L'Italie ne se résume pas qu'à Sadist et pour beaucoup aujourd'hui qu'à Fleshgod Apocalypse, il y a quelques groupes qui vivotent comme rEarth. On ne sait pas grand chose d'eux sauf qu'en attendant ils ont sorti cette année ce premier album. Un album qui de prime abord ne donne pas l'impression de casser trois pattes à un canard cul de jatte mais qui finalement s'avère être soixante douze minutes riches en émotions. Un album de treize titres où se retrouvent mêlés un style progressif avec du metal guidés par les sentiments, qui part dans plusieurs directions avec des démonstrations tant vocales que techniques guitaristiquement.

C'est relativement dur et difficile de décrire la musique de rEarth tellement on se retrouve face à des bribes de mondes musicaux en un seul CD. Du rock, du metal de la prog, de la folk aussi, voici réellement ce dont à quoi on doit s'attendre parce que rEarth semble avoir de la bouteille, du moins ses musiciens et les gars ont du naviguer longtemps sur les eaux tumultueuses de ce genre musical. En tous les cas, "For My Dreams I Fall" reflète bien ce qu'à eu envie d'écrire rEarth. Un concentré de tous leurs rêves, tous leurs horizons en un album ce qui nous donne aujourd'hui ces titres disparates dans leur couche superficielle mais en fait vraiment unis dans le noyau central. La variation des durées n'y est pas non plus pour rien, puisque rEarth nous promène tranquillement dans des courses de deux voire trois minutes, pour ensuite nous perdre dans des labyrinthes techniques mais toujours mélodiques avec ce point heavy metal comme on l'a ressenti sur "Senz'alba" chanson de douze minutes avec des passages acoustiques succulents. Pourtant, le début de l'album ne laissait pas présager autant de musicalité, avec "Pain For Loss"  qui avec ses paroles tantôt en anglais tantôt en italien nous avait quelque peu effrayé, bien que les riffs thrash avaient des relents de Forbidden ou Nevermore.

Mais petit à petit le doute s'envole, le plaisir s'installe en même temps que la découverte et la surprise et on s'aperçoit que rEarth a du talent à revendre en composant des morceaux structurés comme des histoires, construits comme des aventures palpitantes avec des ralentissements des thèmes complémentaires mais hyper paradoxaux lorsqu'ils sont pris à chaud. Entre musique espagnole traditionnelle ou envolées lyriques dignes des Blackmore's Night, rEarth n'a rien laissé perdre. Et cette guitare classique espagnole, ils l'adorent parce qu'on la retrouve relativement souvent sur les morceaux, même si elle est accompagnée d'un chant death et d'un chant clair sur une base heavy prog comme avec "My Eyes Far Fom The Sea". Tout ceci n'étant qu'anecdotique, le titre durant lui-même neuf minutes. On voyage, vraiment jusqu'au bout du monde avec rEarth, jusqu'au confins de la folk rock qui nous emporte au beau milieu d'un Mike Oldfield / Pendragon qui aurait eu envie de passer par l'Espagne en rapportant dans son sillage et dans ses filets toute la musicalité de la scène metal. Des émotions, du réel plaisir que nous procure cet album grâce à des morceaux tels que "Madre Del Fato", "Breath The End" très Claptonienne.

La deuxième partie de l'album qui n'est autre qu'un seul morceau divisé en cinq thèmes est une véritable ode à la musique. Tiraillée entre passages vraiment agressifs, complexes et segments plus aériens et totalement techniques, cette chanson propose un impressionnant travail de composition avec des morceaux de huit minutes comme "Theme 2 To My Faded Innocence". Appréhension était la première émotion, surprise fut la deuxième considération et subjugation sera la sensation définitive, avec beaucoup de respect.