Le groupe
Biographie :

Port Noir est un groupe suédois aux influences très diverses, s'inspirant à la fois du metal, du rock, de la pop ou la soul. Il regroupe Andreas Wiberg (batterie), Love Andersson (chant et guitare) et Andreas Hollstrand (guitare et chœurs). Après un premier album paru en 2013, les trois musiciens proposent un EP plus expérimental en 2015 qui préparera le terrain pour la sortie de leur second album en 2016. "The New Routine", le troisième album, sort le 10 Mai 2019 chez InsideOut Music.

Discographie :

2013 : "Puls"
2015 : "Neon" (EP)
2016 : "Any Way The Wind Carries"
2019 : "The New Routine"


Les chroniques


"The New Routine"
Note : 13/20

Plutôt que de faire une chronique sur l'avis d'une seule personne, j'ai profité d'avoir un fan du premier album de Port Noir à mes côtés, pour pouvoir croiser nos deux ressentis ! Pour ma part, hormis le metal, je suis aussi amatrice de pop alternative (la plus underground possible !). Pourquoi est-ce intéressant pour une chronique dans un webzine de metal ? Parce que si Port Noir s'est fait connaître avec l'album de metal progressif "Puls", jamais un groupe n'aura évolué musicalement aussi rapidement. Un regard extérieur au metal est plus que recommandé... En effet, si "The New Routine" est seulement le troisième album (+ 1 EP "Neon") des Suédois, force est de constater qu'il sonne déjà très différemment de ces prédécesseurs.

"Puls" se caractérisait par des morceaux plaintifs et mélancoliques soutenus par la voix assez remarquable de Love Andersson. Un style comparable au niveau "mélodies intenses et complexes" à celui de groupes tels Leprous, Tesseract etc, avec la délicatesse d'un Caligula's Horse. Avec ce premier opus, Port Noir avait de suite imposé un style et une identité, fortement reconnaissables (la voix n'étant pas étrangère à cet engouement). Port Noir avait même été sacré "découverte de l'année" aux Bandit Rock Awards, enchaînant depuis ses débuts les premiers parties pour des têtes d'affiches comme In Flames, Karnivool ou encore Pain Of Salvation. En 2015, l'EP "Neon" venait légèrement surprendre les fans de la première heure avec l'introduction de sons synthétiques sur certains titres, conférant une particularité supplémentaire au trio.

Tout ceci nous mène à un second album "Any Way The Wind Carries", cette fois largement orienté vers ce mélange de rock progressif et de pop electro. Toujours avec la mise à l'honneur du chant et de mélodies sombres. Cependant les premiers aficionados commençaient déjà à tiquer sur cette évolution. C'est le cas de mon acolyte que nous appellerons Ben (parce que c'est son prénom en fait...), qui avait l'impression de perdre l'essence du groupe. Celle aussi de perdre en "profondeur" à cause d'une composition simplifiée. De mon côté, j'avais était assez séduite par cet album justement grâce à l'introduction des sons électro et au côté plus direct des titres. Un résultat en demi-teinte donc dans la carrière de Port Noir, qui changeait imperceptiblement de public.

C'est pourquoi, dès le premier titre de "The New Routine"l'étonnement est grand. "Old Fashioned" est sacrément taillé "radio friendly" ! Des couplets certes très rock - qui me font immédiatement penser à Royal Blood pour le côté brut / hargneux et à Muse pour la mélodie - mais avec un refrain tellement commercial qu'on a l'(la désagréable ?) impression d'écouter du Coldplay (sans vouloir leur manquer de respect) ! Mais qu'est-il arrivé au Port Noir que nous connaissions ? Un (énorme) pas de trop vers la pop rock ? Le second titre "Drive" ne fait qu'amplifier ce sentiment. Passons donc en revue rapidement les autres titres. "13". Voilà un titre qui interpelle. Aux premières notes, on regarde à nouveau le titre pour vérifier que ce n'est pas une reprise des Beastie Boys ! Ah non... c'est bien Port Noir et pourtant j'ai l'impression d'écouter "Intergalactic". Les spécialistes du son me diront que non je n'ai pas d'oreilles et non ce n'est pas exactement le même son robotique ! Et pourtant... Bon. Soit. Puis le morceau vire sur les couplets en des riffs Rage Against The Machine-sques. Et toujours ce fond de Royal Blood... Pour le reste... "Flawless", "Down For Delight", "Blow, Low Light", "Define Us", "Champagne", "Out Of The Line" et "Young Bloods" sont bâtis sur le même modèle. C'est à dire, ce doux mélange Royal Blood / Muse / Coldplay. Tout ceci avec un son progressivement un peu plus 80 à chaque titre.

