Le groupe
Biographie :

Riverside est un groupe de rock progressif de Varsovie en Pologne, fondé en 2001 par Mariusz Duda (chant / basse), Piotr Grudzinski (guitare) et Piotr Kozieradzki (batterie). Leur musique est considérée comme un mélange de Porcupine Tree, Pain Of Salvation, Anathema, Opeth, Oceansize, Pink Floyd, Marillion et Dream Theater. Le 21 Février 2016, le guitariste Piotr Grudzinski décède. Riverside compte sept albums studio à son actif : "Out Of Myself" sorti en Décembre 2003, "Second Life Syndrome" en Octobre 2005, "Rapid Eye Movement" en Septembre 2007, "Anno Domini High Definition" en Juin 2009, "Shrine Of New Generation Slaves" en Janvier 2013, "Love, Fear And The Time Machine" en Septembre 2015, et "Wasteland" en Septembre 2018.

Discographie :

2003 : "Out Of Myself"
2005 : "Second Life Syndrome"
2007 : "Rapid Eye Movement"
2009 : "Anno Domini High Definition"
2013 : "Shrine Of New Generation Slaves"
2015 : "Love, Fear And The Time Machine"
2018 : "Wasteland"


Les chroniques


"Wasteland"
Note : 16/20

L'avenir de Riverside était devenu incertain suite au décès de son guitariste, Piotr Grudzinski, mais le groupe est bel et bien de retour avec "Wasteland" ! Comme vous pouvez vous en douter, l'album risque d'être empreint de cette tragédie et la lutte pour redresser la tête n'a pas dû être facile.

"The Day After" ouvre l'album en guise d'intro et on sent que l'ambiance est bien plus noire que d'habitude et que cette épreuve a laissé des traces. "Acid Rain" suit avec des riffs plus techniques et agressifs que l'on n'avait plus entendu chez Riverside depuis un bon moment avec, là encore, une ambiance bien plus noire et menaçante que d'habitude. Les mélodies et les lignes de chant sont magnifiques et poignantes et la fin du morceau nous ramène presque chez Pink Floyd avec cette guitare tout en feeling qui vous hérisse les poils. Le groupe calme le jeu plus tard sur l'album et retrouve ce qui faisait la caractéristique des derniers albums, cette musique calme, douce, belle, aux frontières du rock et du metal progressif. Seules les ambiances persistent à être plus noires, une trace indéniable du processus de deuil, de la confusion et de la tristesse qui en découlent. "Wasteland" est marqué au fer rouge et Riverside nous livre un nouvel album encore plus personnel et intimiste que les précédents, une véritable introspection qui nous emmène parfois sur des terrains éprouvants. "Lament" porte très bien son nom et porte le poids de la détresse sur ses épaules, les riffs sont lourds, l'ambiance est tout aussi pesante et la voix de Mariusz Duda nous frappe une fois de plus en plein cœur. Les circonstances dans lesquelles "Wasteland" a été enregistré le rendent évidemment encore plus poignant que ses prédécesseurs, les émotions se font plus prégnantes et vous attrapent à la gorge.

Même quand le chant ne se fait pas entendre, le groupe réussit à faire passer le message, c'est le cas justement sur "The Struggle For Survival" qui est un instrumental de neuf minutes et qui laisse la place aux guitares de s'exprimer. L'occasion d'entendre un Riverside plus tortueux, dont les structures se laissent couler et dans lequel on sent presque une légère improvisation prendre sa place. Certains plans se font plus jazzy, le morceau est globalement plus progressif et plus technique que le reste de l'album et si un certain groove l'habite les mélodies et l'ambiance ne trompent pas. Ce nouvel album est un adieu à Piotr Grudzinski, ces cinquante minutes suintent le deuil par tous les pores et son écoute en devient presque difficile tant les émotions contenues sont puissantes par moments. Sur "River Down Below", la voix de Mariusz Duda en arrive parfois presque à se briser sous le poids de la tristesse. Oui, ce nouvel album est encore plus poignant que les précédents puisque construit sur un événement concret qui a frappé le groupe de plein fouet. Cette fois, ce ne sont pas les difficultés de la vie en général qui l'ont inspiré, relativement abstraites. C'est un sale coup bien réel qui est survenu cette fois-ci, faisant sans aucun doute de "Wasteland" l'album le plus cathartique de Riverside. "The Night Before", qui termine l'album, est d'ailleurs d'une beauté à tomber, simple, sans fioritures mais magnifique et poignant.

