Le groupe
Biographie :

Positv Hate est présent sur la scène métal depuis 1997 d’abord sous le nom de Guernica, qui deviendra Positiv Hate en 1999. A cette époque, ils officient dans un metal hardcore teinté de heavy et de black et couchent ainsi 6 titres sur leur première démo "Bastard" 1998. Ils attendront 2003 pour sortir une nouvelle démo "Redemption" qui, malgré un son faiblard, sera en général bien accueillie par la presse qui appréciera le heavy black metal symphonique distillé par le groupe. Cette démo leur ouvrira pas mal de portes, ce qui les incite à sortir leur premier album en fin 2004 "Hymn Of Darkness" avec un son plus aiguisé et un heavy-black symphonique plus abouti. Cet album leur trace un beau chemin parsemé de très bonnes rencontres, concerts, radios et leur permettra entre autre de participer au Raismes Fest ainsi que l’Alienation Fest avec Outcast et Anorexia Nervosa, d’organiser plusieurs fest permettant à Garwall, Recueil Morbide, Fatal et bien d’autres de se produire dans le Nord de la France ainsi qu’en Belgique. Le groupe en tant que tel splitte, pourtant en pleine forme, en 2006 suite à des divergences d’opinions et autres addictions... C’est Buck (Maxime Lenfant) et Lux (Guillaume Warot) qui réveilleront le groupe en 2008, dans leur studio niché dans un vieux château du Nord de la France. Après plusieurs années passés entre projets parallèles, obligations familiales et professionnelles, ils mettent en boîte 13 titres dont une version revisitée du titre "Redemptio" issu de la démo du même nom ainsi que "I Hate You" sur lequel le tout premier chanteur du groupe, Jaufray Lntoine (ex-Tombstone, ex-Trepan'Dead) écrit les paroles et chante en compagnie de Buck et Lux. "Délivre-Nous Du Mal" est entièrement produit par le groupe et sort en Septembre 2013.

Discographie :

2003 : "Redemption" (Démo)
2004 : "Hymn Of Darkness" (Démo)
2013 : "Délivre-Nous Du Mal"


La chronique


Autant le dire tout de suite, cette introduction n'a absolument rien à voir avec le contenu de l'album de Positiv Hate, mais j'assume, car j'assume tout. Et donc c'est marrant comme parfois on peut découvrir un truc et que pas longtemps avant ou après il y a plein de choses qui s'en approchent... Un peu comme lorsqu'on découvre un acteur pour la première fois et que peu de temps après on voit plein de films de lui, qu'il avait fait pendant qu'il n'était pas encore connu... La pochette de Positiv Hate m'a fait la même impression... Carcass est sorti il n'y a pas longtemps et dans le premier titre de cet album, "Oceans Of Sadness", on y retrouve quelques sonorités... et récemment j'ai acheté un vinyle de Black Burn "The Invocation", c'est impressionnant comment les couleurs globales de la pochette s'approchent de celle de Positiv Hate.... C'est vrai qu'il est assez difficile de suivre le fil conducteur là tout de suite. Mais ce que je veux tenter de dire c'est que depuis que l'album de Positiv Hate a atterri dans mon antre, beaucoup de choses m'y ont fait penser... Ceci sera donc plus clair ou moins obscur c'est selon.... Alors voilà, digression terminée, nous y sommes... De démo en démo, depuis 1997, avec un changement de nom (anciennement Guernica, Picasso n'y trouvera rien à redire), et de styles en styles vraisemblablement, Positiv Hate a évolué, splitté et s'est reformé. Du hardcore, en passant par le heavy et même le black, le groupe dont nous parlons a touché un peu à tout. Et aujourd'hui seulement à deux, entre Maxime alias Buck et Guillaume alias Lux, les voici de retour avec un album qui est très spécial mais qui a de la gueule.

