Le groupe
Biographie :

Ils auraient pu s'appeler les Lady Di, mais ils préfèrent les princesses qui vont de l'espace plutôt que celles qui vont dans les poteaux... Plus qu'un show live musicale, c'est aussi une comédie, une histoire qui s'adresse évidemment aux amoureux du metal, mais aussi aux réfractaires des sons saturés. Les Princesses Leya, c'est un hymne à la tolérance, c'est Christine Boutin qui chante du Lady Gaga avec un serre-tête ACDC, une culotte Rammstein et des chaussettes arc-en-ciel. Dédo et Antoine Schoumsky ont réussi à monter un groupe de rock alors qu'ils ne partagent aucune affinité vestimentaire, musicale et capillaire.

Discographie :

2021 : "L'Histoire Sans Fond"
2023 : "Big Bang Therapy"


Les chroniques


"Big Bang Therapy"
Note : 02/20

Ouh là voilà un coup du sort ironique, il m’incombe de réaliser la chronique de Princesses Leya, bordel, que vais-je faire ??? Je vais être honnête, j’ai vu ça au Motoc’ en 2022, j’ai eu des frissons de gêne tellement ça m’a foutu mal à l’aise. Alors oui, on m’a expliqué après : "Mais c’est pas vraiment un concert, ce sont des sketchs avec de la musique et il y a Dedo du Jamel Comedy Club". Ok merci pour l’info mais très franchement, ça fait plus de 15 ans que je n’ai pas la télé et en plus, si je l’avais, je ne passerai pas mon temps devant le Jamel Comedy Club. Au-delà du fait qu’effectivement, l’aspect "tentative de faire rire" ne m’a absolument pas attiré, la filiation avec un groupe qui fait du comedy metal depuis bien plus longtemps n’a pas arrangé les choses. La différence avec eux et Ultra Vomit (vous vous doutiez) reste malgré tout flagrante : Ultra Vomit recherche et développe une approche singulière, Princesses Leya exploite les clichés et s’abreuve des tendances qui excitent les 25/45 ans. Honnêtement, c’est vraiment, mais alors, vraiment pas ma came du tout. Pour moi, ce genre de projet, parce que je suis désolé, ne me dites pas que c’est un groupe, c’est un projet, et même si les membres expriment au sujet de cet album le fait qu’ils ont voulu réaliser un disque qu’ils seraient fier d’écouter dans leur voiture (je me suis tapé des interviews et plein de vidéos, donc j’ai fait l’effort quand même, on peut pas me tacler là-dessus), je suis désolé, vous ne nous tromperez pas sur la marchandise, vous faites votre biz’ les gars. Préparez-vous à avoir la chronique la plus longue de toute l’histoire de French Metal parce qu’il est temps que je profite de cette opportunité pour vous donner mon avis, certainement partagé par d’autres métalleux, je l’espère en tous cas, afin de remettre les pendules à l’heure sur ce que représente ce genre d’entreprise musicale et très sensiblement artistique, et traiter de l’impact que ça a sur le metal ici en France.

