Mon pessimisme naturel me pousse à commencer par ce qu'il y a de plus mauvais dans cet album : trop de pop ! Les morceaux "Child Of The Sun", "Scandinavian Girls" et "Pretty Boy Swagger" sont plus de la pop inspirée du rock que du rock inspiré de la pop. "Child Of The Sun" sonne tellement commercial qu'on pourrait le retrouver à la télé entre deux morceaux de Maître Gims. Il est par contre amusant de voir comment le groupe s'essaye au rap dans "Rock It". Reckless Love est encore bien loin du niveau d'Eminem ou Tech N9ne dans ce domaine mais ils arrivent à obtenir un flow tout à fait acceptable.

Le rap et la pop n'étant pas ce qui nous intéresse, allons à l'essentiel, allons au rock. L'album démarre avec un juste milieu : "We Are The Weekend", un morceau très pop-punk, rythmé et accrocheur. Ce n'est pas pour rien s'il a eu droit à son clip, il représente l'essence-même du groupe, c'est à dire un mélange homogène de pop et de rock avec des soli plutôt maîtrisés pour un groupe de ce genre si on les compare à Simple Plan ou Sum 41 par exemple.

Le plus surprenant avec la voix d'Olli sur un morceau comme "Hands", c'est qu'elle peut rappeler celle d'Alice Cooper. Cela se ressent encore plus sur "Monster" que le groupe décrit lui-même comme étant "une ode à la représentation moderne du genre féminin dans toute sa gloire et son côté sanguinaire, et qui fait écho à des légendes telles que Alice Cooper et Mötley Crüe, mais qui contient également des parties distinctes influencées par des géants de la pop des années 90 comme Backstreet Boys ou Britney Spears". Les paroles semblent plutôt décrire une bimbo qu'une réelle "représentation moderne du genre féminin" mais c'est aussi là que les influences d'Alice Cooper se font ressentir avec cette manière de lier le thème de la femme (de l'amour et du sexe par conséquent) avec celui de l'horreur (dans "Killed By Love" et "Poison" d'A.C par exemple). Dans "Monster", le champs lexical des deux thèmes sont très présents : "pretty monster", "plastic boobs", "evil", "demon", "beautiful", "Frankenstein", "cutie", "sexy", "scars"...

Le gros avantage de l'album "InVader" est qu'il donne envie d'être heureux. C'est con mais il donne le sourire avec son dynamisme et ses thèmes toujours lumineux et joyeux. C'est un peu utopique mais ça ne fait pas de mal. Lancé comme ça, le groupe ne peut que perdurer.

L’été s’achève doucement en ce mois de Septembre. Mon pays natal retrouve ses pluies diluviennes, et la lumière et la chaleur que j’apprécie tant me manquent déjà. Par chance, Août 2013 a vu arriver dans les bacs "Spirit", le troisième album des Finlandais de Reckless Love. A priori, voilà une excellente raison de retrouver le sourire ! Avec son "nouveau" groupe –qui existe tout de même depuis maintenant douze ans–, le chanteur Olli Herman se plaît à incorporer des influences pop à tout-va. "Spirit" n’est effectivement pas différent, ni plus agressif que ses prédécesseurs (si excepte le court et très "Steel Panther" "Metal Ass" -ça vous étonne ?). Un tort ? Oh mon Dieu, non ! Cet album est un véritable apport de couleurs lumineuses, grâce à, tout d’abord, le timbre vocal sucré d’Olli Herman, reconnaissable et toujours aussi délectable. Je n’ai aucunement l’intention de négliger le travail admirable de Pepe, le guitariste responsable de ces lignes catchy et soli entraînants, ni encore celui de Jalle Verne et Hessu Maxx, respectivement bassiste et batteur, sans qui l’aspect définitivement ‘groovy’ ne serait pas aussi efficace. Ceci dit, toutes mes excuses, mais Olli Herman est Olli Herman, c’est-à-dire un artiste excessivement charismatique, talentueux et convaincant. Même si, nous le savons, personne n’est irremplaçable, sa présence au sein de Reckless Love participe pleinement à sa réussite. Sans prétendre au titre d’album de l’année, "Spirit" remplit aisément sa mission : faire passer à ses auditeurs des instants enjoués en leur (re)donnant le sourire, malgré un ciel de plus en plus grisâtre. "Night On Fire", "Sex, Drugs & Reckless Love", l’excellent "I Love Heavy Metal", l’exaltant "So Happy I Could Die", ou encore la ballade finale "Hot Rain", autant de raisons de saluer ce nouvel opus comme il se doit. Si certains groupes peinent à faire perdurer l’intérêt sur leur cas, ce n’est pas la situation de Reckless Love. Et nous ne pouvons qu’apprécier ce constat !