"The Hour Of The Avenger"
Note : 18/20
Rien n’arrête Revel In Flesh. Créé en 2011, le groupe sort son premier album l’année
suivante. Aujourd’hui, c’est "The Hour Of The Avenger", le cinquième album de la formation,
qui sort. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Gotzberg (basse, ex-Deathvastation),
Herrmannsgard (guitare, ex-Deathvastation), Maggesson (guitare / batterie, Apophis,
Dawn Of Dreams, Rotten Pope), Haubersson (guitare / basse / chant, Heads For The Dead,
ex- Immortal Rites) et Henriksson (batterie, XES, Todtgeweiht, ex-DarkSoul) n’y sont pas
allés de main morte…
"The Hour Of The Avenger", le titre éponyme, est le premier à entrer en piste. On retrouve ce son
criard caractéristique du death metal infusé de black metal que joue le groupe. Une
rythmique martiale et intransigeante, des harmoniques claquantes… un bonheur. Même
recette pour "My Trial", qui pioche parfois dans un jeu de batterie un peu plus thrash pour
diversifier cette entraînante composition aux hurlements perçants. La noirceur la plus pure
se développe tout au long de riffs de "Blood Oath", un titre plus lent que les autres, mais donc
le résultat est tout de même à la hauteur de la réputation du groupe. Une guitare lead
mélancolique et malsaine rejoint le tout, et le titre continue d’avancer. On retrouve un groove
malsain dans "The Nihilistic Nothingness", et le morceau semble plus accessible. Bien sûr, les
hurlements sont de la partie, mais la mélodicité également, ce qui en fait une composition
différente, mais toujours cohérente avec l’univers du groupe.
Une guitare lead hypnotique sur "Sky Burial" surmonte une rythmique grasse et saturée qui se
trouve être plutôt entêtante, et le groupe prouve que malgré sa base death metal évidente,
les influences sont nombreuses. Retour un parpaing sonore avec "Deathblow", un titre
crasseux et massif, qui fera probablement remuer une fosse que ce soit en salle ou en
festival. Les riffs tournent tout seuls, et il en est de même pour "Pervertin Speed Kill". Ca
blaste furieusement, les riffs sont efficaces et le groupe compte également sur cette guitare
lead qui accélère puis ralentit, changeant sans cesse.
On reprend les tonalités sombres et inquiétantes avec "The Wayfarer", un morceau qui sonne
très old school. La guitare lancinante donne un côté pesant au morceau, qui est contrasté
par cette violence dans les hurlements. "Skull Sacrifice" revient dans le domaine du
black / death, tout comme l’inquiétante "The Nightbreed". Les deux titres sont assez similaires
de par leur ambiance oppressante, mais également dans leurs riffs efficaces et
transperçants. Dernier morceau, "Rock Out" est une reprise de Mötörhead avec cette basse
caractéristique, mais également cette énergie que le trio incarnait. La touche de death metal
sombre du groupe est parfaite pour terminer l’album.
Très productif, Revel In Flesh frappe à nouveau un grand coup avec "The Hour Of The Avenger". Des compositions puissantes, une énergie évidente, de la noirceur à revendre…
Le groupe a trouvé son univers, et il lui va comme un gant.
"Emissary Of All Plagues"
Note : 16/20
Comme l'affirme Jean-Pierre Coffe : c'est avec les meilleurs ingrédients qu'on cuisine les meilleurs plats. Voici donc une illustration musicale de ce légendaire dicton avec Revel In Flesh. Les ingrédients de ce délicieux groupe de death sont : Gotzberg à la basse (ancien membre de Deathvastation et Demonised), Vogtsson à la batterie (ex-Graven, Chaosreign, Nocti Vagus, Nordwind et Totenreich), Herrmannsgard à la guitare (ex-Deathvastation et Hacksore), Maggesson comme seconde guitare (ancien membre d'Apophis, Rotten Pope et Dawn Of Dreams) et enfin au chant Haubersson (ancien membre d'Immortal Rites). La jolie recette ne s'arrête pas là puisque l'album a été masterisé par Dan Swanö (Altar, Bloodbath, Edge of Sanity, Nasum, Opeth et bien d'autres projets encore). Assaisonnez le tout et vous obtenez une onctueuse préparation bien brutale de death à l'ancienne made in Germany, issue du label Cyclone Empire.
Alors qu'en général, à l'air du "tout numérique", beaucoup d'artistes consacrent peu de temps au dessin d'une belle pochette et que, par conséquent, il ne faut pas s'y fier pour juger de l'album en lui-même, c'est ici tout le contraire. En effet, la pochette de l'album en dit long sur son contenu : le style rappelle les vieux albums de death des années 90 (horreur-gore façon Cannibal Corpse), dans des couleurs modernes (bien que ses membres soient expérimentés, Revel In Flesh s'est formé en 2011), le tout de manière très soignée, comme les trois quarts d'heure de pur death que l'on découvre à l'intérieur. Autrement dit, ici, pas d'arnaque, le Big Mac est comme dans la pub.
Comme vous le constatez, la cuisine, c'est un peu comme la musique. Un autre point commun, c'est qu'il suffit parfois de faire simple pour bien faire. Ici, avant d'avoir un groupe de death, je crois surtout qu'on a des fans de la première heure, des gars qui ont connu le death à ses débuts, qui en sont très certainement nostalgiques et qui veulent faire la même chose, en 2014. Souvenez-vous des années 90, des vieux Cannibal Corpse, Deicide, Morbid Angel ou encore Entombed, c'est cet esprit que l'on retrouve sur cet album, en plus moderne, plus travaillé, plus propre, mais sans "basculer" vers du deathcore, technical ou brutal death. Comme pour un bon plat, les ingrédients sont très bien pesés : des passages bien plus lents que du death moderne (comme la très sombre "As Souls Descend"), des lyrics qui nous restent en tête durant des jours ("In the name of the flesh"), une grosse voix parfois accompagnée de cris plus aigus derrière et qui laissent ensuite place à un solo assez technique ("Black Path Impurity"), avec enfin une finition sur une reprise ("Necropolis" de Manilla Road, vieux groupe de heavy américain).
Rien de bien original me direz-vous. En effet, Revel In Flesh ne révolutionne rien, je dirais même qu'on a comme la sensation d'avoir déjà entendu ça. Mais loin d'être négative, cette réflexion reflète plutôt un compliment, une sorte de retour aux sources, comme une compilation de ce qui se faisait de mieux il y a 20 ans, mais retravaillée en 2014. Au final, on ne peut que saluer cette prestation et souhaiter à ce jeune groupe composé de vieux routiers de continuer sur sa lancée. Je terminerai comme je l'ai commencé, non pas sur une parenthèse parce que j'en ai déjà mis beaucoup, mais sur une citation culinaire, dédiée à Gordon Ramsay : "Cette chèvre est tellement mal cuite que Revel In Flesh pourrait la sacrifier". Amen.
|