Evoquer Peter Dolving, c’est instantanément penser aux hectolitres de sueur qu’il a pu perdre lors de ses prestations au sein de The Haunted. A l’écoute de son album solo, "Thieves & Liars", on se rend compte que le vocaliste en a sous le pied et que sa créativité ne se limite pas au thrash metal.
Avec son ambiance oscillant entre la moiteur d’une cave anglaise et la chaleur d’une zone industrielle d’Allemagne de l’Est un dimanche soir d’Octobre, un rejeton illégitime des Clash et Bauhaus, rappelant l’âge d’or décadent de la scène punk anglaise, "Thieves & Liars" se veut majoritairement malsain, rappelant étrangement l’univers développé par Marilyn Manson à l’époque de la sortie de "Mechanical Animals" ("One Sweet Moment") sans pour autant singer le Maître.
Mais Peter a été suffisamment malin pour laisser respirer l’auditeur en ajoutant des sonorités psyché, blues et même space-pop ("Meinhof") ou même presque burlesque ("Ordinary Folk"). Il n’hésite pas à mettre sa voix à nue ("So Sick"), prouvant par là même qu’il est un vrai chanteur et qu’il n’a pas à se dissimuler derrière un mur de grosses grattes pour assurer méchamment, le morceau "All This Beauty" pouvant presque faire penser à un Noir Désir anglophone burné.
Le seul véritable souci de cette prise de risque artistique est que cet album peinera peut-être à trouver son public, trop alambiqué pour les purs fans de rock, trop rock pour les fans de The Haunted, trop barré pour les amateurs de darkwave… Mais si vous êtes un tant soit peu ouverts d’esprit et réceptifs aux émotions, "Thieves & Liars" s’inscrira dans votre mémoire au fil des écoutes et se laissera apprivoiser avec le temps. Les meilleurs albums ne sont-ils pas ceux qui demandent un minimum d’attention de la part de l’auditeur ?
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