"State Of Emergency"
Note : 17/20
Tommy Victor a dit récemment qu'il sortirait peut-être encore un album de Prong à l'avenir et qu'il s'arrêterait là, on va donc en profiter tant que le groupe est encore en activité et savourer ce douzième album "State Of Emergency" ( treize si on compte l'album de reprises "Songs From The Black Hole"). Comme d'habitude, on va avoir droit à un mélange de thrash, de punk, de groove et de petites touches indus, bref du Prong pur jus accrocheur et teigneux comme on l'aime !
D'ailleurs, pour continuer dans les influences, l'album contient une reprise du "Working Man" de Rush qui passe de sept minutes dans sa version d'origine à quatre minutes trente ici. Pourtant Prong en fait une version presque doom aux faux airs de Black Sabbath avec ce gros son de guitares accordées bien bas, une reprise sympa et intéressante qui voit le groupe se réapproprier un classique du prog. Mais revenons-en à nos moutons énervés avec "The Descent" qui ouvre l'album sans le moindre artifice ni la moindre introduction. Le groupe nous balance des riffs thrash sur un up-tempo bien couillu et annonce la couleur d'entrée de jeu, Prong n'a pas changé et ne s'est pas ramolli ! Comme le dit Tommy Victor lui-même, il est vraiment dommage et assez étonnant que le groupe ne soit pas plus connu après toutes ces années à sortir des albums de qualité et à bouffer de la route. Parce que s'il y a un groupe chez qui la passion est évidente, c'est bien Prong ! Vous pouvez accrocher ou non à ce qu'ils font mais il est impossible de les accuser de vouloir surfer sur une quelconque mode ou de faire semblant. Et puis quand on entend certains des trucs qui cartonnent en metal ces dernières années et qu'on voit qu'un groupe comme Prong passe à la trappe, on se pose de sérieuses questions sur les capacités auditives des gens. Parce qu'entre les groupes à chanteuse génériques et les groupes à festival pour public alcoolisé qui disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus, il y a quand même une paire de trucs qui, à une époque, n'auraient jamais été signés sur un label ! Prong, au contraire, a toujours balancé ce qu'il avait sur la patate et n'en a toujours fait qu'à sa tête, sans compter qu'il a toujours eu un don pour balancer un metal agressif, mélodique et groovy en diable.
Ce n'est pas le morceau-titre qui va me faire mentir avec ses riffs plus lourds, son tempo très groovy justement et son feeling hardcore teigneux. "Non Existence", quant à lui, a tout du tube accrocheur et puissant comme Prong sait si bien les faire depuis "Rude Awakening", en plus nerveux et le feeling indus en moins. "Light Turns Black", comme son nom l'indique, se fait plus lourd et plus sombre et amène une ambiance plus menaçante, tout en gardant la puissance habituelle avec ces riffs qui sentent autant le hardcore que le thrash. On ne va pas tourner autour du pot, "State Of Emergency" est du Prong à 100% et fait entendre la même efficacité redoutable que ses prédécesseurs. Tout est là, que ce soit les gros riffs, l'accroche mélodique, les passages fédérateurs issus du hardcore, la brutalité du thrash, une lourdeur presque doom par moments, une froideur indus que n'aurait pas renié Killing Joke (comme sur "Obeisance" par exemple), bref on en prend plein la gueule et on en redemande ! Certes vous ne trouverez pas de grosses surprises sur "State Of Emergency" mais ce n'est pas ce qu'on recherche en général chez Prong, le groupe a sa personnalité depuis bien longtemps et on sait à quoi on va avoir droit à chaque nouvel album. Si c'est un défaut chez certains, ce n'en est pas un chez Prong qui a des influences suffisamment variées pour que la formule fonctionne à chaque fois, en plus d'un savoir-faire évident quand il s'agit de faire taper du pied ou de balancer de gros riffs qui déboîtent la mâchoire. Comme toujours depuis "Carved In Stone" et "Ruining Lives", tout ça a été mis en son par Steve Evetts et ça sonne plutôt pas mal, là où Tommy Victor avait produit les deux précédents albums (qui sonnaient très bien aussi d'ailleurs). On a la puissance, la propreté du son, la clarté et un côté suffisamment organique pour sortir des erreurs de beaucoup de productions de ces dernières années qui sont dotées d'une puissance artificielle et stérile.
