premier titre, "Not Really Happy", nous plonge direct dans l’ambiance, avec ses accents assez typés et sa voix mi-rageuse mi-caressante, dont le genre n’est pas sans rappeler celui du susnommé blondinet aujourd’hui disparu. S’ensuit "My Favorite One", plus proche de Hole que de Nirvana dans la sonorité des guitares. "Before It Hurts" colle aux esgourdes un petit moment et donne une furieuse envie de pogoter comme au bon vieux temps. Mais malgré des airs de la famille Cobain, ces trois premiers titres dégagent leur propre identité, le "son Rosemary" en ressort.
Finalement, c’est le dernier morceau, "Half A Girl", qui m’aura le moins intéressée. Dès les premières notes, j’ai entonné machinalement "Polly wants a cracker" tant la ressemblance avec le morceau de Nirvana est frappante. Trop, en fait, car impossible de m’enlever ce dernier de la tête tout au long du titre qui peine un peu à se distinguer… il est pourtant loin d’être mauvais, a sa petite ambiance à laquelle la voix colle parfaitement, mais il est pour moi plombé par ce sentiment d’écouter une chanson entendue mille fois. Notez que cela n’engage que moi, j’ai pu passer à côté d’un truc car le titre est généralement plutôt apprécié.
Dans l’ensemble, je dois dire, j’ai bien aimé. Un album grunge en 2009, ça a quelque chose de rafraîchissant, c’est musicalement au point, bien foutu. Si vous êtes nostalgiques de vos jeunes années ou encore si vous avez raté ce courant, jetez une oreille à ce sympathique OVNI !
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