Lorsqu’il est question de death metal mélodique avec une frontwoman en son sein, difficile de ne pas penser directement à Arch Enemy ou The Agonist. La beauté de la musique, et du metal en particulier, est que ces formations de renom ne peuvent pas seulement se fier à leur réputation pour justifier leurs albums. Le trône n’est pas acquis et il y a toujours de la place pour la relève. Ainsi entre en scène Principius, venant directement de Montréal, Québec, avec son deuxième album "Peace Through Affliction".

La Suède, la Finlande et la Norvège, en particulier, nous ont habitués à une multitude de formations de death de toute sorte, mais il ne faudrait surtout pas passer outre la contribution du Québec pour le metal, que ce soient les grands comme Voivod, Martyr ou bien même The Agonist justement, ou plus récemment les Wolven, Lady Athenae, Valfreya et j’en passe (cette liste est si courte, c’est pratiquement une honte à la scène metal montréalaise et canadienne), l’histoire du metal sur le nouveau continent est riche et passionnante. Principius s’inscrit donc dans la lignée de The Agonist certes, mais aussi d’Augury, The Quo Vadis et plus récemment de Fall Of Stasis.

L’album ne démarre pas sur les chapeaux de roues, mais affiche ses couleurs directement quant au chant. Axelle Doyon fait partie de ce groupe sélect de chanteuses hyper polyvalentes au registre clair et au growl riche. Certes, cela n’a rien de nouveau, mais pour ma part, je suis toujours impressionné par cette versatilité."Peace Through Affliction" débute donc dans une forme de black / doom aux accents mélodiques, proposant des arrangements orchestraux ayant comme résultat une ambiance plutôt lugubre. Dès le deuxième morceau, les influences de death technique se font entendre, et le niveau de jeu s’élève également, les riffs de guitare demeurant simples mais exposant une habile efficacité. C’est sur "Malady" que le groupe se laisse véritablement aller dans une pure intensité. La vitesse déjantée que l’on y retrouve ne cède pas pour autant à un chaos incontrôlable. C’est adroitement bien forgé avec en trame de fond une section rythmique, la batterie en tête de liste, incroyable et variée. On ne fait pas ici dans le blast beat à outrance, par seul désir de "frapper" fort.

La production, indépendante, est également à saluer. La sonorité de l’album dans son ensemble est puissante et efficace. Nous avons vraiment l’impression de faire face à un mix possédant des moyens infinis et je suis certain que les membres du groupe ont fait des miracles comme bien des formations de metal qui ne possèdent pas les moyens des grands groupes supposément "populaires". Je ne voudrais pas paraître chauvin, mais je demeure toujours bien fier de la scène metal québécoise et Principius peut fièrement s’afficher comme ambassadeur de celle-ci.

Principius sort aujourd’hui son premier album. Intitulé "Lingering In Despair", il est le fruit du travail d’ Axelle Doyon (chant), Hugues Berger-Pelletier (guitare), Julien Daunais (basse) et Marc-Étienne Lebeau (guitare) depuis leur Canada natal. Le groupe a fait appel à Frank Smith pour la batterie.

Avec ce premier album, le groupe a choisi de coupler des thématiques sombres avec un death metal mélodique doublé de quelques samples somptueux pour donner une dose de puissance à leurs rythmiques lourdes. Le titre introductif en dit long sur les ambitions de la formation, et les hurlements de la vocaliste se transforment parfois en une douce voix claire, offrant un contraste surprenant, mais qui sied tout de même aux riffs torturés de la formation. On retrouve cette dualité vocale sur l’intégralité de l’oeuvre du groupe, alliant la rage des cris perçants à la caresse bienfaisante du chant clair, alors que les musiciens se déchaînent toujours autant sur leurs instruments. On notera des tonalités à la fois pesantes et prenantes sur "Drowning", tandis que d’autres plus féroces se font entendre pour "No God No Fate", "Judgment Day" ou "Decaying Sun", mais ce sont bel et bien les mélodies qui sont à l’honneur sur "Towards Death We March" et "The Void". Ce dernier est d’ailleurs un morceau instrumental qui illustre parfaitement l’esprit du groupe avant un dernier assaut. Mêlant cette hargne, cette tristesse avec l’univers torturé du groupe, "Lingering In Despair" et ses accents symphoniques a tout pour devenir le meilleur morceau de la formation !

Pour un premier album, Principus a sorti le grand jeu. Si les compositions de "Lingering In Despair" traduisent parfaitement les bases musicales en ajoutant la touche personnelle intéressante des Canadiens, il y a fort à parier que le prochain opus développera encore plus cette folie créatrice ! Une formation à suivre de près.