Comme d'habitude, Prong frappe fort avec "State Of Emergency" et nous envoie la dose de metal groovy, puissant et accrocheur que l'on était venu chercher. Pas de grosses surprises mais une efficacité imparable et un savoir-faire qui a fait ses preuves depuis bien longtemps. Comme le dit le patron lui-même, Prong est ignoré par une partie du public et des médias sans que l'on sache pourquoi, donc si vous êtes toujours passés à côté du groupe jusqu'à maintenant, n'hésitez pas à rattraper votre retard. Vous avez onze albums plus un de reprises avant celui-ci et croyez-moi, il y a largement de quoi vous déboîter les vertèbres, alors faites-moi le plaisir d'aller vous fourrer tout ça dans les esgourdes !
"Zero Days"
Note : 17/20
Tout juste un an après "X (No Absolutes)" et après avoir écumé (une nouvelle fois), l’Amérique, l’Europe et le reste du monde, Tommy Victor et les siens reviennent reprendre les armes avec "Zero Days". Cinquième album depuis un petit hiatus qui durera quand même de 2008 à 2012, "Zero Days" confirme que non Prong n’est pas fatigué, que non Prong n’en a pas fini de gueuler après ce monde chaotique et que non Prong ne fait pas du réchauffé. Et c’est on ne peut plus exact quand, à l’écoute, ce "Zero Days" semble se réinventer à chaque piste, passant du coq à l’âne d’un titre à l’autre et puisant dans des inspirations nouvelles pour chaque composition. En somme, harcelant directement les plates bandes de son prédécesseur, "Zero Days" sonne comme une bouffée d’air frais et pur qui promet à Prong de belles patates dans la tronche et de bonnes doses énergiques de ce mélange thrash, groove, hardcore etc propre au trio ricain.
C’est sur "However It May End" que ce nouvel album Prongien commence et ce titre, "However It May End" n’est finalement seulement là pour rappeler que peu importe comment cet album finira, il commence excellemment bien et il s’apprête à remuer bon nombre de caboches ou d’épauloches. S’en suit donc une ribambelle de titres plus efficaces et énergiques que leurs prédécesseurs ("Zero Days", "Off The Grid", "Divide And Conquer"). Pour la rapide description, Prong sort les riffs gras et lourds qui seront bien évidemment épaulés par les vocales de Tommy qui se plaît toujours autant à varier ses styles et ses techniques ("Forced Into Tolerance", "Interbeing"). L’instrumental, quant à lui, pue le groove à quelques kilomètres et fera assurément tomber le dentier de Mémé. Au fil des années, Prong n’a donc rien perdu de sa fougue intrépide et malgré l’âge qui commence à se montrer visuellement, Tommy et ses acolytes sont toujours déterminés à sautiller un peu partout sur les planches et à faire dandiner des foules et des pits ("Blood Out Of Stone", "Operation Of The Moral Law"). "Zero Days" est donc un album bien ficelé, bien foutu et de même bien fichu, son écoute et très agréable, d’autant plus que ce dernier a l’agréable habitude de changer (presque) du tout au tout d’une piste à l’autre. L’énergie est toujours là, les titres désormais incontournables également ("Self Righteous Indignation", "The Whispers"). Simplement, et sans surprise, "Zero Days" est un cri du cœur d’un Prong qui en veut encore, qui en mord encore et qui veut toujours faire la seule chose qu’il désire : faire de la musique encore et encore. Ce qui se traduit notamment par une multitude d’enchaînements d’albums sans jamais tomber dans l’inutile ou le déjà trop entendu sur la sortie précédente. "Zero Days" ne démentira pas ce postulat, il s’affiche comme la continuité de "X (No Absolutes)" mais sans lui ressembler point pour point. "Zero Days" respire du Prong, mais du Prong moderne, ce qui est relativement normal pour un album de Prong sorti en 2017 finalement...
