Le groupe
Biographie :

Reverence est né en 1998 et a sorti quelques démos et splits entre 2001 et 2004, "Decorporation", avec Blut Aus Nord (2003) étant probablement le plus connu. En Septembre 2005, soit 7 ans après la naissance du groupe, Reverence a enregistré son premier album intitulé "Industrial Mental Concept", sorti sur le label Français Dead Sun Records. Au début 2007, alors que le groupe prenait part à un autre split, toujours avec leurs amis Français de Blut Aus Nord et par l’intermédiaire du label anglais PanikTerrorMusik, Reverence signa avec Anvantgarde Music. "Chamber Of Divine Elaboratione" est leur deuxième album, sorti en Septembre 2007 faisant de Reverence un des groupes les plus originaux de la scène underground actuelle. Début 2009, le groupe a signé avec Osmose Productions pour son nouvel opus "Inactive Theocracy". Cet album a été enregistré au fameux Drudenhaus Studio par Neb Xort d’Anorexia Nervosa. En 2010, Candlelight Records signa un accord avec Reverence pour son prochain opus. Le groupe tira partie de cette nouvelle voie pour explorer une autre dimension de son univers. Après la trilogie ("Industrial Mental Concept""Chamber Of Divine Elaboration", "Inactive Theocracy"), Reverence poussa ses limites plus loin encore dans la violence et l’introspection. Durant l’année 2011, "The Asthenic Ascension", le quatrième album fut enregistré.

Discographie :

2001 : "Winds Of North" (Démo)
2002 : "Wenn Die Nacht Kommt" (Démo)
2003 : "Decorporation" (split CD avec Blut Aus Nord)
2004 : "Anti-Life Terror" (split CD avec Wolok et Sof)
2005 : "Industrial Mental Concept"
2007 : "Dissociated Human Junction" (split CD avec Bloodoline, Blut Aus Nord et Karras)
2007 : "Chamber Of Divine Elaboration"
2009 : "Inactive Theocracy"
2012 : "The Asthenic Ascension"


Les chroniques


"The Asthenic Ascension"
Note : 18/20

On les avait quittés chez les légendaires Osmose Productions, les voici désormais chez les non moins fameux Candlelight Records… Changement de label donc mais pas des plus incohérents en vue du style pratiqué par le trio Français. Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter ces deux maisons de disques ou alors dans ce cas je pense qu’il est sérieusement grand temps pour vous d’écouter autre chose que du black metal ! Autant être honnête dés le départ, faire une critique de cet album peut sembler au premier abord un exercice assez périlleux, Petebull, notre cher webmaster m’en sera témoin mais il me faut toujours pas mal de temps (euphémisme) pour m’imprégner d’un album et me voici exactement aujourd’hui, avec entre les mains, ce que paradoxalement j’apprécie et je redoute le plus… Une œuvre si complexe et riche qu’elle nécessite de nombreuses écoutes pour révéler toutes les subtilités qui la caractérisent…

Que pourrais-je vous dire ? Que pourrais-je vous dire pour vous convaincre que cet album de Reverence est un parfait exemple de ce que peut être la scène black metal Française au sommet de son art… Vous savez cette espèce d’exception culturelle que même les pays Scandinaves nous envient… Si je cite Blut Aus Nord, Deathspell Omega, sans doute ces exemples seront plus probants qu’une formule toute faite ? Toujours est-il qu’avec ce quatrième album, le trio Ligérien s’inscrit dans cette fière lignée ! Passé une intro majestueuse qui pose les bases d’une véritable atmosphère presque grandiloquente qui habitera cette galette pendant toute sa durée, quand bien même ce n’est pas à de la musique sacrée mais bien à du black metal qu’on a affaire, quoique dans le cas présent, ça ne me paraît parfois pas si éloigné que ça…