Pour nous débarrasser des informations cruciales, disons déjà que c'est de la pure autoprod', en production, enregistrement, mixage et mastering puisque cela a été fait par Maxime. Précisons également que c'est de la boîte à rythmes, vu que les mecs se partagent les chants, les guitares, la basse et la programmation. Donc gros travail personnel à la base à saluer. En tous les cas, si la production sonne typiquement français, j'en parlais il y a peu avec un ami, elle est puissante, et méchamment puissante (ce que j'entends par français, c'est que musicalement les productions de chez nous qu'importe le studio ou l'ingé, la couleur est souvent similaire un peu partout. Ça fait comme pour les films, on reconnaît la manière de filmer des films français, et celle des américains par exemple. Eh bien en musique c'est pareil. Ici ça sent pas le Hertz ou le Finnvox et encore moins le Morrisound, c'est du maison, mais façon baguette et boulette d'Avesnes). Et donc, quel est le contenu étiquetable du groupe aujourd'hui ? Car c'est la question qu'on se pose depuis le début de ce monologue... Positiv Hate n'a absolument aucun style metallique de prédilection, absolument aucun. Sans scrupule, à coups de segments disséminés, les deux confrères arrivent à passer du death le plus Carcassien (sur bon nombre de passages de chansons dispersées deci-delà sur l'album "Oceans Of Sadness", "Suffering", "Fight"... avec d'ailleurs un chant qui se colle parfaitement à l'entité Carcass allant jusqu'à avoir ce grain dégueulis de Walker, mais qui ici se fait grâce à des vocaux doublés) au thrash le plus old school d'un Slayer traditionnel "Fight" (à 1'40, et si "Reign In Blood" m'était compté)  ou encore à flirter avec des riffs d'Overkill, de Cradle Of Filth et d'autres styles tous plus éclectiques les uns que les autres. On se demande en fait comment Positiv Hate arrive à réaliser une synthèse de plusieurs influences metal qui pourtant restent flagrantes dans leurs compositions car on arrive à y reconnaître les pattes des maîtres, et à côté de ça ils offrent un panel dynamique qui ne perd ni en vitesse, ni en fraîcheur. En effet "In My Flesh" prenant des airs de heavy thrash avec une mélodie harmonisée au possible, sur des lignes vocales qui réconcilient l'auditeur avec le hard / heavy français des années 80, en conservant cette énergie et agressivité actuelle, et mettant en avant son imposant solo langoureux et cette rythmique sirupeuse de fin de morceau.

C'est en fait un album, très très varié que Positiv Hate propose, un tour du monde des vagues de metal sans aller non plus jusque dans les vagues extrêmes. Ils ont aussi pensé à une espèce de balade doomisante avec "Time" qui se termine en patchwork musical très panaché. Bizarrement, si ce genre de variations dans un même album peut sembler très frais d'un côté, il peut aussi être ressenti comme un album qui digresse trop et qui à l'arrivée au lieu de séduire peut freiner l'auditeur. Il est clair que c'est un risque d'aller aux frontières de plusieurs styles musicaux, même si tout reste dans la patrie du metal. Et donc "Délivre-Nous Du Mal" peut s'avérer un album où ses géniteurs ont les "couilles" de prendre des risques, de se faire plaisir avant tout et de montrer qu'ils ont envie de jouer toute une ribambelle de chansons qui dépareillent mais qui restent unies malgré tout. "Bitter suicide" en est l'exemple même à l'intérieur d'une seule chanson où l'on peut découvrir des grands passages harmonieux, épiques, symphoniques presque et des accélérations totalement death, ou encore du thrash, et même un morceau de balade. On ne parle pas ici de musique progressive en tant que telle, mais à sa façon Positiv Hate propose quelque chose de progressif, c'est sincèrement étrange et il faut écouter l'album entièrement pour s'en rendre vraiment compte.

Les gars vont même sur "I Hate You", où figure Jaufray Lantoine, le premier chanteur du groupe, en tant que co-chanteur mais aussi parolier (un titre tout aussi thrash que core), nous placer un long passage lancinant de jazz de salon. Alors voilà, on va de surprise en surprise et on accroche ou pas, avec ces chansons hétéroclites. Il faut savoir que dans le lot se trouve "Redemption" un titre hyper black metal voire hyper hyper black metal teinté de thrash / death et de passages symphoniques. Il s'agit d'un morceau datant de leur démo qui a été revisité pour l'album. En tant qu'amateur de metal extrême j'aurai un gros penchant pour les riffs de tueurs de "Martyr Of Your Sins", ceux-ci étant symbiotés avec des passages symphoniques magistralement orchestrés.

Jusqu'à la fin avec "Hate And Despair", et "Alter Ego", Positiv Hate ne lâche rien et propose du choix dans ses inspirations, même si le début de l'album et plus death, le milieu plus thrash heavy et la fin plus black. Ça pêche peut-être un peu sur la longueur de l'album lui-même et également sur quelques passages de voix claires qui en tous les cas, personnellement, n'ont pas eu le charme qu'on aurait bien voulu leur donner... Ce seront là sans doute les seuls points négatifs pour celui qui appréciera l'album, et pour celui qui ne l'appréciera pas, il serait de mauvaise foi de dire que ses musiciens sont mauvais, juste pas différence de goûts. Positiv Hate sait jouer, et sait écrire, il faut juste savoir si on aime le style...


Arch Gros Barbare
Octobre 2013


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.positivhate.com