Isis et Chino. Moreno et Isis. Arrête de cligner des yeux, je ne déconne pas. Ce qui pourrait être de l’ordre du fantasme existe bel et bien et vous êtes les heureux chanceux qui peuvent, avec vos oreilles chéries, savourer une telle entreprise. Alors à quoi peut-on s’attendre ? Pour tout vous avouer. On ne saisit pas immédiatement la teneur du propos. "Future Warrior" vient remplir notre tête de sonorités savoureuses, onctueuses. On se laisse rapidement happer par le truc mais Monsieur Moreno attend quand même la minute trente avant de nous dévoiler son grain de voix si particulier.

Vocalement, on penche un tantinet plus vers du Team Sleep, le side-project du frontman de Deftones, bien qu’une fois encore, il réussit à innover et surprendre. Les guitares saturées ne tardent pas à plomber la musique, mais dans des proportions moindres qu’un Isis pure tradition l’aurait fait. Isis donc, et Chino, semblent avoir trouvé un terrain de jeu en faisant chacun, un pas vers l’autre, et aboutir à une union pleine de bonheur… notre bonheur. Palms confirme cette hypothèse dès "Patagonia". On reste les deux pieds plantés dans les sables mouvants d’une musique plutôt posée, profonde, écrasante parfois, mais surtout, qui sait jouer des silences. Notons que le groupe s’impose ici un format plutôt long avec des titres compris entre les six et dix minutes avec par exemple "Mission Sunset". Et quel morceau ! On sent que, petit à petit, on monte en intensité. Musicalement déjà et puis, soudainement, par une voix de Chino plus torturée. Ca chante terriblement bien, les émotions ressenties sont inévitables. Magistral, sublime, divin… que dire de plus ? Cette collaboration surprend, dans le bon sens du terme, par sa forme et son fond.

N’attendez pas de Palms une simple addition de la voix de Moreno à la musique d’Isis. Nous sommes ici en présence d’une véritable entité musicale. Chaque titre est une perle rare, unique, il suffit d’écouter la seconde partie de "Short Wave Radio" pour en être convaincu. On se laisse bercer par les mélodies envoûtantes de "Tropics" puis, parce que toutes les bonnes choses ont une fin, le son se coupera après "Antarctic Handshake" en vous déposant, non pas comme un cheveu sur la soupe, ça manquerait de poésie, mais plutôt comme une plume sur un lac sauvage au milieu des montagnes au coucher du soleil. Parce que Palms ça fait partir loin, et comme la plume, on souhaite restait collé à cette sereine étendue d’eau.