C’est quoi le metal en 2023 ? Eh bien c’est un genre aux nombreuses branches et ramifications stylistiques, avec des formations très singulières qui destinent leur musique à un public très précis alors que d’autres proposent un son adapté à un public plus large. Né complètement en marge des codes sociétaux, le metal, ou du moins une partie du genre, s’adapte aujourd’hui aux nouvelles tendances pour façonner leur musique. La France a évolué d’une étrange manière. Si je devais faire rapidement un résumé de la situation dans le monde du divertissement francophone, on a un développement de la culture geek qui s’est affirmé au travers de différents éléments, avec en toile de fond, la culture animé. Ainsi, les nouveaux quarantenaires élevés au club Dorothée sont les ancêtres de la génération du donjon de Naheulbeuk, ces mêmes quarantenaires ont profité des années 2000 avec Wow, entretenant cet amour pour l’heroic fantasy. L’essor de la culture manga et l’arrivée des cosplay dans les années 2000, du joueur du grenier, des Japan Expos, tous ces éléments ont fait de la culture geek un phénomène aux représentations multiples et aux publics nombreux, un modèle divertissant et lucratif. Ultra Vomit l’a compris avec son titre "Takoyaki". Aujourd’hui, une partie de la culture metal est diluée à la culture geek, et ça c’est un peu pas très beau… Alors, oui, bien sûr, j’ai la sensation d’être la Daria Morgendorffer du metal, blasé et dépité, et combien de fois j’ai eu droit à un "Ouais t’es blasé Jerem" ou "T’es toujours dans tes trucs de vieux", la meilleure restant le "Faut évoluer", argument qui tient la route quand on va voir Kiss, AC/DC, Maiden, Megadeth ou Slayer en concert, c’est pour le côté nouveau et frais, hein ? Les têtes d’affiche du Hellfest, on y va parce que c’est top nouveauté aussi ? Franchement je suis désolé, mais l’omniprésence du lucratif dans le metal ça pue la merde, alors ajoutez cela à un phénomène de mode, et la c’est la dégringolade vers la fosse à lisier. Le Hellfest ne dira pas le contraire, le festoche c’est un apport lucratif par le biais du ludique, mais lucratif avant tout (aujourd’hui, parce que l’entreprise a commencé de manière plutôt vertueuse). Le Hellfest c’est ludique, les Japan Expos c’est ludique, Princesses Leya c’est ludique… ouais. Du coup, aujourd’hui, on peut considérer que le metal s’est fractionné, tel un wall of death, avec deux côtés bien distincts, d’un côté ceux qui kiffent les licornes, les émojis caca et l’humour de gauche parce qu’il faut s’amuser bordel, et de l’autre côté on a ceux qui aiment le metal pour le metal. C’est triste mais je vis le metal parmi une poignée de semblables insensibles à cette évolution dégueulasse de la scène que je tolère et accepte néanmoins, attention, je ne suis pas un fasciste du metal, mais quand je discute avec un métalleux  abreuvé de cette simili metal culture, j’acquiesce bêtement, sans défendre mon point de vue, et écoute d’une oreille distraite la conversation, en pensant secrètement à ces nouvelles sorties qui m’excitent le bout, le dernier Dying Fetus, le dernier Suffo’, le tout nouveau Cannibal, le Marduk, je me vois surveiller les distros de mes labels favoris, regarder les sorties fanzines, les concerts proches des groupes locaux et moins locaux, je m’impatiente de connaître la programmation du Pyrenean Warriors Open Air, ça me rend tellement heureux de ne pas être le mec en face qui se fait lobotosodomiser lui-même. En faisant cela, j’oublie que tout le reste existe, le barbie metal humour de maternelle pour hipster en manque de divertissement mais qui éprouve le besoin de se sentir en marge, et je respire mon metal à pleins poumons et je me nourris à grosse cuillérées dans les oreilles de cette substance, ou du moins ce qu’il en reste.