"Zero Days" est donc le douzième album de Prong pour presque autant de réussites. "Zero Days"est donc le douzième album de Prong avec treize pistes pour environ quarante-sept minutes. Mais bien au-delà de ces simples détails techniques, avec des refrains qui font mouche, des riffs qui font coccinelle et des pistes qui font libellule, autant dire que ce "Zero Days" en a dans le vivarium voire dans le terrarium. Mais surtout ce "Zero Days" est un album réussi, un de plus, qui donnera assurément de quoi s’adonner encore au ping-Prong ou au bière-Prong pendant encore quelques années. D’ailleurs le but est relativement assez simple : lever le poing et gueuler "Prong !" en secouant la tête...
"X (No Absolutes)"
Note : 15/20
Il aura fallu sept ans après "Rude Awakening" pour que Prong revienne sur le devant de la scène, mais depuis on ne l'arrête plus ! Quatre albums plus un album de reprises depuis ce retour, et maintenant un cinquième album original sous le nom de "X (No Absolutes)" qui est aussi, comme son nom l'indique, le dixième album du groupe.
Si vous avez suivi ce retour en force depuis "Scorpio Rising", vous devez vous douter que vous ne risquez pas d'avoir de grosses surprises avec ce nouveau méfait, Prong suivant plus ou moins la même ligne de conduite depuis 2003. Certains esprits chagrins déplorent du coup le manque d'originalité du groupe par rapport à ses débuts pendant lesquels Prong expérimentait à chaque sortie, mais Tommy Victor a vieilli et il a sûrement envie de se faire plaisir tout simplement. On retrouve donc ce même mélange de metal groovy, d'influences hardcore et de grosses louches indus qui fleurent bon le Killing Joke. "Ultimate Authority" ouvre l'album de la plus claire des façons, on retrouve la patte Prong d'entrée de jeu et ce fameux groove fait parler la poudre dès les premières secondes. D'ailleurs, "Sense Of Ease" nous emmène en terrain connu lui aussi avec ses relents de punk mélangés à du hardcore typiquement new-yorkais et un gros zeste de thrash complété par un refrain accrocheur et fédérateur. Bref, si l'originalité n'est pas le fort de Prong ces dernières années, il faut dire que l'efficacité est bien au rendez-vous, les morceaux tapant tous plus ou moins dans les trois minutes. Comme sur les précédents albums du groupe, on retrouve des éléments de quasiment toute sa carrière, en plus ou moins grande quantité, disséminés au sein de chaque morceau. Pour ce qui est de la production, on ne sait jamais ce qu'on va trouver chez Prong ces dernières années, cette fois elle est claire, puissante et plutôt adaptée à ce genre de metal.
Au rayon des défauts, on pourrait pointer certains morceaux moins percutants, ou le côté un peu naïf et niais de la pseudo ballade "Do Nothing" qui, sans être mauvaise, fait tout de même un peu tâche dans le décor. Pour le reste, c'est du Prong efficace et groovy, les trois quarts d'heure que dure l'album passent sans problème et l'écoute est clairement plaisante. "Ice Runs Through My Veins" est un tube en puissance comme le groupe sait les faire, le genre de morceau imparable qui vous reste dans le crâne pendant dix plombes. C'est de toute façon l'orientation que suit l'album dans sa globalité, des morceaux compacts, directs, accrocheurs, mélodiques et puissants. Le genre de morceaux qui doivent passer comme une lettre à la poste sur scène d'ailleurs vu la patate que dégage ce "X (No Absolutes)". Bien sûr, les indécrottables puristes des débuts cracheront dessus une fois de plus en regrettant l'expérimentation des premiers albums, la nouveauté qu'ils présentaient à l'époque. Mais un groupe ne peut pas forcément innover toute sa carrière, sans compter que ceux qui persistent à le faire finissent quand même par se faire allumer parce qu'ils ne sont pas allés dans la direction que certains voulaient leur voir emprunter. Prong a choisi de se faire plaisir et de se contenter de livrer des albums efficaces et bien foutus, et tant que c'est bon, je ne vois absolument rien à y redire.
Un dixième album qui n'apportera rien de nouveau à la carrière de Prong certes, mais un album tout de même très efficace et propice au headbang. A vous de voir ce que vous recherchez, si l'originalité des débuts vous manque vous ne la retrouverez pas ici, si vous voulez simplement un bon album à vous mettre dans les esgourdes vous êtes à la bonne adresse.
