Le groupe
Biographie :

Persefone est un groupe de death metal mélodique et progressif originaire d'Andorre, formé en 2003, et actuellement composé de : Toni Mestre Coy (basse / ex-Acropophet, ex-Profanation), Carlos Lozano Quintanilla (guitare / ex-Rüdi Gannan, ex-Nami), Miguel Espinosa "Iawr" (claviers, chant / ex-Rüdi Gannan), Marc Martins Pia (chant / ex-Ice Blast), Sergi Verdeguer (batterie / Nami) et Filipe Baldaia (guitare / Le groupe a sorti six albums à ce jour : "Truth Inside The Shades" (2004), "Core" (2006), "Shin-Ken" (2009), "Spiritual Migration" en Mars 2013 chez ViciSolum Productions et "Aathma" en Février 2017, toujours chez chez ViciSolum, et "Metanoia" en Février 2022 chez Napalm Records.

Discographie :

2004 : "Truth Inside The Shades"
2006 : "Core"
2009 : "Shin-Ken"
2013 : "Spiritual Migration"
2017 : "Aathma"
2020 : "Truth Inside The Shades"
2022 : "Metanoia"


Les chroniques


"Metanoia"
Note : 17/20

Cinq ans depuis la sortie de l'excellent "Aathma" ça commençait à faire long, même si Persefone en avait profité pour réenregistrer son premier album "Truth Inside The Shades" en 2020. On est donc ravis de pouvoir enfin entendre un nouvel album, "Metanoia" de son petit nom. Vu la complexité et la profondeur de la musique du groupe on leur pardonne aisément d'avoir pris un peu de temps pour revenir avec du nouveau.

Pour les deux du fond qui dormaient dans une grotte, disons que Persefone pratique un death metal mélodique teinté de progressif, très technique mais qui arrive à développer des mélodies et des ambiances magnifiques. La violence est aussi plus présente que chez la plupart des groupes classés comme faisant du death mélodique, ne vous attendez donc à trouver un transfuge de la scène suédoise. Persefone se fait à la fois plus méchant, plus technique, plus profond et plus poignant que tous ces groupes et a depuis ses débuts tenu à développer une personnalité particulière qui lui permet maintenant de se démarquer de tout le reste. Du coup, il n'y a que Persefone pour sonner de cette façon et chercher un groupe qui se rapproche de leur musique va être bien compliqué, ce qui sera un très bon prétexte pour que vous alliez écouter ça vous-mêmes et enfin découvrir cet excellent groupe mérite décidément bien plus de reconnaissance. Mais revenons en à "Metanoia" ! On voit de suite en jetant un œil au tracklisting que les thèmes spirituels sont toujours de la partie, mais ça le nom de l'album nous l'annonçait déjà, mais surtout qu'il y a un petit lien avec le génial "Spiritual Migration" en la présence de la troisième partie de l'instrumental "Consciousness" qui s'étale sur onze bonnes minutes et qui reprend évidemment le thème musical des deux premières. En parlant d'instrumental, c'en est un qui ouvre l'album en guise d'intro sur laquelle on entend le chant d'Einar Solberg de Leprous qui donnera aussi de la voix sur le morceau suivant, "Katabasis". Et tant que nous en sommes à parler des guests présents sur ce nouvel album, mentionnons aussi la présence de la chanteuse Merethe Soltvedt qui avait déjà participé à "Aathma" ainsi que les guitaristes Angel Vivaldi et Steffen Kummerer qui n'est autre que le guitariste chanteur et maître d'oeuvre d'Obscura, du beau monde donc !