Dès la piste 2 "Darwin’s Black Hall", la mystérieuse formation Française mue en caméléon et nous impose sa capacité à se transformer en redoutable machine de guerre ou rouleau compresseur (rayez la mention inutile), j’en veux pour preuve ces riffs qui agressent et cette batterie qui tabasse, ne laissant que peu de répit à l’auditeur ! On remarquera également vers la fin du morceau un rythmique davantage typée "indus" qui n’est pas sans évoquer les œuvres précédentes du groupe, quand bien même je trouverais cette couleur musicale moins présente dans ce nouvel album, en dépit de la présence assez fréquente de riffs saccadés propre à ce style. J’inscrirais plutôt maintenant le groupe dans la scène black metal avant-gardiste, tant les morceaux sont très variés rythmiquement et les breaks nombreux, nous offrant au passage une alternance de parties furieuses et d’autres plus mid-tempo, mais surtout de superbes riffs dissonants en terme de signature musicale… Ajoutez à cela un chant assez guttural contrebalancé ponctuellement par l’apparition de chœurs en voix claire.

On enchaînera ensuite avec le titre "The Descent" dont on soulignera la qualité de la guitare mélodique qui nous gratifiera notamment d’un superbe solo faisant flirter le morceau avec le progressif. Attention toutefois, comprenez bien que c’est technique, complexe, mais heureusement jamais chiant ! On peut même dire qu’on a affaire à une démonstration d’écriture, une belle leçon de maîtrise instrumentale qui fera de ce titre mon préféré. "Psalm IV", la bien nommée, qui n’aurait pas dépareillée chez les suicidaires Suédois de Shining s’achèvera sur un riff bien répétitif et hypnotique, doublé des longs et douloureux pleurs d’une femme, qui ne trouvera finalement son salut que dans une ultime triple détonation… A la fois terrifiant et parfaitement adapté à l’ambiance dramatique de ce CD. Jamais à un paradoxe prés, le groupe nous gratifiera avec "Genesis Of Everything" en piste 7 d’une pièce instrumentale classique, absolument pas déconnante et ne faisant que renforcer au passage le côté "sacré" de l’album. Je tiens toutefois à signaler que cette œuvre s’adresse aux plus ouverts d’esprit des black métalleux de par son caractère peu conventionnel, j’entends par là qu’elle peut surprendre au même titre qu’elle peut fasciner, une œuvre exigeante, qui se mérite pour en apprécier toutes les subtilités.

J’ai pour ma part trouvé que la fin de l’album s’orientait davantage dans cette voie presque progressive que j’ai mentionnée précédemment, impression notamment accentuée par la dualité voix gutturale / voix claire mais aussi par la présence de riffs très typés heavy dans le son et l’écriture… Mais là où le groupe excelle, c’est dans l’art de réveiller à renfort de parties méchamment agressives le malheureux auditeur qui se serait laisser aller à un semblant de quiétude… Effet garanti ! C’est bien à du black metal qu’on a affaire, si certains avaient commis l’erreur d’en douter ! Je ne pousserai pas plus loin l’analyse titre par titre tant je considère que cet album se doit d’être apprécié dans sa globalité, comme un tout. Retenez juste que du début à la fin cette œuvre est cohérente et en impose sérieusement par sa constante qualité. Cerise sur le gâteau, la production a été confiée une fois de plus au désormais mythique Drudenhaus Studio et il en ressort un son d’une clarté et d’une puissance à toute épreuve, ce qui fait qu’à aucun moment les orchestrations ne sonnent "cheap".

Pour employer une formule communément admise, il n’y a pas à "tortiller du cul" : Reverence se veut l’exemple même d’une formation intelligente qui nous sert une œuvre complexe, riche par sa variété sans toutefois ne jamais mettre de côté l’efficacité de sa musique. Très rapidement un constat s’impose, ce nouvel album flirte simplement avec l’excellence et assoie le groupe au panthéon de l’élite Française, juste à côté de Blut Aus Nord et Deathspell Omega, ni plus ni moins ! Avec son "The Asthenic Ascension" et sans mauvais jeu de mots, Reverence emmène l’auditeur privilégié côtoyer des sommets… bref un coup de maître, qu’on se le dise !


