Le groupe
Biographie :

Rorcal voit le jour à Genève (Suisse) en 2006. Après quatre efforts entre 2007 et 2008 et plus de 100 concerts à travers l’Europe, 2010 est marqué par un cinquième pavé : "Heliogabalus". Acclamé par le public et les critiques, celui-ci marque le tournant radical dans la musique du groupe. Véritable monolithe, ce morceau fleuve de plus de 70 minutes, noir et obsessionnellement lourd, voit Rorcal s’enfoncer encore plus profondément dans les abysses sonores. Après avoir tourné aux quatre coins de l’Europe et participé à divers projets collaboratifs, Rorcal sort un troisième album, "Vilagvege". Trois ans après ce monstre de metal, voici enfin "Creon". Le groupe revient en 2019 avec "Muladona".

Discographie :

2007 : "The Way We Are, The Way We Were, The Way We Will We..." (EP)
2008 : "Ascension" (split CD avec Kehlvin)
2008 : "Myrrha, Mordvynn, Marayaa"
2009 : "Monochrome" (EP)
2010 : "Heliogabalus"
2011 : "Prelude To Heliogabalus"
2013 : "Vilagvege"
2016 : "Creon"
2019 : "Muladona"


Les chroniques


"Muladona"
Note : 18/20

Putain, c’est une galère, beaucoup trop de concentration simplement pour recopier les titres des albums en étant certain de ne pas faire de fautes. En plus c’est imprononçable. Heureusement j’ai vraiment envie d’écouter du gros black metal. Sinon j’y serais revenu plus tard, et vu l’évolution de Rorcal depuis 2014 où je les ai découverts avec "Vilagvege" que j’avais vraiment kiffé, je plonge direct. Cerise sur le gâteau, l’artwork mériterait d’être sous un cadre dans mon salon.

Quelle meilleure entrée en matière pour un album aussi violent qu’une longue attente. Deux minutes et vingt-et-une secondes pour être précis avant d’entendre pour la première fois les cordes saturées se superposer à ce monologue malaisant. Sur la piste suivante, enfin, les hostilités se révèlent saisissantes. Ce disque paraît complètement habité. Il y a une profondeur incroyable. Cette texture musicale sur ces mélodies ténébreuses rend dingue. Basé sur le livre du même nom de l’écrivain Eric Stener Carlson, qu’évidemment, personne n’a lu, on imagine, grâce a Rorcal, très bien le contenu. D’ailleurs, étant en adéquation avec l’esprit du disque, il ira jusque’à prêter sa voix, qui agit comme un compagnon plutôt inquiétant tout au long de l’opus. En plein milieu, la piste la plus courte, mais sans aucun doute la plus incroyable, ainsi va l’album qui ne s’essouffle à aucun moment.

Pour des non-initiés aux musiques extrêmes, c’est sûrement comme ça qu’ils imaginent l’ambiance musicale des enfers. Après tant d’années d’expérience, Rorcal signe un nouvel exercice de style avec "Muladona". Enregistré live en seulement trois jours, le groupe nous démontre la maîtrise totale de son art. Un disque qui va ravir les amateurs, mais qui peut aussi être une porte d’entrée vers le black metal.


Kévin
Septembre 2022




"Creon"
Note : 16,5/20

Non les gars, porter une barbe ne signifie pas forcément être un hipster. Un hipster ça n’écoute pas Rorcal, ou alors j’ai mal compris le concept ! Je fais évidemment référence à l’artwork de ce nouvel opus "Creon". Sous ce demi-visage se cache un monstre (non, pas le mec, putain ! L’album).

Prenez un mur de son, des accords plus graves que l’affaire Dutroux (c’est de mauvais goût, je sais), un univers plus sombre que vos paupières closes et vous n’êtes pas loin de ce que présente Rorcal. Quatre titres (incompréhensibles) pour cinquante minutes de musique, on est bien loin des standards mais au vu des compositions, il était difficile de faire autrement. Insérer "Creon" dans une platine CD n’a rien d’anodin. Si vous avez le baromètre du moral au maximum, attendez-vous à le voir chuter rapidement, et si vous êtes déjà mal en point… advienne que pourra. Une chose est certaine, Rorcal va vous écraser de tout son poids. Les morceaux sont bien ficelés, aucune longueur n’est à déplorer malgré leur durée, et le son agit sur le corps comme un rouleau compresseur. Quand on connaît l’histoire de Creon dans la mythologie grecque, on comprend mieux la teneur du propos des Suisses. Tyran sans compromis, le groupe nous livre une musique bien à son image, violente, cruelle et sans concession.

