Le groupe
Biographie :

Operation: Mindcrime est un groupe de metal progressif américain formé en 2014 par l'ex-chanteur de Queensrÿche (suite à son éviction en 2012), Geoff Tate, et qui comporte des musiciens tels que John Moyer (Disturbed) et Simon Wright (AC/DC, Ronnie James Dio). Le groupe a signé un contrat avec Frontiers Music en Décembre 2014 pour la sortie de son premier album, "The Key", également le premier d'une trilogie, en Septembre 2015. Le second, "Resurrection", est sorti en Septembre 2016. Le troisième album de la trilogie, "The New Reality", est sorti en Décembre 2017.

Discographie :

2015 : "The Key"
2016 : "Resurrection"
2017 : "The New Reality"


Les chroniques


"Resurrection"
Note : 14/20

Troisième volet du concept initié par Operation: Mindcrime avec "The Key", voici "The New Reality" qui est donc aussi le troisième album du groupe. Si "The Key" était un bon album, son successeur ne m'avait pas vraiment convaincu, c'est donc avec crainte que je me suis lancé dans l'écoute de ce nouvel opus.

Pourtant, après une longue intro, "A Head Long Jump" présente des mélodies prenantes, sombres, mélancoliques et bien plus habitées que ce que "Resurrection" proposait dans son ensemble. Si quelques effets sonores sur la voix sont un petit peu datés ou maladroits, ça n'enlève rien au fait que ce premier morceau, même s'il met du temps à démarrer, est plutôt bon. "Wake Me Up" prend la suite avec quelque chose de plus hard rock, plus groovy et énergique et très accrocheur. Là encore l'inspiration est au rendez-vous, les lignes de chant et les mélodies sont bien trouvées même si on note encore une fois la présence d'effets un peu kitsch. Pas de quoi gâcher l'écoute, après tout le prog, par exemple, regorge de sons de claviers improbables et ça ne m'empêche pas d'adorer ça. Les morceaux sont longs et tournent régulièrement autour des six ou sept minutes, ce qui était déjà parfois le cas sur "Resurrection" et c'était souvent un défaut d'ailleurs. Comme d'habitude, les morceaux s'enchaînent et "The New Reality" s'appréhende mieux quand il est écouté d'une traite, concept album oblige. L'ambiance y est d'ailleurs bien plus sombre, plus torturée, ce qui donne un visage plus dur à cet album malgré l'absence de gros riffs et de guitares massives. "It Was Always You" expérimente avec des sonorités et un rythme emprunté à la musique électronique sans pour autant reléguer les guitares au placard puisqu'on a droit à de jolis soli. Globalement, l'inspiration est de retour même si ce genre de musique ne plaira évidemment pas aux fans de gros power qui tache, ou pire d'extrême bien bourrin. Le public visé ici se trouve en gros dans le hard, le rock et le prog, puisque comme je le disais Operation: Mindcrime n'hésite pas à expérimenter et à proposer des morceaux moins immédiats qui portent le concept sur leurs épaules.

Si "Resurrection", m'avait refroidi ce nouvel album me réconcilie avec le groupe, même si je ne le rangerai pas dans la catégorie des chefs d'œuvre intemporels pour autant. Toujours est-il que "The New Reality" est un album sincère, plus inspiré que son prédécesseur et relativement original. On retrouve la personnalité de Geoff Tate, pas celle d'un groupe qui aurait pu l'inspirer, c'est sa patte qui marque "The New Reality" de son sceau. D'ailleurs, son chant est impeccable comme d'habitude, j'aurais été étonné qu'il en soit autrement vu le talent du bonhomme à ce niveau-là. Bon, certains morceaux sont encore inutilement longs mais c'est un petit défaut qui pèse bien moins lourd que sur "Resurrection". En contrepartie, on trouve des morceaux accrocheurs comme "My Eyes" qui balancent des lignes de chant et des mélodies mélancoliques du plus bel effet pour un titre compact qui reste dans la tête un moment. L'heure que dure quasiment l'album passe plutôt vite et on se surprend à avoir certaines mélodies à l'esprit à la fin de l'écoute, la preuve que le groupe a repris du poil de la bête depuis "Resurrection". L'exercice du concept album est toujours difficile et risqué, on pardonnera donc à Operation: Mindcrime d'avoir eu un petit passage à vide après un premier album de qualité, d'autant que "The New Reality" remonte le niveau et que ces trois albums font partie du même concept. Niveau production, pas de souci, en dehors des quelques sons un peu datés le tout sonne très bien et a suffisamment de puissance et de clarté.

