Le groupe
Biographie :

Groupe professionnel depuis la première année de ce deuxième millénaire, Pitbulls In The Nursery est originaire de Rambouillet dans les Yvelines, prés de Versailles. Ils ont lancé leur carrière par un maxi trois titres puis ont enregistré un album au studio des Milans (antre de Gojira, où Trepalium a notamment enregistré sa première galette). Depuis 2003, ils tournent fort et ont supporté de nombreux groupes non moins illustres. Après neuf années de silence, Pitbulls In The Nursery est de retour avec un second album nommé ""Equanimity" chez Klonosphere. Ce nouvel opus est plus progressif et travaillé au niveau des ambiances que son prédécesseur "Lunatic" sorti en 2006.

Discographie :

2001 : "Impact" (MCD)
2006 : "Lunatic"
2015 : "Equanimity"


Les chroniques


"Equanimity"
Note : 17,5/20

En voilà un qu'on espérait plus ! Après presque une décennie d'attente, les clébards français enragés de l'über-technical death sont de nouveau prêts à être lâchés au milieu de la maternelle pour un second carnage en règle. Car le premier, "Lunatic", sorti à l'époque chez Black Lotus, chef d'œuvre du metal made in cocorico, date tout de même de 2006. Après "Lunatic", unanimement salué par la presse spécialisé et ayant fait l'objet d'un petit culte dans les tréfonds de la Toile, le groupe s'est peu a peu englué dans des problèmes de line-up et de label, et a quasiment disparu de la circulation. D'autres groupes ont émergé et ont chipé un peu facilement les premières places du podium du death technique hexagonal (on pense à Gorod notamment) que Pitbulls In The Nursery réclamait aussi. Avec un nouveau chanteur en la personne de Tersim et des apparitions plus soutenues en live depuis quelques années, les cinq Pitbulls ont su ré-intéresser le public et après une campagne Ulule réussie, le groupe revient en force avec un magnifique nouvel album.

Bien évidemment, après neuf années, bien des choses ont changé. PITN a évolué, grandi, et si la patte PITN est bien là, unique et maîtrisée, le style lui, a muté. Evolution somme toute naturelle pour ces instrumentistes de grand talent. Cette nouvelle approche pourra déplaire aux fanatiques de pur death et aux accros à "Lunatic" mais il ne serait point prétentieux d'affirmer que "Equanimity" ne sera pas accueilli à bras ouverts par une large majorité de métalleux de tout poil (et Dieu sait si ça en a des poils, un métalleux). Car une nouvelle génération de fans, non familière avec le travail passé du groupe, découvrira ce nouvelle album d'une oreille neuve. Autrefois cantonné au death, le groupe a laissé derrière lui son style originel pour se tourner vers une musique plus contemporaine et personnelle. La musique du quintette est toujours aussi technique et élaborée que par le passé mais, aujourd'hui, le groupe n'est plus dans un schéma de délire technique absolu, ni dans l'agression pure ou même dans les vibrations noires du death. Le groupe est plus mesuré, plus sage et si les compos sont toujours aussi terriblement techniques et font parfois office de mosaïques musicales, le propos est très cohérent et ne présente aucun risque d'indigestion (il ne nous a fallu que deux écoutes pour cerner le disque, une assimilation complète ne pourra par contre se faire qu'obligatoirement plus longue).

Exit donc le death brutal et technique jusqu'à-la-mort. Voici un metal moderne hyper construit et indéfinissable, tant le groupe ne ressemble plus à aucun autre, où le terme technique ne revêt plus le sens reconnu par la plupart des fans de metal. Les nombreuses influences (jazz, dub, musique indienne, prog) sont parfaitement intégrées. Un sentiment de plénitude résonne de cette musique complexe. Chaque riff, chaque note de guitare, chaque ligne de basse, chaque signature rythmique a été scrupuleusement pesée et retournée dans tous les sens pour nous offrir un album magistral. Le travail d'écriture est poussé jusqu'à l'extrême. Chaque instant de "Equanimity" frôle la perfection ; malgré l'avalanche rythmique, rien de dépasse, rien ne surnage, rien n'entache le morceau ; le groupe ne fait aucunement la course à la technicité gratuite, les grandes capacités des musiciens sont ici mises à profit autour de l'essentiel : une musique fluide, intelligente. D'une qualité exceptionnelle et d'une puissance prodigieuse (la production, maison, est l'œuvre du bassiste Francesco), les compos présentent toutes une identité propre, ce qui est encore plus détonant.

