Le groupe
Biographie :

Revenge est un groupe de black / death metal canadien formé en 2000 et actuellement composé de : Vermin (guitare, basse, chant / ex-Axis Of Advance, ex-Blood Revolt, ex-Sacramentary Abolishment, ex-Weapon) et J. Read (batterie, chant / Death Worship, ex-Axis Of Advance, ex-Blood Revolt, ex-Conqueror, ex-Cremation, ex-Kerasphorus). Revenge sort premier album, "Triumph.Genocide.Antichrist", en Janvier 2003 chez Osmose Productions, suivi de "Victory.Intolerance.Mastery" en Septembre 2004, de "Infiltration.Downfall.Death" en Février 2008, de "Scum.Collapse.Eradication" en Février 2012 chez Nuclear War Now! Productions, de "Behold.Total.Rejection" en Septembre 2015 chez Season Of Mist / Underground Activists, et de "Strike.Smother.Dehumanize" en Mai 2020.

Discographie :

2001 : "Attack.Blood.Revenge" (EP)
2002 : "Superion.Command.Destroy" (EP)
2003 : "Triumph.Genocide.Antichrist"
2004 : "Victory.Intolerance.Mastery"
2008 : "Infiltration.Downfall.Death"
2012 : "Scum.Collapse.Eradication"
2012 : "Retaliation.Doom.Eradication" (EP)
2015 : "Behold.Total.Rejection"
2018 : "Deceiver.Diseased.Miasmic" (EP)
2020 : "Strike.Smother.Dehumanize"


La chronique


Revenge, le projet de war black metal du Canadien James Read, ex-batteur de Conqueror, revient avec un sixièmee album qui n’est clairement pas là pour faire dans la dentelle mais bien pour détruire sur son passage dans un torrent de nihilisme de haine et de brutalité. Fidèle à lui-même, l’album ne présente aucune fioriture et nous noie pendant un peu plus de 35 minutes sous une avalanche de blasts, de riffs abrasifs et d’un chant qui semble à peine humain, criant la futilité de l’existence et prônant un nihilisme total, ne nous laissant pas une seule seconde de répit tout au long de l’album, littéralement de la première seconde à la dernière, la machine de guerre canadienne est de retour, plus violente que jamais.

L’album, assez inaccessible pour les néophytes, est cependant un véritable plaisir, tout comme les précédents il s’en dégage une véritable ambiance cathartique largement supportée par le chant, une haine viscérale qui prend aux tripes et fait ressortir toutes les pulsions malsaines, il est définitivement impossible de garder un calme olympien et ce dès le début de "Reaper Abyss (Real Rain)", on est face à une telle violence. On ne trouve dans cet album absolument aucun élément mélodique, même les solos de guitare, qui pourraient apporter un peu de légèreté dans ce torrent de riffs totalement déconstruits, viennent en fait ajouter une couche en induisant une dose supplémentaire de cette musique complètement chaotique, on retrouve de nombreuses fois cette structure de solos très rapides, ce qui est d’ailleurs un procédé récurrent dans tous les albums de Revenge, cependant on remarque que cette fois ces derniers sont un peu plus en retrait que sur les albums précédents, comme eux aussi pris dans le torrent instrumental ambiant. Le gros changement par rapport à tous les autres albums précédents, ainsi que les EPs, est la batterie, ici beaucoup plus mise en avant que d’habitude, elle en devient le moteur essentiel de l’atmosphère brutale qui se dégage de tous les morceaux, relayant la guitare presque à l’arrière-plan, noyée sous une avalanche de blasts. On notera d’ailleurs des parties dans lesquelles elle est prépondérante, et où la guitare est uniquement rythmique dans le but de supporter un pattern des plus écrasants, comme au beau milieu de "Oath Violator" qui me semble réellement être un des moments les plus violents de l’album.

Le chant aussi semble également un peu changé, on retrouve un chant hurlé un tout petit peu plus écorché que dans les précédents albums, laissant la place à quelques aigus, ce qui renforce à mon sens le torrent de haine qui est déchargé à chaque seconde par ce même rythme ultra saccadé de paroles toujours aussi plaisant même après six albums. On remarquera également la présence beaucoup plus marquée de grognements gutturaux qui semblent pourtant très clairs face au reste des instruments dont la production est volontairement très chaotique afin de renforcer l’aspect sale et malsain qui se dégage. Ces derniers sont particulièrement mis au premier plan dans le titre "Death Hand (Strike Dehumanisation)" dont ils font office d’intro et d’outro, simplement appuyés par un solo de guitare. On distingue d’ailleurs une certaine singularité dans ce morceau qui présente une structure très symétrique. Si les morceaux se ressemblent tous plus ou moins et donneront l’impression d’être exactement les mêmes tout au long de l’album à une oreille peu aguerrie ou peu attentive, cela est loin d’être un défaut car cela renforce l’impression monolithique écrasante qui se dégage de l’album, et on remarque cependant plusieurs singularités au fil des titres qui nous montrent que le groupe a encore des flèches dans son carquois pour un concept qui semble pourtant être bien épuisé depuis un bon bout de temps, et qui commençait à vraiment tourner en rond, comme en témoignait le dernier EP. Ainsi, on trouvera quelques pépites qui se distinguent de la masse comme le morceau mentionné ci-dessus, ou encore "Self Segregation (System Torched )" qui nous propose en plein milieu un unique riff, en tremolo tout à fait abrasif, qui n’est ni accompagné par la batterie ou la basse, seulement relevé par un peu de chant. Quand reviennent alors la batterie et la basse, on tombe sur un rythme saccadé absolument oppressant.

"Une sixième fois le même album !", c’est ce que diront les détracteurs de Revenge, et ils auront à la fois tout à fait raison et complètement tort, le groupe canadien nous insuffle ici une nouvelle leçon de violence et de haine en apportant pourtant un peu de fraîcheur à leur concept qui semble difficilement renouvelable, pourtant ces nouveautés viennent apporter une dimension de violence et de chaos supplémentaire qui donne une nouvelle essence très unique à cet album, démontrant ainsi que James Read et son projet sont loin d’être hors course et restent difficilement égalables dans leur domaine.


Praseodymium
Mai 2020


Conclusion
Note : 19/20

Le site officiel : www.facebook.com/revengeofficialsompage