Il y a trois ans déjà… La découverte de Point Mort avec "R(h)ope" m’avait marqué. Quand je retourne "Pointless" fraîchement découvert dans ma boîte aux lettres au petit matin, je sais déjà qu’il va passer devant une poignée d’albums constituant ma pile de "Chroniques-à-faire".

La gamelle réchauffe vite quand l’entrée en matière est assurée par le titre "In Cold Blood: A Warmer Heart". Incisif et violent tout étant ultra digeste grâce aux bulles de chant clair, aux changements de rythme et de riffs, il aligne l’appareil auditif au cerveau pour apprécier au mieux la suite. Ce nouvel opus, comme le précédent, jouit d’une inspiration riche et d’une exécution parfaite. Les blasts écrasants prennent le pas sur des brefs temps de sérénité. Un chant apaisant prend la suite de hurlements déchirants. Les cordes cisaillent les oreilles, après les avoir caressé d’arpèges délicieux. Tout ça est très dense et aurait bien du mal à être retranscrit avec fidélité si le travail du studio n’était pas aussi léché.

On notera tout de même quelques pistes un poil plus remarquables que d’autres avec par exemple "Olympe" dont la montée en intensité est juste… intense ? Entre "Les Corps Flottants" et "Corners" difficile de ne pas laisser son cerveau sur le bureau. Rattrapé par "La Bienveillance Des Faux", la tête vient s’enliser dans la mélancolie. A vrai dire, ce chant qui prend au tripes, en français, me rappelle mes années post-hardcore et screamo des années 2000, et me touche beaucoup.

Finalement la meilleure chronique de l’album c’est son propre artwork Très réussi il révèle avant l’écoute les innombrables couleurs et formes que peut prendre la musique. Aussi bien au niveau vocal qu’instrumental le groupe se joue des styles et des contrastes. Malgré une plus grande maîtrise des parts déchirées, les temps calmes représentent le contre-pied qui permet d’accroitre les émotions et c’est incontestablement leur signature.

"Pointless..." représente tout ce qu’il y a de bons dans un album de post-hardcore. Espérons que les points de suspension annonce une suite toute aussi bonne.

Il y a peu j’ai reçu le nouvel EP de Point Mort dont l’artwork flatte l’oeil aussi bien par ses couleurs chatoyantes que son côté très graphique. C’est en retournant ce chouette digipack que je découvre, collé au plastique, le noeud. Le fameux noeud, bien connu de tous, probablement aussi destructeur que libérateur. Un courant m’électrise, du coccyx jusqu’à l’hypophyse.

Je suis resté con. Pendant des jours je l’ai pris, retourné, reposé. C’est trop tôt. Aujourd’hui, j’ai déchiré le blister. Adieu le noeud. Bonjour la musique. Dès les premières notes et les premiers déchirements vocaux, j’ai su que cet opus allait me plaire. Je plonge immédiatement dans trente minutes de post-hardcore concentrant absolument tout ce qui me régale dans ce style. Musicalement c’est extrêmement varié, coincé quelque part entre les parties complètement frénétiques et les mélodies claires et douces comme du coton. Vocalement, c’est tout aussi contrasté avec les hurlements déchirants de Sam (la chanteuse) qui viennent répondre avec rage à la voix sucrée qu’elle est aussi capable de poser sur la musique. Parfois en français, souvent en anglais, le chant se veut être un instrument à part entière avec tout autant de variations possible qu’une gratte avec un pédalier de collectionneur. Les compositions sont riches, le son aussi, et moi dans tout ça…

…Mon regard fixe un point imaginaire sur le mur depuis vingt minutes. Je sors de mon inactivité physique avec "Precision Chaos". Je me souviens pourquoi j’affectionne tant ces styles tout aussi violents que romantiques, tout aussi tristes que merveilleusement beaux. C’est parce que résonne dans chaque note, dans chaque corde vocale qui sature, quelque chose de douloureux auquel personne n’échappe, peu importe la forme que ça prend. Mais surtout, cela représente quelque chose de trop cruellement vrai, et humain. Parce que putain de merde quand la vie, brutalement, devient violente, sans prévenir, personne ne va caresser sa gratte d’un arpège tout droit sorti d’un cours d’école de musique. On prend son instrument, on tourne les potards à fond, tous, on saigne ses doigts sur les cordes, et on hurle, jusqu’a ce que la gorge brule.

"R(h)ope" singularise la distance qui sépare l’espoir et son anéantissement en un seul acte, un seul geste, un seul noeud. Cet instant très précis, ce Point de non retour, où tout bascule, les deux pieds dans le vide. Le temps s’est arrêté, j’imagine que tu as fait le Point, dressé un bilan. J’espère que tu as vu en toi ta valeur, et vu tout autour l’amour. J’espère que tu as eu le temps de sentir ton coeur se réchauffer avant qu’il ne s’arrête. J’espère surtout que tout s’est arrêté avant que tu ne regrettes Il y a des coïncidences dans la vie qui sont aussi remarquables que malheureuses. Je t’embrasse mon copain.