Voilà, maintenant vous savez ce que je pense, cet album, je vais l’écouter pour la chronique, Princesses Leya je vais m’y plonger dedans, le temps de pouvoir écrire dessus et après, bye bye, plus jamais s’il vous plaît. Je vais donc tenter de faire mon travail en toute objectivité, aujourd’hui, je me mets dans la peau d’un kikoolol pour vous parler de "Big Bang Therapy". Déjà, on va pas se mentir, le truc est bien branlé, ils prennent tous les clichés possibles, avec un gros son et ça marche, du très "beautiful people" "Big Bang", du rock'n'rollesque "Complotriste", le bossa nova "Jojoba" (mon dieu les paroles…), le reggae à la Damian Marley de "Sèvres-Babylone" qui vire en death metal / néo un poil technique qui tourne ska, "Spider-Cochon" et son son psychobilly cliché du vieux générique de Spider-Man, le plutôt industriel "Kangourou-Garou", le folk sombre de "Boulimie Cannibale", à l’ambiance superbe au demeurant, "Baise Tout Seul" qui balance du Sum 41 sans aucune honte, tout est hyper bien branlé, c’est l’artillerie lourde. Après, tout ça est passé entre les mains de Pierre Danel, guitariste virtuose et membre de Novelists et Kadinja, Les "princesses" (putain j’en peux plus c’est dur là, le nom féminin, est ce une manière de flatter la communauté transgenre ?), se sont bien entourées. Niveau thématiques, on prend des gros clichés bien exacerbés, le genre de petits tracas du quotidien, manière que l’auditeur s’identifie un peu beaucoup, genre la calvitie, la branlette, la guerre qui fait de la souffrance, la boulimie, l’extrême droite, le vivre-ensemble, les connards qui font chier avec l’orthographe, on glisse gentiment que le masculinisme c’est pas bien du tout, on prend tous ces sujets et on fait des paroles avec. Vous le sentez le niveau de réflexion, là ? Après, c’est bien foutu, c’est pas trop mal écrit, mais putain, ça va vraiment pas chercher bien loin, allez, dans l’album complet tu as trois ou quatre bonnes punchlines mais ça s’arrête là. Après pour celui qui kiffe ça, les textes consensuels détournés, il y a quand même des sketchs : "Un Nouvel Espoir Belle Hélène", "Meet The Slimpsons", "Au Commencement", "La Solution". En gros, du sous-Naheulbeuk, encore une fois extrêmement consensuel, qui peut arriver sans doute à faire rire des gens, sinon ça ne serait pas dans le disque. Pendant tous ces temps d’écoute, dès que j’essayais de me focus sur les paroles, je vous jure, j’éprouvais une véritable gêne, je pense même que je suis moins dérangé quand je mate les vidéos sur la chaîne Poche Muzik. Parce que vraiment, à la différence des gens que l’on voit sur Poche Muzik, là, tout ce que vous entendez a été mûrement réfléchi, dans une optique de remplissage de portefeuille, faut pas s’leurrer, ou d’ego trip peut-être. Après, si ce sont les mêmes fans qui financent la tournée anniversaire d’Hubert de Metalliquoi et qui sont susceptibles d’acheter "Big Bang Therapy", je comprends mieux que ce ne soit pas bien nécessaire de trop se casser le derche. Je suis désolé mais tout ça, ça pue l’opportunisme à plein nez, on sent que les mecs (et la nana, non je vous jure, pardon, je ne maîtrise pas l’écriture inclusive), essaient de faire du comedy metal en essayant de trouver une autre formule que celle d’Ultra Vomit, sauf que ça marche pas. C’est con mais Ultra Vomit, ça fait combien de temps qu’ils roulent leur bosse ? Ils ont commencé en même temps que les Gronib’ quasiment, ils ont sorti "Monsieur Patate", grosse claque deathgrind, ils sont crédibles parce qu’ils viennent vraiment du metal, je les ai vus dans des MJC. Bref, c’est pas la même culture, il en ont chié pour être là, alors que les Princesses…, c’est comme Etchebest au Hellfest, il a ouvert le festival, il s’y est retrouvé grâce au talent… Soit, j’en ai assez dit.