Un troisième album au-dessus de "Resurrection" qui renoue avec l'inspiration et qui propose une musique plus sombre, plus poignante et plus maîtrisée. Pas encore de quoi marquer les esprits au fer rouge mais il y a du mieux.


Murderworks
Octobre 2018




"Resurrection"
Note : 11/20

Après les déboires judiciaires liés au nom Queensrÿche, Geoff Tate est revenu avec son groupe sous le nom Operation: Mindcrime, et ce "Resurrection" est donc la suite directe d'une trilogie initiée par "The Key" en 2015.

Si son prédécesseur était plutôt solide et présentait une certaine cohérence malgré une hétérogénéité assez prononcée, on ne peut pas vraiment en dire autant de "Resurrection". Déjà l'album commence par quatre pistes d'introduction très courtes qui se veulent cinématographique à grands coups d'effets sonores, samples et autres bidouilles electro ou narratives. Certes c'est pour servir le concept puisque comme je le disais "Resurrection" est littéralement la suite de "The Key", mais à l'écoute ça passe plus difficilement. On note d'ailleurs assez rapidement que ce nouvel album se veut plus expérimental que son grand frère, c'est parfois réussi et d'autres fois beaucoup moins notamment sur les derniers titres de l'album qui se perdent un peu dans leurs propres délires et qui en plus ont tendance à durer de plus en plus longtemps. Pour le reste, c'est de bonne facture mais sans plus, Geoff Tate a déjà fait mieux par le passé et d'autres ont fait mieux dans le même genre aussi. "Left For Dead", premier vrai morceau de l'album, par exemple, s'écoute tranquillement mais n'est ni particulièrement émouvant ni marquant, c'est accrocheur et très radio friendly mais c'est surtout déjà entendu mille fois. Je ne reproche absolument pas au groupe de ne pas refaire le Queensrÿche de la grande époque, puisque même l'autre Queensrÿche n'y arrive pas non plus, mais en comparaison de "The Key", je ne peux m'empêcher de constater que ce nouvel album est un gros cran en dessous.

Sachant qu'il doit y avoir un troisième volet, il serait intéressant d'écouter les trois albums ensemble quand ce sera terminé pour voir si le tout s'intègre mieux mais j'ai quand même un doute. "Resurrection" est quand même bien moins inspiré et cohérent que "The Key", ça part un peu dans tous les sens et même si le procédé était déjà appliqué sur le précédent opus, ça collait bien mieux. Ici, il manque quelque chose pour lier tous ces morceaux ensemble et au bout de plus d'une heure de musique on a plus l'impression d'avoir écouté une compilation qu'un album. Et comme je le disais plus haut, à partir de "Invincible", ça se gâte vraiment, les morceaux deviennent inutilement longs ( plus de sept minutes pour celui-ci) et quand on ajoute la durée des morceaux à leur manque d'inspiration ça commence à peser lourd. Dommage parce qu'à côté de ça la voix de Geoff Tate fait encore largement le boulot, le bougre sait foutrement bien chanter et nous le prouve une fois de plus mais si les compositions ne suivent pas ça ne suffit pas à transporter l'auditeur. Vraiment dommage parce que niveau production c'est du très bon boulot aussi, le son est puissant, propre, clair, parfaitement adapté au style. Il y a globalement de bonnes idées, de bons passages, des expérimentations intéressantes mais je le redis, c'est la cohérence qui fait défaut. "Into The Hands Of The World", par exemple, présente un côté plus dur et plus sombre intéressant mais le morceau s'égare dans des expérimentations assez malvenues, le même constat peut être fait plus d'une fois sur "Resurrection".

