Redemptor fête ses vingt ans avec "Agonia", son quatrième album. Créé en 2001 en Pologne, le groupe composé de Daniel Kesler (guitare, Only Sons), Michał "Xaay" Loranc (chant, Nepenthe, Wingless) et Hubert Więcek (guitare, Banisher, ex-Decapitated) recrute Kamil Stadnicki (basse, Deivos, Ulcer, Only Sons) et Daniel Rutkowski (batterie, Hate, Neolith) avant d’annoncer son nouvel album pour 2021.

Aidés par les orchestrations de Dominik Wawak (Sinphonicon, Black Rose’s Thorn, Vane), le groupe entame les hostilités avec "Tectonic Plates", un titre inquiétant puis très lourd. L’atmosphère pesante se pare souvent de distorsion, mais elle laisse parfois place à un son clair, éthéré et aérien, tandis que "Portion Of The Sky" est nourri par la plus malsaine des distorsions. Le morceau nous enveloppe de sonorités sombres et agressives, tout en laissant au chant une place importante, puis "Tar" se montre plus directe en proposant des riffs bruts et parfois techniques. Le son s’apaise par moments tout en restant pesant, puis il laisse "Further From Ordreal" conjuguer noirceur et éléments orchestraux majestueux. Le morceau peut sembler calme, mais la quiétude est en permanence teintée d’éléments plus violents, comme ce blast fou ou ces hurlements massifs, puis c’est la lancinante et mélancolique "Excursus Ignis" qui prend la suite avec cette introduction douce mais inquiétante. La rage n’est jamais loin, et elle ne tardera pas à embraser la rythmique avec une fureur évidente qui redescendra à peine lors du solo, alors qu’"Aurora" nous offre une véritable cassure avec la violence.

L’interlude mélodieuse finira par s’éteindre avant que "Debris" ne prenne la suite avec ses patterns accrocheurs et aériens. La saturation finira par créer une intensité au contraste fort entre les tonalités lentes et les éléments bruts, et c’est avec l’alto de Monika Boroni (ex-Setareth) que le morceau prend fin, juste avant que "Wounds Unhealed" ne vienne nous écraser avec un son inquiétant et surpuissant. Très direct et agressif, le morceau développe le côté le plus sombre de la musique du groupe, tout en proposant des parties plus techniques ou d’autres assez aériennes, tout en conservant la puissance brute. Le son se coupera une première fois pour laisser la partie finale nous surprendre avant que "Les Ruines De Pompei" ne donne vie à des orchestrations majestueuses et parfois effrayantes, renforcées par le chant et des éléments saturés. Quelques leads dissonants se glissent à nouveau dans ce dernier morceau, extrêmement contrasté entre son ambiance et sa puissance.

Les expérimentations sont légion chez Redemptor. Avec "Agonia", le groupe veut nous faire comprendre qu’il peut frapper avec la lourdeur pachydermique d’une montagne, la force surpuissante d’un titan et l’atmosphère pesante d’un charnier.