"Katabasis" nous fait donc entendre du Persefone typique très proche de ce que le groupe faisait déjà sur "Spiritual Migration" et "Aathma" avec peut-être plus d'emphase dans les arrangements et les orchestrations. On ne va pas s'en plaindre tant ces deux albums étaient excellents et tant le groupe a développé une personnalité qu'il est le seul à faire entendre. On retrouve ces structures mouvantes, ces riffs et ces leads qui tricotent allègrement sur les manches des guitares et de la basse, ces mélodies touchantes et poignantes qui touchent au sublime et ces accès de brutalité à grands coups de blasts. Pas de révolution mais une évolution tranquille, naturelle qui voit le groupe reprendre tous les éléments de sa musique et les pousser progressivement de plus en plus loin. Persefone fait du Persefone et c'est une fois de plus un régal pour les oreilles des amateurs avertis. Parce que mine de rien, ceux qui n'ont pas l'habitude d'écouter des groupes techniques et complexes risquent de perdre leurs repères à certains moments. Mais comme d'habitude, il y a ces mélodies et ces lignes de chant clair qui vous frappent en plein cœur et vous offrent quelques points d'accroche pour vous faciliter un peu l'écoute de ce nouveau pavé d'une heure. "Architecture Of The I" nous gratifie de quelques petits breaks parfois proche de Cynic au milieu d'une violence débridée et de structures là encore assez tordues et un solo qui n'est pas sans rappeler un certain Steve Vai. "Leap Of Faith", instrumental lui aussi, vient calmer le jeu après toute ces rafales de notes et de blasts en posant une ambiance plus introspective et mélancolique, une petite respiration avant la reprise des hostilités. Une reprise qui se fait d'abord en douceur avec "Aware Of Being Watched" qui nous gratifie de ces fameux leads lumineux et gorgés de feeling en son clair dont Persefone a le secret.

On sent que le tracklisting de "Metanoia" a fait l'objet d'un certain soin puisque les éclats violents et techniques sont régulièrement entrecoupés de morceaux un peu plus posés, mélodiques et introspectifs. Non seulement cela permet de ne pas s'en prendre trop dans la tronche d'un coup, parce que mine de rien quand les membres de Persefone s'emballent les notes pleuvent, et cela permet en même temps d'instaurer une dynamique qui garde un impact constant et permet de rester efficace malgré la richesse et la profondeur de ce nouvel album. Il est évidemment conseillé de l'écouter d'une traite et de l'envisager comme un tout, c'est là que "Metanoia" vous dévoilera vraiment toute sa substance et c'est de cette façon qu'il a été conçu. En tout cas aucune déception n'est possible quand on apprécié les deux précédents albums, on retrouve tout ce qui fait la force du groupe et"Metanoia" renferme comme ses grands frères de multiples moments de bravoure qui vous tiennent à la gorge. La fin de "Anabasis Part 2" par exemple qui pose une ambiance magnifique une fois de plus et qui fait entendre des lignes de chant poignantes qui touchent au but. La simplicité et la complexité ont toujours créé un mariage étonnant chez Persefone et ce dernier le fait une nouvelle fois entendre. La complexité des structures, des riffs et des leads d'une part, la simplicité des lignes de chant et des mélodies toujours touchantes d'autre part. Tout ça donne naissance à un équilibre quasiment parfait entre la mélodie, la technicité et l'agressivité qui confirme que Persefone a un talent impressionnant et qu'il serait temps que le groupe soit reconnu à sa juste valeur.

"Metanoia" est donc un excellent album de plus pour Persefone qui enterre la concurrence sans le moindre effort en produisant encore une fois une musique personnelle, poignante, brutale, technique et qui tient de l'orfèvrerie. Si vous connaissez déjà, vous ne serez pas surpris tant ce nouvel album poursuit sur la lignée de ses deux prédécesseurs, ce qui n'est pas un reproche vu la qualité des albums en question. Et pour ceux seraient passés à côté jusqu'à maintenant, c'est l'occasion idéale de remédier à ça !


Murderworks
Février 2022




"Aathma"
Note : 17/20

Quatre ans déjà que Persefone nous a livré le chef d'œuvre "Spiritual Migration" qui tourne encore régulièrement chez moi d'ailleurs. Après un léger changement de line-up (Filipe Baldaia remplace Jordi Gorgues à la guitare et Marc Mas est remplacé à la batterie par Sergi Verdeguer que l'on peut aussi entendre chez Nami), le groupe est de retour avec un nouvel album, "Aathma".

