Le groupe
Biographie :

Combinaison de rencontres spontanées et d’une volonté d’explorer un genre encore peu représenté en France à l’époque, Oruga apparaît au début de l’année 2010. Ne se revendiquant d’aucune scène en particulier, la musique du groupe marie de manière viscérale la lourdeur oppressante du doom à la rage crasse du sludge, s’imprégnant de l’agressivité du metal pour la fondre aux dynamiques hypnotiques du stoner. Sans se prétendre révolutionnaires, les morceaux sont joués à hauteur d’homme, avec le coeur et les tripes. Expressions écorchées de sentiments inavoués et de frustrations refoulées, s’échappant d’une voix à la limite de la rupture, les maux d’Oruga explosent sur un rythme de plomb, rehaussés par la puissance de riffs rugueux et dissonants. Massif, cru et désespéré, flottant dans une rancoeur froide et mélancolique, loin des rivages commerciaux et des affiliations, le son d’Oruga est à l’image de leur région d’origine, le Nord… Sincère et authentique.

Discographie :

2013 : "Oruga" (EP)
2014 : "Blackened Souls"


La chronique


Quand on reçoit une des productions d'Apathia, on se demande toujours à quelle sauce on va être mangé, sauf que cette fois ce sera de façon un peu plus conventionnelle par rapport aux autres sorties du label. Oruga, originaire de Lille, débarque donc sur ce label avec son premier album "Blackened Souls", après avoir réédité la précédente sortie du groupe l'EP "Oruga". Mais si c'est pas un truc tordu, qu'est ce que c'est alors ? Le groupe définit sa musique comme une sorte de croisement entre le doom, le sludge et le metal au sens large.

Et effectivement c'est gros, c'est gras, c'est lourd et c'est sombre ! D'ailleurs je tiens à préciser tout de suite que cet album a été enregistré live en studio, pas de prises séparées, tout le monde en même temps et ça se fait très rare de nos jours et le côté très carré de la chose en est encore plus impressionnant ! Certes précisons aussi d'emblée qu'Oruga n'invente rien, mais la maîtrise est là et le mélange riffs de bûcherons / ambiances plombées ou enfumées fonctionne à merveille. "Blackened Souls" prend un malin plaisir à nous écraser pendant 45 minutes, nous enfonçant par la même occasion la tête au fond d'un marécage jonché de cadavres en putréfaction. On pourrait presque parler d'une musique urbaine tant elle reflète la crasse du monde qui nous entoure, un constat sonore de la merde dans laquelle on patauge tous les jours. Un espace musical dans lequel la colère côtoie le désespoir et où, parce que oui outre les ambiances méchamment plombées on sent la colère qui ressort de chaque riffs ou tout simplement du chant. Chant qui me rappelle par moments les cris rageurs et désespérés des anciens Neurosis, même si la comparaison s'arrête là, n'ayez crainte nous ne sommes pas en présence d'une énième copie (les passages les plus désespérés me rappellent parfois Amenra). On retrouve quand même, comme je le disais, quelques mélodies qui apportent un tout petit peu d'air frais le temps de quelques secondes, pour mieux nous faire suffoquer ensuite. Le dernier morceau "Ghosts Of Anneliese" illustre assez bien mon propos d'ailleurs, à la fois mélodique, mélancolique d'un côté et doté d'une lourdeur à toute épreuve de l'autre.

Sachant qu'Oruga signifie "chenille" en espagnol, il n'y a rien d'étonnant à ce que leur musique soit rampante (ouais, je sais, elle était facile celle-là). On retrouve aussi quelques riffs dissonants qui me rappellent un peu Zatokrev, surtout sur "Heretics" en fait. Mais malgré les deux ou trois passages qui me rappellent des sonorités entendues ailleurs (ce qui est de toute façon le cas chez n'importe quel groupe), Oruga fait du Oruga, le groupe a sa patte et quand elle vous tombe dessus elle vous assomme bien comme il faut ! Le chant d'ours mal léché en rajoute encore un peu plus au milieu de tout ce goudron et ce plomb en fusion, un raclement de gosier bien arraché et rageur. De temps en temps, on a droit à un gros nuage de fumée pour alléger un peu l'ambiance, mais les énormes enclumes parsemées un peu partout dans ces trois bons quarts d'heure nous retombent bien vite dessus. Il n'y a bien que "Ghosts Of Anneliese", comme je le disais plus haut, qui offre plus de mélodie et de mélancolie, on reste dans le lourd mais un mince rayon de lumière arrive à percer. Niveau son, on a du gras bien puissant et écrasant, ça colle parfaitement au style et ça fait le boulot comme il faut.

"Blackened Souls" n'a pas la prétention de bouleverser un quelconque style musical, mais sa capacité à nous plomber l'ambiance et son efficacité au niveau des riffs purement metal font d'Oruga un groupe à surveiller de près. Que les amateurs de metaux lourds et crasseux jettent une oreille attentive à ce premier véritable album, ça devrait les titiller un minimum.


Murderworks
Juillet 2014


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.thisisoruga.blogspot.fr