Le groupe
Biographie :

Oranssi Pazuzu est un groupe de black metal psychédélique finlandais formé en 2007 et actuellement composé de : Ontto (basse, chant / Waste Of Space Orchestra, Atomikylä), Korjak (batterie / Waste Of Space Orchestra), EviL (clavier, orgue, effets, percussions, chant / Waste Of Space Orchestra), Jun-His (chant, guitare / Three Pound Trigger, Waste Of Space Orchestra, Atomikylä, Grave Pleasures, ex-Kuolleet Intiaanit) et Ikon (guitare / Domovoyd, Waste Of Space Orchestra, Kairon; IRSE!). Oranssi Pazuzu sort premier album, "Muukalainen Puhuu", en Avril 2009 chez Violent Journey Records, suivi de "Kosmonument" en Octobre"Mestarin kynsi" 2011 chez Spinefarm Records, de "Valonielu" en Octobre 2013 chez Svart Records, de "Värähtelijä" en Février 2016, de "Mestarin Kynsi" en Avril 2020 chez Nuclear Blast, et de "Muuntautuja" en Octobre 2024.

Discographie :

2009 : "Muukalainen Puhuu"
2011 : "Kosmonument"
2013 : "Valonielu"
2016 : "Värähtelijä"
2017 : "Farmakologinen" (EP)
2017 : "Kevät / Värimyrsky" (EP)
2019 : "Live At Roadburn 2017" (Live)
2020 : "Mestarin Kynsi"
2024 : "Muuntautuja"


Les chroniques


"Muuntautuja"
Note : 16/20

Le démon fou Oranssi Pazuzu est de retour. Plutôt discret depuis sa précédente sortie, le groupe composé de Jun-His (chant / guitare, Three Pounds Trigger, ex-Kuolleet Intiaanit), Ontto (basse / chant, Atomikylä), Korjak (batterie), EviL (clavier / effets / chant) et Ikon (guitare, Domovoyd), tous également membres de Waste of Space Orchestra, dévoile en 2024 "Muuntautuja", son sixième album.

L’album débute par les percussions étranges de "Bioalkemisti", suivies par la basse, la batterie et les claviers, puis par le chant qui accentue l’oppression créée alors que la guitare rejoint le mélange. Le son est tout aussi chaotique et psychédélique qu’imprévisible, créant cet espèce de nuage obscur duquel peuvent parfaitement sortir des choeurs imposants comme des leads criards ou des claviers futuristes avant que "Muuntautuja" ne prenne sa place, développant sa propre mixture inquiétante. Si les premiers moments sont relativement calmes, le son va s’alourdir considérablement pour créer une masse hypnotique mais qui cesse brusquement pour permettre à l’atmosphère envoûtante de "Voitelu" de la remplacer, s’approchant parfois plus du metal avant-gardiste que du black metal. Les parties vocales restent agressives, mais l’instrumentale cherche à retenir notre attention par tous les moyens en s’alimentant avec des sonorités bruitistes permanentes, mais le groupe nous autorise un moment de répit avec "Hautatuuli", où les musiciens restent assez calmes.

Même le vocaliste se met à murmurer, mais le groupe s’enflamme vers la moitié du titre, dévoilant une création majestueuse et protéiforme qui s’apaise à nouveau pour reprendre ses tonalités originales en nous menant vers "Valotus", une composition bien plus énergique qui sait autant tirer parti d’harmoniques singulières que d’un blast véloce. Le groupe conserve son approche saccadée jusqu’à rencontrer une nouvelle pause, puis une véritable apocalypse sonore jusqu’à ce qu’"Ikikäärme" ne propose sa touche complexe qui devient de plus en plus brumeuse avec le temps. Les apparitions vocales confirment l’étrangeté des riffs, mais le tout finira par s’enflammer avec une saturation abrasive et lancinante avec même une pointe de mélancolie qui va perdurer lorsque la longue composition redescend en intensité, et se perd dans le néant, rejoignant la froide "Vierivä Usva" avec laquelle les musiciens nous bercent et nous fascinent une dernière fois avant de raccrocher leurs instruments.

Bien que relativement habitué à ces expérimentations musicales étranges, je ne peux m’empêcher de penser que les musiciens d’Oranssi Pazuzu sont habités. Vous ne devriez vous attendre à rien avec "Muuntautuja", pour être pleinement surpris par sa folie.


Matthieu
Octobre 2024




"Mestarin Kynsi"
Note : 18/20

Les expérimentations musicales sont légion, mais Oranssi Pazuzu reste une référence en la matière. Créé en Finlande en 2007 par Jun-His (chant / guitare, Three Pounds Trigger, ex-Kuolleet Intiaanit) et Ontto (basse / chant, Atomikylä), ils recrutent Korjak (batterie), EviL (clavier / effets / chant) et Moit (guitare). L’aventure démarre, entre black metal, sonorités psychédéliques et technicité musicale. Un premier album en 2009 lance le rythme, mais c’est en 2016, après la sortie du quatrième album qu’Ikon (guitare, Domovoyd) remplace Moit. Le groupe crée Waste Of Space Orchestra en 2018 en collaboration avec Dark Buddha Rising et c’est finalement en 2020 que sort chez Nuclear Blast "Mestarin Kynsi", le cinquième album de la formation.

On débute l’aventure avec "Ilmestys", un titre énigmatique, sombre, intrigant, et bien évidemment ce son si particulier. Entre claviers hypnotiques, sonorités étranges et black metal glacial, le groupe avance. Il faudra attendre la fin du morceau pour retrouver les guitares saturées comme on les aime, mais la patte de la formation est bien présente. Même constat pour "Tyhjyyden Sakramentti", on reconnaît clairement le touche des Finnois. Le morceau prend un peu plus le temps d’étaler ses différentes nappes sonores, mais on retrouve rapidement la noirceur des riffs qui accompagnent l’étrangeté musicale à laquelle nous sommes habitués. Le son s’apaise, repart, s’envole à nouveau… "Uusi Teknokratia" et ses claviers futuristes donne naissance à de nouvelles ambiances, qui se mêlent au chant effrayant du vocaliste. Mais une rythmique lourde tombe à nouveau, et la folie reprend le dessus.

"Oikeamielisten Sali" semble plus calme, à la fois au niveau de la composition que de l’intensité du tempo, mais le titre n’en est pas moins intéressant. Mêlant diverses influences sous une grosse dose de maîtrise musicale et de folie, le groupe se plaît à abuser de claviers et de mélodies au son clair. On continue sur "Kuulen Ääniä Maan Alta" qui est… eh bien presque dansante, avec des passages qui se rapprochent presque de l’electro, mais les hurlements viennent rappeler les origines musicales de la formation dans un mélange somme toute assez chaotique qui finira par s’apaiser dans une sorte de mélange ambiant / trance. Dernier titre, "Taivaan Portti" renoue avec un son sale et violent, un mur de noirceur auditive sur lequel transparaît quelques petites notes plus douces, plus aériennes et qui viennent contraster le tout, rompant ainsi la linéarité du morceau.

Pour une surprise, "Mestarin Kynsi" en est une ! Oranssi Pazuzu n’est pas réputé pour son accessibilité musicale, et ces six titres ne font pas exception à la règle. Plusieurs écoutes sont nécessaires pour s'accommoder à cet univers particulier et en apprécier toutes les nuances. Attention cependant à ne pas vous noyer dans les claviers.


Matthieu
Mai 2020


Conclusion
Le site officiel : www.oranssipazuzu.com