Quand on en arrive à frôler l’heure de torture morale et que le cocktail explosif de sludge, de black metal et de post-hardcore arrête de péter dans tous les sens, on se sent finalement bien. Vidé. Encore une fois, nos voisins transalpins nous offre une galette complète (je vais me faire virer pour celle-là), cohérente de bout en bout et dotée de ce qu’il y a de plus séduisant dans le malsain. Reste cet artwork un peu trop lisse parallèlement à la musique, où alors c’est le gars que les mecs de Rorcal voulaient défoncer en écrivant cet opus. Enterrez le vivant, ça lui plaira à Creon !


Kévin
Avril 2016




"Vilagvege"
Note : 18/20

C’est trouble, extrêmement trouble, l’artwork d’une part, mais aussi la musique. Avec "Vilagvege", Rorcal nous impose très précisément 43 minutes d’apnée. 43 minutes de descente, noyés dans l’eau glaciale d’une grotte souterraine.

Lourde comme un dirigeable farcit au plomb ou déchaînée, enragée, comme un cerf criblé de plombs (oui je sais, ça fait deux fois plombs), la musique de Rorcal nous malmène. On se demande si on ne va pas perdre le fil d’Ariane et décrocher de ce chemin vers les abysses. Finalement "V" (puis la fin de "VI" un peu plus loin dans l’album), vient sublimer l’ambiance qui s’est installée. On est en plein dans la fin du monde, puis, avec une légèreté déconcertante, le groupe transforme cette fin du monde en instant de nostalgie, les yeux sur un tableau dont nous serions les derniers personnages. L’apocalypse ressurgit de nulle part, effrayante, et les mélodies échauffent les tympans, comme une flamme nous lècherait la peau. Clairement, Rorcal utilise des structures cauchemardesques, comme des flashs, des changements d’environnements brutaux. Ca met la pression puis ça étouffe puis ça met la pression, et ça continue, comme ça, comme un cercle vicieux. Rajoutons à cela de longs tunnels pour atteindre le résultat escompté avec un écart type de format allant de trois à plus de huit minutes pour certains morceaux. Et pour contenir tout ça, un enregistrement bien senti, juste assez propre et puissant naturellement, que demander de plus ?

A bannir le matin au réveil (quoi que…), le monument mégalithique qu’est "Vilagvege" s’encaisse parfaitement le soir, dans l’obscurité, les yeux vides dirigés vers le plafond. Vous savez cette fameuse ménagère de moins de cinquante qui s’est acheté un CD avec des oiseaux qui chantent au-dessus d’une rivière qui coule. Elle fait ça pour soi-disant créer une ambiance… Eh bien Rorcal c’est pareil, c’est une ambiance, un univers, où les squelettes des oiseaux gisent au fond du lit, celui de la rivière asséchée…


Kévin
Avril 2014




"Myrrha, Mordvynn, Marayaa"
Note : 15,5/20

Un premier morceau qui prend forme d'introduction nous laisse sombrer dans le premier album de Rorcal, longuement nommé : "Myrra, Mordvinn, Marayaa", avant goût d'un CD qui dans son entier sera une lente agonie sonore (Ca pourrait être mal interprété ça, mais vous verrez que ce n'est pas le cas). En tout cas, amateurs de doom, ce cd de Rorcal contient tout ce que l'auditeur peut attendre d'un album de ce genre : des guitares lentes et saturées, un chant grave, sombre et souffreteux, une batterie discrète, soulignant le peu de nuances dans les chansons, bref, bienvenue dans le côté sombre et somnifère du metal ! 9 chansons peuplent cet album, habité par des morceaux doom n'étant allégés que par 3 petits morceaux / interludes. En effet, le reste de l'album contient des chansons d'une durée de 12 minutes environ, à écouter dans un bain chaud en pensant à sa mère et à l'extinction des loutres. Bref, je m'eparpille. Mon coup de coeur restera sur "Norys", magnifique morceau ponctué de légères transitions aux guitares sombres et aux lentes partitions mélancoliques, le tout enrobé de noir, même si le morceau se fait, comme pour certains autres, un peu long à la fin. Junior a une voix parfaite pour ce rôle, cependant pas forcément présente dans tous les morceaux, comme dans la courte "As Doubt Grew From her soul", entièrement instrumentale, sans batterie, avec parfois même des sonorités proches des machines. "Myrra, Mordvinn, Marayaa" est tout de même un album relativement linéaire, même si Rorcal nous surprend parfois dans des ambiances différentes, comme dans "Ether", où le grognement de Junior laisse place à une douce voix... Au final, je reste admirative devant les parfaites guitares jouées par JP et Diogo et cet album de doom, tout simplement, qui n'est pas renversant d'originalité comme vous l'aurez compris mais quand même prometteur, puisque aucuns défauts à part celui de ne pas nous suprendre, mais nous conforte tout de même dans une ambiance douce et brutale à la fois, comme on l'attendrait d'un album de ce genre.


Lenore
Septembre 2008


Conclusion
Le site officiel : www.rorcal.com