"Ruining Lives"
Note : 17/20
Dans la famille "groupe de seconde zone qui gagnerait, depuis le temps, à faire des salles plus grandes", je voudrais le petit Prong, projet né à la fin des années 80 de l’initiative de Tommy Victor, guitariste et chanteur de ce trio de metal old school.
Neuvième album, et quatrième depuis la reprise de la formation en 2003, "Ruining Lives" s’inscrit dans la plus pure tradition du groupe, avec des riffs "bad ass" tirés du punk, et du hardcore, avec une orchestration générale tirant légèrement sur l’indus, le tout sur lit de structures par si évidentes que ça ("Turnover" le titre d’ouverture, est un excellent exemple de ce mix pourtant improbable avec un début clairement indus et un riff de refrain très hardcore, sans oublier les solos s’il-vous-plaît). Voilà ce qu’est Prog, une sorte d’Ovni fédérateur de plusieurs styles qui n’a pas attendu le nombre des années pour se mettre en danger musicalement, avec parfois, hélas, des loupés. Mais qu’importe ! L’album qui sort actuellement fait largement oublier certaines débâcles passées et redore le blason de la plus belle des manières. Pas de compromis dictés par le marché, ici on est sur quelque chose d’unique, le bébé, la vie et l’œuvre de Tommy Victor qui mène sa barque depuis tout ce temps comme il l’entend, et avec l’évolution musicale propre à chaque musicien de cette trempe, aussi ne serons-nous pas surpris par les très nerveux "The Barriers" et "Windows Shut" (pur mix entre le hardcore et l’indus pour ce dernier) qui dévoile les lignes de chant très travaillées du frontman qui lui-même se surprend à envoyer autant la sauce ! Pourtant composé et enregistré en un temps record, ce nouvel effort des Américains est à mi-chemin entre le spontané et le travaillé, avec toujours un côté riff musclé à l’ancienne ("The Book Of Change", de loin le titre le plus rapide et bourrin de cet opus, avec un refrain pourtant catchy au possible), et un second côté bien plus calculé ("Ruining Lives" justement, avec son énorme intro à la Machine Head, le tonitruant "Abscence Of Light" qui ravira les amoureux de Danko Jones par exemple).
A l’image du très metal "Self Will Run Riot" cette nouvelle galette est un pur composé de bonheur pour les headbangers old school dont je fais partie. Loin d’être le meilleur travail du combo, il n’en reste pas moins que pour un neuvième bébé et après 26 ans de bourlingue, ce CD saura trouver sa place de choix dans bien des CDthèques !!
"Carved Into Stone"
Note : 15/20
Aaaargghh, le retour de Prong, enfin… Après ses apartés dans Danzig ou Ministry, Tommy Victor nous revient avec "Carved Into Stone", et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a rien perdu des qualités des albums précédents. Culte pour certains, inconnu pour d’autres, Prong est un groupe trop mésestimé. Depuis sa naissance à la fin des années 80, les New-Yorkais n’ont eu de cesse d’innover et de se forger leur propre identité à grand renfort de riffs de tueurs. Influencé autant par le thrash, l’indus, le punk ou le hardcore, "Carved Into Stone" est un vrai plaisir à écouter. Ca groove, ça envoie le bouzin, c’est intelligent. On se surprend à taper du pied et à décapsuler une énième cannette tout en sifflotant le refrain du morceau qui tourne.
Car oui, Tommy, pour notre plus grande joie, a considérablement progressé dans son chant et va jusqu’à nous marteler de vrais refrains ("Revenge Served Cold"), signe d’une vraie évolution et remise en question.
Pour le reste, la recette reste la même mais se bonifie avec le temps. La batterie est toujours aussi carrée, la basse ronronne comme un petit chat sur les genoux de Mamie, la guitare est bien mise en avant et alterne gros murs stoner style, soli bien placés et riffs plus alambiqués flirtant avec le death mélodique.
En bref, un bien bon album à côté duquel il serait bien bête de passer. Et à voir en live, ces 11 nouveaux titres ayant tous le potentiel pour nous faire secouer le popotin.
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