Le groupe
Biographie :

Pestifer est un groupe de death metal fondé par les jumeaux Adrien Gustin (basse) et Phil Gustin (batterie). Les jumeaux ont rencontré Antoine (guitare) et après avoir partagé leurs idées, ils commencent à jouer ensemble. Le line-up est complété par Morty au chant et le groupe dispose d'environ 10 chansons. Pestifer enregistre sa première démo. En 2007, les gars jouent encore quelques concerts. Ils enregistrent également une chanson intitulée "Processus Involution", sur la compilation "FYU Volume 5". La compilation est distribuée dans toute l'Europe et permet à Pestifer de se faire connaître au niveau international. En 2008, le groupe Pestifer accueille deux nouveaux membres, Emerson à la guitare et Jérôme au chant et le quintette écrit quelques nouvelles chansons. En 2009, Pestifer repart en tournée et enregistre l’album "Age Of Disgrace" avec Jérémy Stoz au Mammouth Studio L'avenir de Pestifer s’annonce prometteur, le groupe commence à jouer des concerts plus importants (Metal Mean Festival, Watain et Deströyer 666). En 2011, Pestifer signe un contrat d'enregistrement avec le label Ultimhate et sort une version remasterisée de "Age Of Disgrace" qui est distribuée dans le monde entier. En Mars, le groupe participe à une mini-tournée avec Mehtnakriss. Les choses s’enchaînent et Pestifer part en tournée européenne avec Kataklysm. Le groupe commence l'année 2012 avec une deuxième tournée européenne (avec Krisiun, Malevolent Creation et Vital Remains). Après cette expérience, Pestifer décide de se concentrer sur un nouvel album. En 2014, Pestifer signe chez Great Dane Records pour la sortie de "Reaching The Void" au mois de Mai. Morty, le premier chanteur du groupe (jusqu'en 2006), décède fin 2016. En 2017, le groupe recrute Valery Bottin pour remplacer Jospeh L, lui-même remplaçant d'Antoine. En Novembre 2019, Pestifer signe chez XenoKorp pour la sortie de "Expanding Oblivion" en Mars 2020.

Discographie :

2010 : "Age Of Disgrace"
2014 : "Reaching The Void"
2020 : "Expanding Oblivion"


Les chroniques


"Emblas Saga"
Note : 16/20

Avec un nom comme Pestifer, on pourrait presque s'attendre à du death old school bien putride sauf que pas du tout, ce groupe belge est plutôt adepte de death technique aux teintes progressives. Le nom d'Obscura doit évidemment revenir plus d'une fois même si les ressemblances ne sont pas flagrantes du tout, Pestifer partant plus d'une fois vers le thrash. Bref, c'est avec son troisième album, "Emblas Saga", que Pestifer revient cette fois et mon petit doigt me dit que ça va swinger !

"The Remedy" nous accueille d'ailleurs sans ménagement avec des blasts, de la technique en veux-tu en voilà et des cassures rythmiques partout, le tout surmonté de ce fameux fumet presque techno-thrash (pour les petits jeunes c'est comme ça que les vieux cons comme moi appelaient le thrash technique à l'époque, rien à voir avec la techno hein) qui n'est pas sans évoquer un certain Atheist. En six minutes, Pestifer a déjà mis tout le monde d'accord en montrant l'étendue de son spectre sonore et en jonglant avec différentes ambiances sans jamais se prendre les pieds dans le tapis. Admettez qu'il y a pire comme entrée en matière ! Les mélodies sont très spatiales et collent très bien avec le délire science-fiction affiché en plus d'enrichir une musique déjà bien profonde et dense. Les petits interludes instrumentaux, quant à eux, me rappellent évidemment le "Testimony Of The Ancients" de Pestilence. Mais arrêtons les comparaisons puisque Pestifer ne se contente pas de réciter ses classiques et arrive à bâtir son propre univers, même si quelques influences sont évidemment perceptibles. La basse fretless est bien entendu de rigueur et on l'entend bien claquer sur tout l'album, un plaisir pour les vieux cons que nous sommes là encore. Du coup, effectivement, quand tout ça se retrouve sur de gros blasts bien rapides et des riffs techniques on peut penser à Obscura mais Pestifer fait globalement appel à des sonorités plus old school. La production renforce cette impression avec un son assez sec et des guitares assez grésillantes loin des groupes surproduits avec un son en plastique d'une propreté immaculée.

Le chant passe du growl à un chant plus hurlé, là encore dans la tradition des anciens de la scène death ou thrash technique. Si les membres de Pestifer connaissent clairement leurs classiques, avec notamment un "Grey Hosts" dont les passages les plus lourds ont de fortes senteurs de Morbid Angel, ils ne se contentent pas de réciter leurs aînés et apportent leur univers avec eux. Un univers assez froid d'ailleurs, avec des ambiances soit spatiales soit teintés de dissonances qui donnent une impression d'hostilité latente. On sent le vide spatial et on sent aussi que nous ne sommes pas seuls et que nos invités ne nous veulent pas forcément du bien. Un piano nous accueille sur "Expanding..." sauf qu'au lieu d'adoucir l'ambiance il la rend carrément flippante ! Tout le morceau est d'ailleurs inquiétant avec ces riffs rampants et ces mélodies et arpèges complètement dissonants et froids. Les membres de Pestifer n'ont pas l'intention de vous laisser tranquille après l'écoute de leur album et se sont dit que ce serait sympa de terminer l'album sur un morceau totalement hanté pour vous pourrir l'ambiance, on peut dire mission accomplie ! On reproche souvent aux groupes techniques d'être stériles et de ne proposer que de la démonstration, voilà un groupe qui crée un univers et développe des ambiances prenantes et évocatrices tout en vous en mettant plein la vue techniquement. Tout aussi dense qu'il est, "Emblas Saga" passe relativement bien, l'alliance de la mélodie, de la technicité et de la brutalité est suffisamment bien dosée pour que l'on se plonge assez vite dans cet univers froid et sombre.