Je ne vous cache pas que j'attendais cet album de pied ferme après la claque que m'avait mis "Spiritual Migration". "Aathma" débute par deux morceaux très courts qui nous régalent une fois de plus avec la science de la mélodie et de la technique propre à Persefone. Une petite entrée en matière qui permet de retrouver très vite ses habitudes et qui prépare le terrain à "Prison Skin", premier véritable morceau de ce nouvel album. Et là encore on retrouve tous les éléments qui ont fait la patte du groupe depuis un petit moment, un death mélodique, technique, saupoudré de sonorités prog, de claviers discrets mais qui apportent une épaisseur non négligeable aux morceaux et ces mélodies poignantes qui vous chopent à la gorge. Si je devais pointer une différence particulière entre "Aathma" et son prédécesseur je dirais que ce nouvel album est peut-être encore plus ardu à assimiler, moins accrocheur et encore plus technique. Mais malgré le niveau extrêmement élevé et pas mal de parties assez tordues, je trouve que Persefone ne s'égare jamais et finit toujours par revenir assez rapidement à la mélodie. Les morceaux ne ressemblent donc pas à des assemblages sans queue ni tête de parties plus ou moins techniques, ce sont une fois de plus les parties les plus mélodiques et les plus poignantes qui permettront d'accrocher l'oreille lors d'une première écoute. Une fois ce palier passé vous allez réellement découvrir l'album et c'est là qu'il va vraiment vous arriver sur la tronche sans prévenir, exactement comme son prédécesseur qui vous laissait croire qu'il était un très bon album alors qu'il était un authentique chef d'œuvre.

Une fois de plus, le groupe place des instrumentaux plus aériens, plus éthérés pour permettre à l'auditeur de souffler un peu et créer un climat encore plus particulier, très zen. Une façon aussi de montrer un visage moins metal, peut-être parfois un peu plus jazzy. Dit comme ça, ça laisse l'impression que Persefone n'invente rien et pioche un peu partout comme beaucoup de groupes depuis quelques années, mais croyez-moi quand je vous dis que ce groupe a son propre univers et que malgré des sonorités ou influences communes à pas mal d'autres groupes, il arrive à faire sonner sa musique d'une façon très personnelle. Il est finalement bien difficile de pointer une quelconque ressemblance avec qui que ce soit en écoutant la musique de Persefone, même quand Paul Masvidal chante sur "Living Waves". Persefone a certes en commun des ambiances aériennes et un goût pour la technique en commun avec Cynic mais la comparaison s'arrête, ces deux groupes ayant leurs pattes respectives. Ceux qui comme moi adoraient le jeu de batterie de Marc Mas sur les deux précédents albums trouveront peut-être celui de Sergi Verdeguer un peu moins fou et original, même si le niveau technique est évidemment largement au rendez-vous le jeu de ce dernier est un peu plus contrôlé. Personnellement, j'aimais bien ce grain de créativité et d'excentricité, voire de folie qui amenait des parties aussi impressionnantes que jouissives. Mais bon, ce ne sont que des détails qui ne doivent absolument pas vous décourager d'écouter "Aathma", si vous avez aimé les deux précédents albums vous allez encore vous prendre une bonne grosse claque !

Au final, "Aathma" se place au moins au même niveau que son illustre prédécesseur et Persefone nous délivre une fois de plus un album d'excellente tenue, à la fois proche du metal actuel dans ses influences mais tellement loin de tous les autres au niveau du résultat final. Ce groupe a définitivement une âme et rien que pour ça, vous devriez y jeter une oreille attentive si ce n'est encore fait. Ne vous laissez pas décourager par l'éventuelle aridité que le côté technique pourrait vous faire ressentir, Persefone a bien plus que ça à offrir.