Un nouvel album plus dur et plus noir pour Riverside qui fait son deuil avec ce "Wasteland" plombé, même si évidemment la patte typique du groupe est toujours là. On est en tout cas contents de voir ce groupe talentueux continuer sa route en nous offrant un nouvel album à fleur de peau et d'une beauté touchante.


Murderworks
Janvier 2019




"Love, Fear And The Time Machine"
Note : 14/20

Deux ans après "Shrine Of A New Generation Slaves" qui marquait le retour du groupe à des sonorités plus posées, Riverside revient avec un nouvel album nommé "Love, Fear And The Time Machine".

On retrouve la patte Riverside dès l'entame de "Lost (Why Should I Be Frightened By A Hat ?)", même si on note l'arrivée de mélodies un poil plus positives que sur le précédent album. Rien de joyeux, rassurez-vous, le groupe a toujours cette mélancolie qui lui est propre mais le ton est d'entrée de jeu un peu moins plombé que sur "Shrine Of A New Generation Slaves". En tout cas, conceptuellement parlant, le groupe continue sur sa lancée, à savoir une peinture de notre société de plus en plus déshumanisée. "#Addicted" en est un bon exemple, en plus d'être musicalement magnifique, les paroles taclent les réseaux sociaux et leur impact sur certaines personnes qui accumulent les amis virtuels au détriment des véritables contacts humains. Riverside ne révolutionne certes pas sa musique sur ce nouvel album, mais le groupe livre une fois de plus une oeuvre inspirée de bout en bout, imprégnée d'une classe certaine et qui réussit à marier la variété et la richesse avec l'accroche. Le groupe, comme à son habitude, et malgré des structures assez tordues, ne part jamais en démonstration inutile, préférant miser sur l'émotion et la mélodie. A ce titre, le chant de Mariusz Duda fait encore une fois des merveilles, que ce soit les lignes de chant toujours percutantes et poignantes ou tout simplement sa voix. Et une fois de plus, l'heure que dure l'album passe comme une flèche, Riverside réussissant encore une fois à nous embarquer dans son monde sans aucune difficulté.

Ce nouvel album confirme bel et bien que "Anno Domini High Definition" était un petit écart passager vers quelque chose de plus metal, le groupe reprenant depuis "Shrine Of A New Generation slaves" son côté plus doux et plus éthéré. Et même si Riverside est aussi très doué pour faire une musique plus dure et agressive, il n'empêche que c'est dans cette veine très douce et mélancolique que le groupe excelle. Riverside a toujours eu un talent indéniable pour les mélodies et les lignes de chant qui frappent droit au cœur, et "Love, Fear And The Time Machine" en est rempli. Ce nouvel album est une invitation à l'introspection, un voyage pas toujours très joyeux mais toujours intéressant et nécessaire. En cette période où le metal a tendance à partir dans la surenchère, voilà un groupe qui préfère en rester à l'essentiel, même si du coup les plus bourrins vont une fois de plus rester sur le pas de la porte. Mais ce n'est de toute façon pas à eux que s'adresse Riverside, les amateurs de musique raffinée et mature se régalent de leurs albums depuis plusieurs années. Et que ceux qui ne connaissent pas encore leur musique et voient l'étiquette prog apposée dessus ne se méprennent pas, ici on est plus proche de Steven Wilson ou des derniers Anathema que de Symphony X ou Dream Theater. La technique est bien là mais elle se fait discrète et ne se manifeste que quand cela est nécessaire, le reste étant attribué à la mélodie. Et quand le groupe part en acoustique, ça donne un morceau comme "Time travellers" et c'est à tomber.