Un troisième album dans la droite lignée de ces prédécesseurs qui continue de développer le monde de Pestifer et qui montre une fois de plus l'étendue du spectre sonore que couvre ce groupe. Si vous trouvez que la scène death technique tourne en rond, allez jeter une oreille sur "Emblas Saga", vous m'en direz des nouvelles.


Murderworks
Avril 2020




"Prophecy Of Ragnarök"
Note : 15/20

J’ai beaucoup pensé à du Nocturnus après une écoute de surface, il faut dire que les Ricains de Nocturnus sont parmi les pionniers du death metal progressif, ce qui n’en fait pas pour autant le groupe "référence" car de l’eau a coulé sous les ponts depuis leur première galette. Liège fait sauter le bouchon de cire qui, jusqu’à présent, garnissait mes oreilles en les rendant quasiment réfractaire à ce style de death metal. Parfois, je me suis fait violence pour écouter du death prog, et d'autres fois les compos étaient réellement passionnantes à écouter, dès lors je me prenais au jeu en proie à une salivation digne d’un trisomique édenté. Le death prog c’est surtout une affaire de basse, si je ne l’entends pas sur le skeud, c’est mort, je n’accroche pas, car vu la diversité des riffs ainsi que leur complexité, il me faut un ligne directrice sinon le petit triso, il ne suit pas. Sur ce disque-là, la basse se fait clairement entendre, alors que le plaisir commence… je l’espère.

"Reaching The Void" s’ouvre et la première page de ce livre qui en contient neuf a pour titre "Witness Of The Loss". L’expression "belle envolée de guitares" prend tout son sens, car le titre commence justement par une envolé de guitares (pas con le mec, hein !). Juste derrière, la basse semble jouer un style complètement diffèrent parfois, puis recolle par la suite au rythme de gratte, c’est terriblement efficace ! Je monte le son d’un cran, et pourtant il n’est pas cinq heures du mat’. Les multiples changements de rythme qui jalonnent le morceau ne me laissent pas en rade sur le bas-côté, bien au contraire, je me laisse emporter par le chant et la basse... "Exiled To The Abyss" commence déjà, le morceau a une structure plus classique de death metal, les touches de prog viennent s’insérer au fur et à mesure que les secondes s'égrainent. Le brain storming ne s’est fait que chez les musiciens car pour le moment je capte bien les plans. Le morceau est spatial, parfois planant, puis retombe dans une brutalité sourde. Bah merde, le morceau coupe d’un coup à 4 min 22, paf !! Problème de piste ou quoi ?? Ah ok, on retrouve la suite sur "Sarcophaga", le chant guttural est mixé de façon chirurgicale, sans être trop présent, il assure la trame du morceau et nous rappelle à l’ordre quand notre esprit commence à s’évader avec les plans musicaux qui nous attirent avec eux... dans le vide. Jusqu’ici ça va.

"Within The Void" me fait beaucoup penser à du Atheist, mélangeant brutalité et technicité, le morceau est excellent car il effectue le juste retour vers quelque chose de plus death metal, pile poil au bon moment, c’est-à-dire en plein milieu du skeud. Les brebis égarées peuvent recoller au troupeau ! Un morceau court et intense. Pestifer vient de prouver qu’il sait aussi balancer un morceau bien direct avec des pneus larges comme ceux d’un monster truck, c’est pour dire si ça tient la route. C’est marrant comme les figures géométriques sont couramment utilisées pour les pochettes de groupes qui évoluent dans un registre technique. Pestifer ne déroge pas à la règle et s’offre une de ces pochettes si prisée par les aficionados du genre. De toute façon, ils n’allaient pas sortir un skeud pareil avec un artwork ultragore. Logique ! Je replonge dans les lignes de basse passionnantes qui ornent cette entité qu’est "Reaching The Void" et plus particulièrement "The Earthling Chronicles". Le morceau est extrêmement complexe, plein de riffs une nouvelle fois. je le trouve énorme ce morceau, dommage qu’il ne soit pas plus long car lui aussi tourne aux alentours des quatre minutes trente, puis se coupe d’un coup. La suite se fait donc sur "Orbital Failure". Toujours cette basse monumentale qui capte toute mon attention, elle ne sonne pas du tout metal, elle joue à part, créer son monde à part.. Le morceau s’appuie beaucoup sur les toms de la batterie pendant quasiment deux minutes, il est très lent, bien rythmé, carrément épique même. "Orbital Failure" est un morceau très axé sur le rythme de batterie comme je l'ai sous-entendu précédemment..

Bien que je n’ai pas passé en revue tous les morceaux de "Reaching The Void", ni exposé le peu de science que j’ai sur le death metal prog, et sans être parti dans une diatribe ensorcelante à a n’en plus finir pour arriver, in fine, au but inévitable de l’avis personnel. Mon avis restera sans voix pour une fois car c’est un style musical tellement à part que les dévoreurs de death prog vont venir jeter un œil à la galette et j’espère leur avoir donné envie de venir le jeter ce bigleux. Quand aux amateurs d’autres styles, je peux vous assurer que le voyage ou plutôt cette plongée dans le vide se fera sans douleur, ni tourment, par contre Pestifer assure le voyage mais pas l’atterrissage.


Davidnonoise
Mai 2014


Conclusion
Le site officiel : www.pestifer.be