Amateurs de metal extrême et de progressif, tendez l'oreille ! Les Belges d'Omnerod reviennent avec leur troisième album "The Amensal Rise" et si l'on reconnaît la patte déjà présentée sur les deux premiers méfaits du groupe, on sent cette fois un grain de folie supplémentaire et un spectre sonore encore plus large. Si vous aimez le metal qui ne se met aucune barrière, vous devriez passer un bon moment pendant ces soixante-dix minutes qui vous promettent un voyage mouvementé !
Chez Omnerod, on a donc du metal progressif avec quelques influences reconnaissables, comme Leprous qui s'entend dans le chant de "Sunday Heat" qui ouvre l'album, les inévitable Opeth ou la folie dansante d'un Devin Townsend dans ses moments les plus allumés. Mais il y a aussi ces sonorités death metal très lourdes et puissantes, cette pointe de metal moderne et ces guitares accordées très bas. Un mélange de puissance brute, de velléités expérimentales et de fragilité qui s'expriment dans certains passages emprunts d'une certaine sensibilité (c'est d'ailleurs là que l'on reconnaît l'influence Leprous). Mais malgré ces influences reconnaissables Omnerod arrive à proposer quelque chose de personnel et d'assez fou, bien plus fou que ses deux précédents albums d'ailleurs. "The Amensal Rise" garde la personnalité que le groupe avait développée sur "Ivory Dune" et "Arteries" mais pousse tous les potards dans le rouge et va plus loin à tous les niveaux. Les morceaux sont une fois de plus très longs et flirtent souvent avec les dix minutes, de quoi développer pas mal d'ambiances et nous surprendre plus d'une fois. Et si "Sunday Heat" justement avec ses six minutes reste relativement contrôlé, ce n'est pas le cas de "Satellites" qui s'approche des douze minutes et fait de suite entendre des structures et riffs plus complexes et plus mouvants. On y entend des riffs pesants, une ambiance rampante et inquiétante, une certaine sensibilité dans le chant clair et plusieurs passages plus brutaux ou techniques qui déploient une folie qui peut parfois se rapprocher du Devin Townsend de "Infinity". La fin de "Satellites" justement est totalement dissonante et développe une ambiance bien plus inquiétante que ce que laissait entendre le début du morceau avec ses claviers aux airs de fanfare déglinguée. Quand le groupe se lâche, il en devient presque malsain quand sa folie dissonante se mélange à un death metal puissant et brutal, appuyant là encore sa singularité et s'émancipant en partie de ses influences.
D'ailleurs, le dernier morceau de l'album "The Commensal Fall", est une belle boucherie et un petit monument de folie furieuse ! "Spore" aussi nous fait entendre un groupe qui pète totalement les plombs avec des passages aériens en chant clair, d'autres totalement jazzy, du gros brutal dissonant qui tache avec tapis de double et rafales de blasts et riffs saccadés typiquement djent, le tout avec break acoustique en bonus ! Les cassures rythmiques sont évidemment légion et si le groupe se fait plaisir techniquement, on sent toujours cette patte mélodique et cette sensibilité dans les ambiances qui permettent de garder quelques points d'accroche au milieu de tout ce bordel. Tout ça est tout de même éprouvant et "The Amensal Rise" risque d'en mettre quelques uns sur les rotules, donc si vous ne vous sentez pas l'âme aventureuse vous risquez de déchanter. "Magnets" fait ressortir, quant à lui, le visage le plus agressif du groupe et sort les blasts, les riffs tordus et dissonants, le chant hurlé, les growls et les passages groovy et brutaux briseur de nuque. Là encore la mélodie trouve son chemin et un break acoustique, aérien et assez inquiétant vient mettre fin à la brutalité ambiante pour la remplacer par une folie décomplexée et des choeurs fantomatiques. Et la deuxième partie du morceau décide de brouiller les pistes en mélangeant tout ça en même temps ! Tout ça pour dire qu'Omnerod fait du metal progressif au véritable sens du terme, celui qui brise toutes les barrières, qui crée des mélanges improbables et se fout de toute considération commerciale. Si le groupe ne sombre jamais dans l'expérimental à outrance ou la technicité stérile, on sent tout de même une volonté de ne faire aucun compromis et de ne rien s'interdire.
Omnerod revient donc avec un album intéressant, éprouvant, aussi brutal que mélodique et fragile, bref personnel et original. On sent certes quelques influences mais la folie du groupe lui permet de développer son propre univers et de nous surprendre à de multiples reprises. Si vous pensiez que le metal n'avait plus rien à proposer, "The Amensal Rise" a quelques arguments pour vous contredire !
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