Retour dans le passé : Samedi 5 Mai 2007, Vital Remains passe à Toulouse, génial, faut aller voir ça. Tous ceux qui ont assisté à ce concert espéraient voir secrètement monsieur Deicide, Glen Benton, au chant, mais moi j’y allais pour Dave Suzuki, le surdoué qui enregistre les guitares solo et les drums chez Vital Remains. Autant vous dire, qu’en tant que guitariste, j’étais bien heureux de le voir derrière une 6 cordes ! En première partie jouait un groupe suédois, Godphobia. Bien loin de l’esthétique proposée par les ricains satanistes, ceux-là jouaient un death / grind poisseux, basique mais bien prenant, j’ai le souvenir de ce chanteur en jean informe et tee shirt blanc étiré, qui avait une véritable attitude de zombie sur scène, les yeux révulsés et la posture dégingandée, il vendait plutôt bien le truc. Du coup, j’ai acheté l’album et vous le croirez ou pas, il n’y en a qu’un de référencé sur Discogs, c’est le mien ! C’est même moi qui l’ai ajouté à la base de données du site, et il n’y a qu’une seule personne qui désire se le procurer, je possède donc une rareté dont personne ne veut. Pourquoi je parle de tout ça ? Eh bien parce que Repuked, c’est Godphobia ! Hormis le batteur, les trois autres gugusses jouaient ensemble dans cette formation fantôme, et ce chanteur zombismatique "Rob The Slob" est au poste de bassiste dans la formation actuelle. Repuked est donc né des cendres de Godphobia en 2008 avec la démo "Excremental Funeral" comme extrait de naissance, et 2020 est l’année de sortie de "Dawn Of The Reintoxication", troisième full length.

Alors c’est quoi qu’on a au programme messieurs-dames ? Un bon vieux death / grind basique et pataud bien sûr ! Crade et old school, avec une grosse louchée putride d’Autopsy. La basse est ultra lourde et saturée, les guitares produisent des riffs basiques mâtinés de solos anarchiques et plaintifs, le chant est profond tout en modulant ses intonations dans les aigus pour créer ce duo de timbres assez entendu dans le grind, bref, amis de la dentelle et des couverts en porcelaine, planquez le service de table de mémé ! A part l’intro de "Dawn Of The Reintoxication" qui fait revivre les vieux films de série Z l’espace d’un court instant, grâce à des sons de claviers qui inspirent cette époque bénie que sont les années 80, et que l’on appelle aujourd’hui "retro wave", tout le reste de l’album n’est que tripous et chair en décomposition. On a droit à de belles outros immondes qui sont vite arrosées par les postillons du chant glaireux du titre suivant. L’ensemble trace, cavale et entreprend des virages parfois surprenants mais jamais déroutants, mais ces pseudo accalmies ne colmatent pas les plaies pour autant, le furoncle menace constamment d’exploser, et de répandre son pus pestilentiel. Les titres ont tous cette portée poétique si chère à Repuked : "Vodka Til The Grave", "Shitfister", "Fucking Your Fucking Corpse", du bonbon… De ce fait, on comprend aisément que ce que cherche à faire Repuked, c’est juste à délirer comme des ados attardés et passer du bon temps en dégurgitant une bonne grosse charge de death / grind old school, sale et plein de bile. Justement, ce côté fun se ressent au travers des 12 titres, et si vous êtes fans d’Autopsy, ces mecs défendent très bien cette influence dans leur musique, aidés d’un son assez dense, on frôle le pur grind à la Rotten Sound, par moments... Le mix ajoute aussi une dimension cryptique à l’ensemble et le tout est précis, notamment le drumming qui se démarque par sa précision et sa lourdeur, véritable bulldozer rouillé par le sang des nombreux cadavres écrabouillés sous ses chenilles, tandis que les instruments à cordes s’opposent à cette rigueur par une exécution foutraque mais délicieusement captivante et des solos brouillons bonnards à la Cannibal Corpse de l’ère Barnes.

On y est je vous dis, on le tient l’album dégueu' qui vous donne envie de vous mater Cannibal Holocaust ou des vieux Georges A. Romero. Repuked ne se la joue pas en mode "ouais les zombies c’est cool, on va faire un metal dégueu' parce qu’on veut passer pour des gosses débiles aux yeux de la société", non, eux ils ne le font pas exprès, ils sont attardés et c’est tant mieux. C’est tellement bien fait le délire, qu’il n’y a que des personnes qui ne réfléchissent pas qui parviennent à de tels résultats. Vive la spontanéité et l’insouciance, et si vous en manquez, il y en a une bonne dose dans "Dawn Of The Reintoxication".