Orm est un groupe de black metal épique / mélodique formé en 2015. Il est composé de Simon et Theis (guitares, chant), Adam à la batterie et Troels à la basse. Le groupe a sorti son premier album "Orm", le 24 Mars chez Indisciplarian.

Orm ne tire pas son nom de nulle part, qui veut d’ailleurs en dire long quant à son univers musical. Le Orm est une créature – un gigantesque serpent - issue de la mythologie nordique. La somptueuse pochette, réalisée par l’artiste italien Paolo Girardi (Bell Witch, Inquisition, Black Breath…), est elle aussi dans sa beauté assez révélatrice. Nous savons donc mieux à quoi nous attendre : un monde d’un ancien temps, gouverné par les Dieux et peuplé de chimères. La majestuosité est là dès le premier morceau, "Blood Of Your Blood". Dans la violence des blast beats et des deux voix - dont une au timbre plus grave, "growlant", et l’autre plus aiguë -, la mélodie des guitares est comme une percée de lumière. La production sonne volontairement old school, et appuie encore davantage la musique brute mais harmonieuse de Orm. L’ajout de voix féminines, cristallines et aériennes, est la touche finale de ce morceau à la beauté fragile. Dans une continuité parfaite, notre quête se poursuit avec "Ancient Echoes", tantôt dans l’univers black metal pur, tantôt dans une dimension onirique, où les airs de guitare s’envolent et planent autour de nous. Parfois les deux univers fusionnent, et c’est là où c’est le plus beau. Chaque guitare emporte avec elle son propre monde et son ambiance, entre modernité et passé ancestral. Stylistiquement parlant, les influences ne se limitent pas qu’au black metal comme nous pouvons l’entendre ici. Certains rythmes et riffs empruntent au heavy, et le son ainsi que la manière de jouer des guitaristes ne sont pas aussi traditionnels que la production elle-même, et s’ancrent davantage dans notre époque actuelle.

Ce sont tous ces éléments, qui au premier abord peuvent sembler être des détails, qui donnent à "Orm" la grandeur et la dimension épique recherchées. "Temple Of The Deaf" opère un petit virement musical dans cet album. On revient ici – en partie du moins -, dans le black originel, au tempo effréné et aux riffs simplistes et tronçonnants. L’ambiance n’est plus la même non plus, on entre dans quelque chose de plus sombre et malsain. L’immersion est totale. La basse est coupante comme une lame de rasoir, et ponctue le riff qui se répétera tout au long du morceau, et en deviendra presque hypnotique. Nous ne perdons tout de même pas l’essence de Orm, l’harmonie et la finesse sont là, la structure change constamment et les ressentis aussi. Les échos féminins font leur apparition ici également, ils sont certes brefs mais préservent cette atmosphère grandiose, presque religieuse. On est de nouveau pris de court quand démarre "Apotheosis" à l’intro légère en acoustique, qui enchaîne sur une suite de riffs grouillants et de chants puissants entrecoupés de passages atmosphériques à en donner la chair de poule.

Bien que Orm ne soit pas le premier groupe à œuvrer dans le genre, il ne tente pas de ressembler ou "faire comme" ce qui a déjà été fait auparavant, son image est bien définie et son travail unique. Nous sommes au carrefour de diverses idées, influences et choix artistiques, et il faut le dire, le résultat est là. Nous partageons l’aventure avec eux, qui s’achève avec "A Tree Ablaze/Yggdrasil Brænder". Ce morceau est pour ainsi dire la consécration de cet album, il est tout ce que nous aurions pu attendre de lui en tant qu’ultime titre. Il atteint l’apogée du grandiose et de l’épique, par les échos qui le ponctuent tels des spectres qui ne se consumeront jamais, et la montée en puissance, lente mais certaine. Une outro acoustique, belle et poétique, est jouée jusqu’à s’éteindre, seconde après seconde. Si je devais définir "Orm" en un seul mot, je choisirais : majestueux. Cet album est irréprochable de bout en bout, tout est fait pour nous transporter dans un autre temps inconnu et magnifique, où nous pouvons rêvasser à loisir et vivre la musique. Le perfectionnisme est poussé jusque dans les moindres détails, c’est une véritable pièce de maître que nous avons là.