Le groupe
Biographie :

Radium Valley a vu le jour en Janvier 2012 sous la forme d’un duo formé par Romain Janvier et Vadim Behagnon. Leur aventure metal darkwave se rôde en concerts et débouche sur la sortie d’une démo en 2013 intitulée "[Mutagenesis 0.1] ". Mais Vadim doit abandonner le navire pour des raisons professionnelles. Romain décide de monter un nouveau projet, plus étoffé, avec deux guitaristes, un chanteur, un batteur, et un performer vidéaste. Côté musique, le groupe qui peut parfois se retrouver à 7 sur scène, est toujours influencé par des groupes comme Rammstein, Dead Can Dance, Type O Negative, Joy Division ou Ministry.

Discographie :

2013 : "[Mutagenesis 0.1] " (Démo)
2014 : "Tales From The Apocalypse"


La chronique


Radium Valley est un groupe metal industriel français, cocorico, formé en 2012 et qui sort ici son tout premier album. Album masterisé par Monsieur Madder Logan, s'il vous plaît. Au niveau de la production, le travail est donc parfait. "Tales From The Apocalypse" bénéficie clairement de sons et d'arrangements béton. C'est loin d'être toujours le cas pour un premier album. Chaque note, chaque instrument, chaque arrangement est mis en valeur pour rendre un produit artistique d'une netteté et d'une propreté incontestable.

Côté artwork, la pochette est travaillée avec la même rigueur et le rendu est épuré et esthétique. Bizarrement extrêmement lumineuse, blanche et lisse par rapport à la teneur de la musique et des textes. L'effet recherché est sûrement de moderniser l'imagerie sombre que l'on retrouve souvent dans la musique indus ou gothique. Toutefois ont été gardés les codes du genre tel que le masque à gaz qui est comme intégré naturellement au visage, yeux vides et sans âme, signes d'une mutation post-apocalyptique.

Radium Valley s'inscrit dans un univers assez sombre et dirons-nous "romantique" en son sens littéraire. Cela se traduit pas les différents instruments employés (le violon, l'orgue, les sons synthétiques délicats etc) qui viennent souligner la très belle voix de Luke Wayburn et amènent une grande tristesse et mélancolie. Si l'on voulait comparer Radium Valley à la littérature, on penserait tout de suite au "spleen". Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, si, parmi les deux intermèdes parlés de l'album, on retrouve le poème "La Charogne" de Baudelaire. Qualifier le style du groupe n'est néanmoins pas chose aisée. S'il est dit que leur genre musical est industriel, pour moi il berce aussi beaucoup dans le rock, le gothique et la darkwave (Europe) /coldwave (France). Pour avoir écouté la quasi-totalité de leurs albums, je peux affirmer aussi que certaines mélodies et arrangements électroniques me rappellent énormément l'univers classieux et sombre de Depeche Mode. D'ailleurs la ressemblance entre la voix de Luke et de Dave Gahan est troublante sur "Behind Me".

L'album démarre calmement sur le titre "Song Of Rain", plutôt rock et qui à mon sens n'est pas vraiment marquant. "Tales From The Apocalypse" commence vraiment avec "Sweet Infection" qui pose les premiers jalons de l'univers electro-gothique de Radium Valley où se mélangent toutes les influences dont je parlais avant : la darkwave avec les synthés, le gothique avec la tristesse des pianos, le rock dur avec des guitares lourdes, l'indus avec la froideur de l'électronique... La suite de l'album est dans la même veine. Une fois que l'on a compris l'univers de Radium Valley - il m'aura fallu de nombreuses écoutes je le confesse - on se laisse envahir par la noirceur poétique de leur musique. Parmi les 50 minutes de l'album, des compositions extrêmement léchées comme "Sweet Infection", "Darkest Hours", "Behind Me" (coup de cœur pour la voix sur ce titre) ou encore "Last Resort" (chantée façon "comptine" sur les couplets et qui lui confère son originalité et une douceur un peu morbide) se détachent clairement du reste. Cela se traduit pas les nombreux arrangements qui viennent souligner la belle voix de Luke Wayburn amenant une sorte de tristesse et de mélancolie. Belle progression des morceaux, mélodies délicates et pleines de grâce. Quant à "Radium Valley", l'instrumental, il dénote un peu parmi le reste. Celui-ci part dans un délire atmosphérique qui n'est pas désagréable mais pas forcément raccord avec la direction musicale de "Tales From The Apocalypse".

Par ailleurs, je n'ai pas été touchée par l'extrait parlé issu de "Terrains vagues" de Baudoin (il est vrai la BD n'est pas ma culture), ni par la poésie "La Charogne", ceci est une question de goût personnel, dans laquelle je ne retiens que la noirceur et la laideur des mots, sans arriver à en sortir la beauté que pourtant l'écrivain met en exergue. Je comprends cependant la démarche du groupe, car il faut convenir que ces textes ont été choisis avec soin pour souligner le thème de cet album. En conclusion, hormis les quelques réserves que j'émets en fin de papier, ce premier opus est très bien abouti. Le groupe a déjà trouvé un style qui lui est propre. Et ne boudons pas les groupes français qui de plus en plus osent intégrer des univers qui ne sont pas forcément liés au metal. Je le dis souvent, mais amener de la finesse et des influences diverses (rock, pop, traditionnel, tout ce qui vous plaira) dans le metal n'est pas une tare, au contraire, cela l'enrichit.


Miss Bungle
Septembre 2016


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.radiumvalley.bandcamp.com