Murderworks
Mai 2017




"Spiritual Migration"
Note : 17/20

Quatrième album déjà pour les Andorrans de Persefone, après un "Shin-Ken" ambitieux qui avait su se faire remarquer en 2009. Retour donc en 2013 avec "Spiritual Migration" qui compte bien enfoncer le clou et ce à tous les niveaux. Je crois qu'on peut dire que le pari est réussi mais voyons ça en détail.

Persefone a toujours pratiqué un mélange des genres assez touffu, un peu de death mélodique, un peu de prog, alternance de chant guttural et clair etc... Et je serais tenté de dire que c'est seulement là que le bat risque de blesser avec ce nouvel album, car une des facettes qui caractérisait la musique du groupe a été mise quelque peu en retrait sur ce "Spiritual Migration", à savoir le côté le plus atmosphérique du groupe. Alors non, cet album n'est pas devenu du metal ultra bourrin, mais Persefone a mis l'accent sur son côté le plus prog. On a droit à des avalanches de shred dans des soli qui donnent le tournis, des passages très techniques et rythmiquement alambiqués et une légère prédominance des passages énergiques. Et là où le bat blesse doncn c'est que ça risque de décevoir une partie de ceux qui suivaient le groupe et qui préfèrent la facette la plus directe, atmosphérique ou mélodique de Persefone. Pour les autres cet album devrait ravir leurs tympans tant le groupe commence à vraiment maîtriser son sujet !

A ce titre, un morceau comme "The Great Reality" est un tube en puissance qui contient tout ce qu'il faut pour nous ravir, puissance, agressivité, mélodies, passages en chat clair, à la fois technique et accrocheur bref du pur bonheur ! Et tout l'album est du même tonneau, que Persefone verse dans l'agression ou la douceur on se prend une claque. L'album dure tout de même 70 minutes mais je vous garantis qu'on ne les voit pas passer, parce que malgré le durcissement du ton, la musique du groupe est toujours aussi riche et prenante. Et comme sur "Shin-Ken", on sent que la musique proposée est en parfaite symbiose avec les thèmes développés, Persefone a le don d'installer des ambiances différentes et opposées à chaque album tout en gardant une patte immédiatement reconnaissable et ça c'est quand même très fort ! On notera d'ailleurs un petit esprit djent sur "Consciousness Part 1", comme quoi les membres de Persefone suivent ce qui se fait ces derniers temps.

Le groupe s'est amélioré à tous les niveaux, le chant clair est de plus en plus maîtrisé, les lignes de chant vous rentrent dans le crâne pour ne plus en sortir et la prod' est devenue encore plus puissante. Bref une progression à tous les niveaux pour un groupe qui sort des sentiers battus, même sans proposer une musique d'une originalité à tomber part terre, Persefone arrive à proposer un mélange de plusieurs styles tout en y apposant le sien et sans que ça ne sonne comme du réchauffé. Voilà un groupe dont la musique ne se laisse pas dompter aux premières écoutes et qui continue à livrer ses secrets au compte-goutte, le tout avec une personnalité loin de tous les standards actuels qui ont tendance à privilégier la simplicité. Pour faire simple, une bonne grosse claque dans la gueule de ceux qui pensent que le metal est en train de mourir, il y a des groupes pour le renouveler et proposer quelque chose de frais.

Bref, Persefone progresse encore et nous livre un "Spiritual Migration" tout simplement terrible et maîtrisé de bout en bout, et en dehors de l'aspect plus dur par rapport au passé, les amateurs du groupe devraient être aux anges. Malheureusement il faut avouer que le groupe passe quasiment inaperçu chez nous, c'est pourquoi j'invite tous les amateurs de bon metal au sens large à jeter une oreille très attentive à leur musique.


Murderworks
Juin 2013


Conclusion
L'interview : Sergi "Bobby" Verdeguer

Le site officiel : www.persefone.com