Nouvel album de Riverside qui continue sur la lancée du précédent, à savoir un retour à une musique bien plus douce et mélancolique. Et une fois de plus c'est une réussite totale, peut-être même plus que pour "Shrine Of A New Generation Slaves" !


Murderworks
Novembre 2015




"Shrine Of New Generation Slaves"
Note : 16/20

Si vous vous intéressez au prog vous avez forcément entendu parler de Riverside au moins une fois, le groupe polonais étant devenu une référence dans le genre depuis quelques années maintenant. Et ils ne sont pas vraiment du genre à faire les choses comme les autres, la preuve étant que leurs trois premiers albums constituent une trilogie et que musicalement la patte du groupe était déjà bien affirmée dès les débuts. Riverside, fidèle à lui-même, avait encore surpris tout le monde avec son quatrième opus, "Anno Domini High Definition", qui voyait le groupe partir sur une base plus metal et plus rentre-dedans là où les trois premiers albums étaient plutôt posés et orientés rock / prog. Il était donc légitime de se demander à quelle sauce on allait être mangés cette fois, d'autant que 4 ans séparent "Shrine Of New Generation Slaves" de son prédécesseur.

Finalement il n'y aura pas d'énormes surprises pour cette fois, Riverside a en quelque sorte effectué un retour aux sources avec un album très posé, un album où l'acoustique reprend beaucoup de place au détriment des débordements metal de "Anno Domini High Definition". Ceux qui ont découvert le groupe avec cet album ou qui l'ont préféré par son côté plus nerveux vont être déçus à l'écoute du petit nouveau, Riverside n'a pas souhaité continué dans cette voie. Les autres seront aux anges puisqu'on retrouve la classe habituelle du groupe, son talent d'écriture lui permet de nous fournir une fois de plus des mélodies magnifiques. On notera d'ailleurs la présence d'un pavé de plus de 12 minutes pour clore l'album dans lequel Riverside nous rappelle les vieux classiques du prog, une sorte de tour d'horizon de leurs influences mélangées à leur patte pour un morceau gorgé d'émotions qui balotte l'auditeur dans tous les sens. Et tant qu'à parler d'influences, on peut se surprendre d'entendre clairement celle de Porcupine Tree sur "We Got Used To Us", chose inhabituelle chez Riverside qui arrive d'habitude à les intégrer dans une mixture personnelle. Rien de bien grave puisque le morceau en question est superbe de bout en bout, on ne va quand même pas se plaindre d'avoir de la bonne musique dans les oreilles !

On retrouve aussi cette sorte de mélancolie propre au groupe, d'autant plus que le concept s'y prête bien une fois de plus. "Shrine Of New Generation Slaves", dont l'acronyme donne "SONGS", aborde la déprime liée à la société actuelle, le fait que beaucoup de gens détestent leur boulot qui prend tout leur temps et leur énergie, qui se sentent esclaves de leur travail et du système en général et qui, par conséquent, ne se sentent plus heureux. Plus globalement, le fait que les gens ne contrôlent plus leur vie, donc rien de très joyeux comme on peut le voir. Le retour vers une musique plus calme et moins metal prend du coup tout son sens, Riverside nous a de toute façon toujours habitués à livrer une musique en osmose avec le concept qui y est lié. D'ailleurs la pochette à elle seule donne une idée du contenu, pochette réalisée par l'indécdrottable Travis Smith.

Bref, voilà un album qui risque de décevoir les métalleux qui avaient enfin réussi à apprécier un album de Riverside avec "Anno Domini High Definition", et qui devrait parfaitement convenir aux véritables amateurs du groupe. Riverside a toujours autant de talent et sa musique est toujours aussi classe et belle, "Shrine Of New Generation Slaves" est par conséquent un très bon album de plus à son palmarès !


Murderworks
Mai 2013


Conclusion
Le site officiel : www.riversideband.pl