Le groupe
Biographie :

OditeoHr naît en 2005. Après une démo intitulée "Spleen Et Ideal", le groupe participe à quelques concerts avec des groupes comme Krestenta, The Missing Theory, Shine Of Hope, Blindraft, Morsure... Le groupe sort son premier album, "Beautiful Theatrical Supremacy", dans le courant de l'été 2009. Masterisé par Neb Xort (Anorexia Nervosa), enregistré et mixé en home-studio. Ils font appel à Valnoir (The CNK) des studios Metastazis pour le design de l'album.

Discographie :

2006 "Spleen Et Ideal"
2008 : "Beautiful Theatrical Supremacy"


La chronique


Alors, je souhaite retirer ma pensée première par rapport à OditeoHr. Car c'est vrai, à la vue de leur MySpace, quand j'ai regardé cet artwork, immédiatement, mon esprit est allé vers The CNK, et là j'ai dit "faut pas s'emmerder les gars". Quand j'ai lu la phrase "The fucking hatred symphony", je me suis dit aussi "oh, c'est quoi le truc, un clone spirituel de Anorexia Nervosa, son cousin, son petit-frère ?". Forcement cette phrase me rappelle la non moins connue annonce de la chanson "Sister September", lorsque Hreidmarr déclare "The fucking Sister September !!". Et quand j'ai écouté rapidement le morceau "Beautiful Theatrical Supremacy" et le teaser de l'abum, la pensée corrompue par un sentiment de plagiat, le constat n'en a été que négatif, se rajoutant à cela, le passage au Drudenhaus, un titre se nommant "Redemption Of Angel"... Forcément lorsqu'on se focalise, il n'y a plus qu'une pensée unique... Mais je remets les choses à leur place, car l'écoute de l'album d'OditeoHr a pas mal changé la donne et le bilan est autre. Car cet album est malgré tout pas mal du tout. C'est vrai que le fait d'avoir fait appel également aux services de Valnoir, ne peut empêcher le rapprochement. Le jeu de couleurs est similaire à celui présent sur l'album "L'hymne A La Joie" de The CNK. Cet artiste ayant un style très singulier, avec des idées qui peuvent faire penser aux vieilles affiches de propagande communistes pour ne pas dire autre chose, c'est assez spécial, et cette "marginalisation" artistique fait qu'on reconnaît la patte. Passé cette comparaison, on découvre un digipack bien illustré mais tout comme pour The CNK, totalement dérangeant et limite provoquant politiquement, c'est assez malsain. Effectivement cela ne laisse pas indifférent positivement ou négativement, mais la provocation est-elle véritablement nécessaire... Le booklet ne contient malheureusement pas les paroles qui auraient été bien utiles justement pour décortiquer les idées du groupe, surtout lorsque l'on peut lire des titres tels que "Mortifère", "Les Châtiments Divins", ou "Mein Leben Als Rache", cruel paradoxe entre l'amour et la haine... Tandis que l'on peut apercevoir une présentation photographique des membres, à la manière "aristocrate", "bourgeoisie sadique et provocante" distinguée, sans doute cultivée et délicate comme l'était Forbidden Site ou Aneroxia Nervosa, en tous les cas pour l'image reflétée au public.

Après le visuel, passons à ce qui intéresse les oreilles. OditeoHr a enregistré et mixé son album au Spleen Studio (hommage à Beaudelaire ?) de François Duguest, le claviériste du groupe, et ensuite fait un passage au Drudenhaus pour le mastering. Le résultat est propre et cristallin. J'en reviens à ce que j'évoquais au début de cette chronique, si au départ toute comparaison avec Anorexia Nervosa ou The CNK était inévitable, elle est quand même moins évidente à l'écoute entière de l'album. Dans la grande majorité de l'album, c'est une musique orientée vers le black metal symphonique qui pourrait être décrit pour aiguiller l'auditeur dans la découverte d'OditeoHr. Mais c'est un album assez complet et diversifié, même si c'est vers le sombre et le symphonique, voire néo-classique, que ce jeune groupe propose aujourd'hui son oeuvre. 33 minutes et 7 titres composent "Beautiful Theatrical Supremacy", et ces 33 minutes ont été bien employées pour offrir un panel complexe, froid, extrême, et sinistre. Tout d'abord l'album débute par "Introitus" qui sous des airs de néo-classique à la Arcana période "Inner Pale Sun", montre immédiatement à l'auditeur que le groupe va chercher dans la profondeur de l'âme l'écriture des ses morceaux. C'est ensuite un genre de black metal structuré d'une manière orchestrale, opéra moderne, avec des claviers et des riffs de guitares, certes qui rappellent quelque part Anorexia Nervosa, mais sans en avoir le même feeling. On assiste ici à une musique sombre, qui puise dans le noir, les vocaux sont extrêmes et torturés et plaintifs. OditeoHr vient chercher les grandes sensations, la batterie blaste comme une kalashnikov, les guitares hurlent comme des harpies, mais l'ambiance reste paradoxalement toujours théâtrale , grâce au gros travail des claviers. C'est ici où réside l'intérêt de cet album. Ce contraste est très intéressant. OditeoHr arrive a créer une nuance musicale entre l'extrême et le raffiné qui est représenté par la musique classique, les opéras et autres musiques dites "nobles"...

Si l'on enlève l'introduction, sur les six titres , seuls deux sont relativement longs. Il s'agit de "Les Châtiments Divins" et de "Redemption Of Angel". Ce premier morceau d'une durée approchant les 8 minutes, se décompose magistralement avec une horde de choeurs comme Therion sait le faire, mais qui jure beaucoup moins. Ces choeurs sont assez présents dans l'album mais ne jurent en rien sur l'ensemble des chansons. Et les paroles en Français sont beaucoup plus perceptibles sur ce titre qui allie majesté avec un feeling plus mélancolique que black metal où la fin vient se poser comme un hommage de plus à la musique classique puisque c'est une partie piano qui vient clore la chanson. Alors que contradictoirement, même si "Redemption Of Angel" est toujours symphonique par les claviers et même triste, les 7 minutes sont plus dirigées vers le black metal, avec des guitares plus en avant, plus violentes et rapides. C'est de la haine qui sort de cette chanson... OditeoHr est torturé, tiraillé entre deux mondes musicalement, mais leur style laisse présager une formation de musique classique à l'origine, car sur "Mein Leben Als Rache", nous avons là un hommage à Haendel par une adaptation noire et lugubre de "Sarabande". Si ce titre ne vous dit rien, pour les profanes, rappelez vous de Thierry Mutin, chanteur Français qui avait également fait une adaptation dans les années 80's, un des premiers à chanter du classique avec une voix plus ou moins de castrat sur les ondes FM... Que dire si ce n'est que cette autoproduction montre bien un effort visuel dans lequel le groupe a investi et qui a le mérite d'être on ne peut plus professionnel et réussi. S'il manquait une symphonie à la musique classique agrémentée d'un style qui puise ses inspirations dans le black metal orchestral, OditeoHr apporte sa touche et sa participation à son écriture. Même si elle n'est pas encore tout à fait personnelle, la musique d'OditeoHr est en passe de le devenir et "Beautiful Theatrical Supremacy" porte bien son nom... Voici venir ici, la symphonie maléfique inachevée, et je vous laisse la découvrir...


Arch Gros Barbare
Septembre 2009


Conclusion
Note : 13/20

L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.oditeohr.com