Ihsahn62
Juin 2012




"Inactive Theocracy"
Note : 15/20

Reverence est un nom que je vois de plus en plus circuler au sein de l’underground et j’étais donc très curieux à l’idée de découvrir ce nouvel opus "Inactive Theocracy". Soutenu par Osmose Production et tout droit sorti du fameux Drudenhaus Studio, c’est bien évidemment les oreilles en éveil que je me suis lancé dans l’écoute de ce CD. Ce qui s’en dégage en premier lieu est une froideur extrême au niveau du son comme des atmosphères. Xort a réussi à obtenir un son de qualité, bien équilibré tant d’un point de vue de la puissance que du mix, mais il a surtout réussi à donner une âme particulièrement glaciale aux morceaux de Reverence. Aucune chaleur humaine ne se dégage de cet album et nous sommes plus en présence d’une vision quasi industrielle de machines d’aciers, véritables engins de mort. Car outre l’aspect mécanique, c’est bien d’une froideur mortelle qu’il s’agit.

Ce sentiment est renforcé par les accords très dissonants utilisés par I.L, le guitariste du groupe. Cela renforce le côté malsain de la musique de Reverence. Heureusement, pour ne pas agresser l’auditeur, le groupe sait aussi être efficace avec l’alternance de saccades, de blast-beat qui donne parfois une dimension presque death comme sur le morceau "he Axis Of Horrors" où apparaît au chant Dk Deviant d’Arkhon Infaustus. Mais Reverence sait aussi varier les plaisirs en introduisant parfois une touche presque progressive et ce nouvel opus est aussi riche de passages atmosphériques et planants… L’utilisation du clavier est ici parfaite, mais il ne faut pas s’attendre à ce que celui-ci réchauffe l’atmosphère, bien au contraire. Dur de se rendre compte par écrit de la musique de Reverence me direz-vous ? C’est tout à fait juste, et encore, je n’ai pas parlé du chant car c’est véritablement lui qui apporte son originalité au groupe… Il était en effet difficile à imaginer un véritable chant clair sur une musique aussi sombre. Bien que parfois hurlé et torturé, seuls les invités du groupe, Dk Deviant cité précédemment et Hreidmarr (Anorexia Nervosa) sur le morceau "When The Ligths Blossom" apportent vocalement une touche extrême à l’album de Reverence. Mais dans l’ensemble, les parties vocales, et au final la musique du groupe arrive à tendre vers des groupes tels que Vulture Industries ou même, ce qui est très bon signe, Arcturus période " La Masquarade Infernale".

Bref, ambiance parfaitement distillée, musicalité certaine, style trop rare au sein de la scène Française, on se demande quoi reprocher à Reverence… Peut-être de ne parfois pas assez se dégager de ses influences, mais c’est là un reproche bien infime compte tenu de la qualité de ces dernières et de la maîtrise dont fait preuve le groupe. Et puis, il est bien difficile ces derniers temps de créer une musique 100% originale, et c’est là le musicien plus que le chroniqueur qui vous parle. Non, en fait, le seul élément que je regrette et qui n’engage que mes goûts personnels, c’est le format des morceaux qui font d’"Inactive Theocracy" un album assez long, où s’installe parfois un sentiment de lassitude qui rend l’album assez difficile à intégrer lors des premières écoutes. Mais il ne faut pas pour autant se laisser rebuter par cela, d’autant encore une fois que çà n’engage que moi… Reverence vient de nous sortir un album de qualité qui redort avec brio le blason du metal extrême Français dans un style qui est loin d’être évident. Il faut donc saluer cette performance qui fera des angevins un challenger non négligeable sur le plan international !!!


Carcharoth
Janvier 2010


Conclusion
Le site officiel : www.reverence-imc.fr