La pandémie n’aura définitivement pas eu raison des groupes les plus persévérants, même les plus jeunes, en témoigne "Learning To Dissolve", quatrièmme et dernier album des Américains d'Orthodox, venus tout droit de Nashville, ville plus réputée pour le rock country que pour le metal.

Deux ans après la sortie de "Let It Take Its Course", le quatuor versé dans le metal moderne remet donc le couvert avec 11 titres qui sentent bon la rage juvénile et les guitares saturées. Enregistré au Graphic Nature Studio (Thy Art Is Murder), cet album n’a pourtant failli jamais voir le jour, la faute à une tempête de tous les diables ayant littéralement noyé le studio le dernier jour, dont le PC sur lequel figurait toutes les chansons fraîchement enregistrées du groupe. Heureusement, plus de peur que de mal, les données ayant été récupérées, l’album a pu sortir sans être réenregistré.

Derrière l’envie manifeste du groupe de bien faire, qu’est-ce qui se cache derrière ce quatrième effort ? On attaque donc avec "Feel It Linger", puissant et nerveux, aux paroles profondes sur la noirceur de chaque être humain, cachée dans nos ombres (il s’agit vraisemblablement d’une métaphore sur la dépression). On attaque ensuite avec "Head On A Spike", premier single de l’album bénéficiant d’un clip vidéo. Cette chanson a été écrite contre les détracteurs du groupe. Une manière de leur montrer que malgré le feu des critiques, le groupe est toujours là au mieux de sa forme. Basé sur un riff complexe laissant la part belle à la double pédale, ce titre est assez représentatif du groupe, à savoir des compos qui partent un peu dans tous les sens, alternant les riffs complexes et des phases plus nu metal, des changements de tempos dans les breaks sur le modèle de Slipknot et surtout un gros son très agressif. "Cave In", titre suivant, axé sur la remise en question et l’envie de tout foutre en l’air, propose là encore sur le schéma de composition des idées très intéressantes. L’ensemble ne respire hélas pas vraiment, à tel point que l’enchaînement de deux titres relativement similaires, "Digging Through Glass" et "Nothing To See", semble ne faire qu’une seule et même chanson.

En bref, cet album, loin d’être catastrophique, ressemble à du sous-Slipknot-like, inspiré mais pas forcément bien construit. A réserver à un public de jeunes fans indulgents.