Un deuxième album pour Operation: Mindcrime qui laisse donc une impression mitigée, peut-être sorti trop tôt après "The Key" puisqu'à peine une année les sépare. Il manque en tout cas quelque chose à ce nouvel album pour en faire un bon cru, en l'état il est assez plat et risque de décevoir ceux qui avaient accroché à "The Key".


Murderworks
Janvier 2017




"The Key"
Note : 17,5/20

Encore une fois, Frontiers Music nous envoie une petite pépite, il faut dire que le label italien est le spécialiste européen (et peut-être même mondial) de ce qui se fait et pourrait se faire en hard rock dit classique, en metal mélodique ou en icônes de notre musique préférée. Soyons clairs sur ce point. Je dirais qu’il est impressionnant d’observer à quel point ce label nous inonde littéralement de grandes gloires ou de légendes. Aujourd’hui, les amis, j’ai le plaisir de vous présenter Operation: mindcrime qui nous arrive avec "The Key".

Operation: Mindcrime, bim ! Petite lumière qui s’éclaire, ça va de suite parler aux plus anciens puisque c’est le titre d’un des albums de metal les plus marquants de l’histoire du metal, œuvre des Américains de Queensrÿche. Mais voilà, le temps a fait son œuvre, le groupe a connu quelques problèmes internes et son très charismatique chanteur, Geoff Tate, s’en est allé. Quel plaisir toutefois de le voir aujourd’hui revenir quelque peu dans le business, à la tête d’un big band non pas de jazz mais de metal. Je m’explique : autour de Geoff, s’est réuni pas moins de 9 musiciens ! Effectivement, Geoff s’est entouré de deux guitaristes, deux bassistes, trois batteurs, un clavier et un vocaliste. Oui, on peut dire qu’Operation: Mindcrime est pour ainsi dire un supergroupe. Geoff a réuni autour de lui, entre autres, Simon Wright (AC/DC, Dio) ou encore Dave Ellefson de Megadeth... Boum ! "The Key" est la première partie d’une trilogie imaginée par Geoff qui démontre encore une fois qu’en plus d’être un grand vocaliste et une voix d’exception, il est un compositeur de talent. Ce premier album présente 12 titres pour prés de 48 minutes d’un metal progressif et mélodique. Geoff continue donc dans un style qu’il affectionne particulièrement, une musique où l’être humain est au cœur de la création, de l’écriture. Geoff a confié il y a peu être fan de vieux groupes de progressif (tels que Yes, Magma, Rush et bien d’autres) et cela s’entend tout au long de cet album mais surtout sur le titre "Re-inventing The Future" que personnellement j’aime beaucoup ou "Ready To Fly" avec son solo de clavier très floydien. Geoff ne s’est mis aucune barrière, il a écrit la musique qu’il voulait, qu’il sentait, il a laissé libre cours à son imagination et au final, point de déception. Je dois avouer que l’annonce du départ de Geoff, il y a quelques années, de Queensrÿche m’avait laissé songeur quant à un avenir enclin à la création (l’image du groupe qui reste encrée à vie par exemple, qui colle à la peau) mais Geoff démontre depuis qu’il y a une vie après et "The Key" en est le meilleur exemple.

Attention, on ne verse pas dans la nostalgie mais on parle bien ici d’avenir, de futur. Bon d’accord, Geoff n’a pas invité autour de lui des manches, ce qui me fait dire une seule chose : vivement la suite ! Geoff n’a rien perdu de sa passion, de sa fibre créatrice, de son envie d’offrir le meilleur à ses fans et c'est tant mieux ! Au final, on obtient un album où le côté progressif et mélodique est très mis en avant, voire omniprésent. Vous me direz, le contraire aurait été très étonnant. Frontiers Music marque encore un point (c’est une fâcheuse habitude !). La clé est dans la serrure, à vous d’ouvrir le pêne désormais...


Vince
Octobre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.operationmindcrime.com