Cette réussite, le groupe la doit également à son nouveau chanteur, Tersim, impressionnant dans tous les registres, lui qui, avec son chant hurlé, écorché, growlé ou bien clair, transcende les compositions. Un nouveau chef d'œuvre pour les PITN, qui, s'ils devaient mettre encore 9 ans pour pondre un nouveau disque, ne feraient certainement que surpasser "Equanimity". Bon nombre de groupes devraient en prendre de la graine et être plus perfectionniste et aventureux avec leur musique au lieu de sortir des albums à la pelle qui se ressemblent tous. En tout cas, PITN, avec ce second effort est au sommet de son art et représente ce que la France a de meilleur au niveau metal underground.


Man Of Shadows
Juin 2015




"Lunatic"
Note : 17/20

"Le chien, rend la jambe au monsieur !! Allez, viens, c’est pour qui le bon quartier de bœuf ?? Oui, c’est un bon molosse ça !! Allez, à la cage !!" Si j’avais un chien comme ça, je le vendrai à Sarkozy ! Les pitbulls sont hargneux, ils sont forts, très forts, et dangereux ! Alors cinq de ces bestiaux ensemble, c’est une terrible meute ! Les membres de Pitbulls In The Nursery sont largement à la hauteur de leur totem. Que dire de leur musique ? Ils déclarent eux-mêmes être inspirés par Dying Fetus, Death, Atheist et Meshuggah… Et c’est bien vrai. Non seulement ils sont influencés par ces groupes magistraux, mais ils en sont dignes. "Lunatic" est un album qui swingue, ça groove, ça poutre, ça blaste et ça éveille les sens. Tout comme Impact, leur précédent maxi dont les trois titres figurent dans cet album.

Tout commence par une intro cyber-tribale. Puis dés la première chanson, une mosh part "à la Meshuggah" enflamme l’espace sonore. Le solo qui arrive très rapidement ressemble également au travail des Suédois, par le son et les chromatismes utilisés. Puis le chanteur entre en action, une voix gutturale et profonde, tout en étant puissante et précise. Un court passage comme je les aime où les guitares jouent en question/réponses puis un interlude jazzy / groovy interlude tout ça. La numéro 7 fait figure de pause mélodique, très charmant. Puis ça repart de plus belle, chaque chanson est différente et regorge d’aspects inattendus. Mais avec PITN, le gros son n’est jamais loin. Donc les parties décalés et improbables s’intégrent toujours parfaitement aux compos. Elles sont ceci dit peu nombreuses et durent juste ce qu’il faut pour qu’on ne s’ennuie pas et qu’on apprécie le retour des guitares violentes. Le son des dites guitares est incisif sans être massif. Le réglage idéal pour supporter une musique qui tantôt est volatile, tantôt est du pur death. Les fréquentes mosh parts font penser à Lamb Of God également, et le jeu de la batterie en accéléré / décéléré approche la technique de Kevin Talley dans "Grotesque Impalement" de Dying Fetus, voire même de Necrophagist dans les passages les plus ardus, tout comme certaines intros. Les grosses caisses blastent d’une précision suisse et la caisse claire fouette le tout comme Zorro cravache les bandits. Le quatrième titre, issu du premier maxi (ainsi que les #6 et #9) impressione par sa sonorité trash suédois, mais en plus violent. Bravo à la prod’ qui ne laisse pas la basse loin derrière tout le monde.

Chaque pitbull domine sans conteste son instrument et le résultat est une alchimie incroyable de virtuosité rythmique, mélodique et technique qui a su conserver tous les ingrédients classiques qui font que nous ne nous sentons pas perdus. La meute a plus d’une corde à son arc et de l’originalité à revendre. Un titre est chanté en Français, et on entend même de la citarre dans la dernière chanson, dont ils jouent véritablement sur scène. D’ailleurs vu le nombre de dates qu’ils ont accumulé en 5 ans et les groupes avec qui ils ont partagé l’affiche, personne ne remet en cause qu’ils sont à l’aise sur les planches et y impressionent leur public en transmettant en live au moins autant de puissance que sur CD. Le Pacte des Pitbulls a fait une victime de plus dans leur territoire, qui nous l’espérons, ne cessera de s’agrandir.


La Patte de l'Ours
Mars 2006


Conclusion
A écouter : Lunatic Factory (2005)

L'interview : Saïm

Le site officiel : www.pitbullsinthenursery.com