Le Fan Ben a lui déjà déclaré forfait, déconcerté qu'il est par tous ces sons pop qui lui chatouillent les oreilles, ces morceaux sans réelle envergure et ce groupe qu'il ne reconnaît plus ! De mon côté, je suis bien embêtée ! Les morceaux sont bien faits, la voix est toujours aussi belle, il y a de la recherche dans les sons (le groupe s'est vraiment amusé sur ce point !), bref on ne peut nier une certaine qualité. Et pourtant, pourtant... Je ne ressens aucune émotion. Aucun frisson pour ces titres qui m'évoquent d'autres groupes déjà existants, d'autres sons déjà entendus. Il me manque surtout l'originalité et la personnalité. Dans le rock ou la pop, il est d'usage de faire des morceaux simples (intro / couplets / refrains) mais avec une mélodie percutante et accrocheuse qui est censée rester imprimée dans la tête. Ce n'est pas le cas avec "The New Routine" et c'est ce qui pêche le plus sur cet album. En édulcorant son style, Port Noir a aussi perdu la sensibilité, la fragilité et la poésie sombre des débuts. Ce n'est peut-être pas le but recherché, toutefois le groupe s'est inexorablement tourné vers un nouveau public bien plus mainstream. Les fans du début risquent de disparaître au profit d'amateurs de musique plus facile d'accès. Dommage.


Miss Bungle
Août 2019




"Any Way The Wind Carries"
Note : 12/20

Située au bord du lac Léman, Port Noir est une petite bourgade suisse qui a eu son heure de gloire dans l'histoire de la libération de Genève... Mais c'est aussi le nom d'un talentueux trio suédois aux influences variées.

Le groupe nous propose ici son second album. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il débute plutôt bien ! Sans prendre le temps de s'embarrasser d'une intro, le premier morceau nous plonge dès les premières secondes dans le vif du sujet. Les instruments nous proposent des riffs très percutants dans un esprit assez post-metal sur lesquels viennent se poser une voix claire, déchirante d'émotion mais ô combien maîtrisée. On aura même droit à un sympathique petit solo de guitare en milieu de morceau, le seul de l'album, il me semble. Bref, ce titre éponyme nous file une jolie claque. On change ensuite un peu de registre avec "Earth", un morceau beaucoup plus pop et anecdotique avec des synthés très mis en avant et une batterie proche de la boîte à rythmes. Niveau chant, Love Andersson s'amuse à pousser sa voix toujours plus dans les hauteurs avec une facilité déconcertante.

La suite de l'album alternera ainsi entre la lourdeur du metal et la légèreté de la pop. Toutefois, l'ambiance général restera sombre et mélancolique. Musicalement, si le morceau d'introduction présentait des choses très intéressantes, le reste sera beaucoup plus dépouillé, faisant la part belle au chant de Love Andersson. Si bien qu'au fil des morceaux, on a un peu l'impression que l'exercice tourne à la démonstration vocale. Pire, la force émotionnelle qui nous a marqué aux premiers abords va très rapidement laisser place à la lassitude face à cette plainte continuelle qui s'étend sur les douze morceaux de l'album. Pourtant, pris individuellement, les morceaux sont souvent bien réussis, avec des lignes de chant très marquantes. Mais une série de bons singles ne fait pas un bon album. D'après ses propres dires, le groupe cherche à aller directement à l'essentiel dans ses morceaux. Le problème étant qu'il ne laisse pas de respiration à l'auditeur qui finira vite par suffoquer.

Les trois Suédois montrent un talent indéniable dans cet album mais le manque de contrastes et de touches de folie nous donnera vie l'impression de tourner en rond et ne parviendra pas à nous captiver bien longtemps. Dommage !


Zemurion
Avril 2016


Conclusion
Le site officiel : www.portnoir.com