Le confinement se termine tout doucement, la citadelle va rouvrir (le parc hein, pas le bar) et pour fêter ces deux bonnes nouvelles, on reste dans le Nord avec un split enregistré à la Malterie (j'apprends donc qu'on peut enregistrer du son à la Malterie, c'est bon à savoir !), avec deux excellents groupes assez différents mais tout de même très appréciés : Poiro et Meurville. Précisons que ce bel artwork très coloré est né des mains de Maxi Cat Images Radioactives (!), que l'opus a été mixé par Gaël Douek et François Leriche, puis masterisé par Julien Bourgeois (Leriche et Bourgeois dans la même équipe, parfait pour un CD en or ! Ouin ouin ouin ouin...).

On commence donc avec Poiro, dont l'amour pour les plantes potagères n'est plus à prouver. Ce groupe se distingue par un line-up plutôt original : batterie, basse, chant, point. Pas de guitare, pas besoin. C'est d'ailleurs très étrange car si l'on écoute sans connaître ce détail, on a presque envie de se dire que les riffs envoient du lourd ("Libido"). En fait, c'est surtout le duo basse / batterie qui cogne non stop dans les graves. On aboutit à un genre de grindcore / mathcore influencé par Wormrot, Meshuggah ou encore Lighting Bolt. Ce côté très noisy, très "on casse tout", ça me fait vraiment penser aux rares concerts auxquels j'ai assisté à la Malterie. Et bien évidemment, il y a cette voix, très grind, parfois caverneuse, qui s'étouffe, puis qui hurle, un p'tit coup de growl, un faux semblant de chant, un air de death, et ça devrait bien résumer ce que nous offre le micro. Bref, des morceaux 100% blast beat qui vont vous secouer les intestins dans tous les sens.

Après sept titres de Poiro, on laisse place à sept chansons de Meurville, groupe également nordiste mais qui déclare un punk hardcore rapide, propre et sans bavure (un genre de Jodie Faster un peu plus mélodique). Beaucoup de rage mais aussi d'amour ("Poiroville"), des textes politisés franchement assumés ("LBD"), une instru' variée ("Feel Me Up"), une voix capable de vraiment chanter ("Vandalize"), et vous avez là un aperçu de ce dont est capable Meurville. Ils me font aussi penser aux camarades de Stupid Karate, notamment sur "21 Juin", avec ce côté "All Cats Are Beautiful" qui met des étoiles dans les yeux.

Bref, deux groupes évoluant dans des univers assez différents, mais qui se réunissent autour d'une musique puissante, pas toujours intelligente mais qui se déguste avec beaucoup de plaisir.