Conclusion, parce que oui, faut bien y arriver au bout d’un moment. Le "Big Bang Therapy" de Princesses Leya est un bon album, bien produit, bien écrit musicalement, les refrains sont de véritables hook, les textes, même si je ne peux pas, vont quand même parvenir à faire rire des gens, c’est sûr, mais je ne peux pas défendre ça. J’ai mis un 02/20 pour que ça face effet miroir, c’est mon humour à moi, et puis de toute façon, qu’est-ce qu’on en a à foutre de la note attribuée par un chroniqueur certainement blasé de French Metal, hein ? De toute manière, ils auront sans doute les faveurs de la Grosse Radio et des gros webzines, alors on peut bien se permettre de cracher un peu dessus, non ? Ah oui, et dernier détail, lorsqu’on reçoit des disques à chroniquer, généralement les labels envoient une fiche explicative, ça tient souvent sur une page avec un petit paragraphe, là, j’ai eu droit à une double page couleurs hyper détaillées, qui m’expliquent le concept de l’album au cas où je sois trop con pour comprendre en écoutant, ça m’explique que les titres représentent des univers parallèles où tout part en couilles etc. Genre vraiment, je recopiais tout le délire, ma chronique était faite. Il y avait même un descriptif détaillé de tous les morceaux, ah oui, et c’est la voix française de Jim Carrey dans les sketchs (je ne sais pas, j’ai l’impression que c’est un truc apparemment important à mentionner). L’album est fat, gros son, compos efficaces, mais c’est pas pour moi le metal Mc Donald’s Coca Cola, alors que je vis dans un milieu où on bouffe de la côte à l’os et on boit du bon pinard, non merci, la rusticité, c’est ce que je préfère, le plastique, c’est pas fantastique, je préfère le metal.


Trrha'l
Décembre 2023




"L'Histoire Sans Fond"
Note : 16/20

Tu aimes Ultra Vomit, Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter, Eric Cartman et Bernard Minet ? Oui, mais tu ne vois sans doute pas le lien entre toutes ces choses. Et pourtant, il en existe un... Il s'appelle Princesses Leya. C'est l'histoire sans fond de Schoumsky, Dedo, Cleo Bigontina et Xavier Gauduel. Une sorte de comédie musicale métallique prend alors forme, et ça sort chez Gambettes Productions. Question originalité et mélange des genres, vous ferez une overdose de rires avec ce groupe étrange. La nostalgie et l'humour seront au rendez-vous, ainsi que les gros riffs qui tâchent évidemment.

26 titres... Du grind ? Non, même pas ! Princesses Leya, ce sont des chansons ET des sketchs. Beaucoup de sketchs. Bon d'accord, un peu trop de sketchs à mon goût, il faut être franc. Mais PUTAIN, on se marre ! Ça part dans tous les sens, ça va du côté bon enfant de l'intro à l'aspect plus sale / dark / troll du reste. Difficile de résumer ces morceaux tellement ça part dans tous les sens, ça tacle, ça balance des références allant d'Offspring à Metallica. Bref, il fallait oser mettre une telle quantité de podcasts sur un album, et cette surprise ne vous laissera pas insensibles.

Mais bordel, le GROS intérêt de cet opus, c'est surtout la musique putain ! Ouais, cette musique qui va te mettre en joie, qui va faire siffler les onomatopées, qui va te rappeler Ultra Vomit (période récente), et encore Ultra Vomit (en plus varié quand même). Ça sonne rock, metal, c'est propre, ça ne bave pas, c'est accessible et ça fait envie. Prenons par exemple "Balls Balls Balls" : l'instru' d'un tube de Rammstein, mais surtout la reprise d'un célèbre hit des années 80. Pas mal hein ? On citera aussi "Ustensiles", qui rappellera de bons souvenirs aux fans de Bernard Minet (en version hardcore) ; "La Vieillesse", morceau acoustique à l'humour grinçant (vous reconnaîtrez l'imitation sans difficulté) ; "Destruction Vaginale" qui se passe de commentaire ; ou encore "Je Vous Emmerde Et Je Rentre A Ma Maison", qui séduira rapidement les fans de South Park.

Par conséquent, on tient ici ce qu'on pourrait appeler un gros morceau : une bonne quantité de sourires, de riffs metal, de paroles acerbes, pour un album qui sort des sentiers battus. Seul petit défaut à mon goût, peut-être un déséquilibre qui pèse sur la seconde moitié de l'album, où les sketchs prennent trop le pas sur les chansons... Rien de grave, alors enjaillez-vous !


Grouge
Mars 2021


Conclusion
Le site officiel : www.princessesleya.com