Le groupe
Biographie :

Occulsed est un groupe de death metal américain formé en 2019 et actuellement composé de : Jared Moran (batterie / 54R, Acausal Intrusion, Acrid Tomb, Ange De La Mort, Ar'lyxkq'wr, Black Spells, Bloodsick, Burial Curse, Cave, Conjuration Trance, Corpse Arise, Cynocephalus, Dragón Blanco, Draug, Eats Aids, Er Murazor, Evaporated Sores, Feral Lord, Filtheater, Flesh Configuration, Flittering, Forestfather, Gastric Phantasm, Hollowed Idols, Illithilich, Inner Sphere, Ishimura, Kamikaze Pilots, Louching, Maggot Crown, Mountain Of Beard, Myrkridia, Obsidian Hooves, Out Of The Mouth Of Graves...), Justin Stubbs (guitare, basse / Encoffination, Father Befouled, Infestment, Saccular, Stench Of Evil, Unborn Salivate, ex-Dawn Of Orion, ex-Hills Of Sefiroth, ex-Chasm Of Nis, ex-Festered, ex-Lilitu, ex-Rituaal, ex-Vomitchapel, ex-Winds Of Old, ex-Cryptorchidism, Objurgate, Stormhammer) et Kenneth Parker (chant / Alkmorhilyion, Batrakos, Disfavor, Gash, Grst, Lodge Of The Empty Bed, Maestus, Occult Blood, Paraphilia, Revenants In Poveglia, Tactical Gorefare, Banewreaker, ex-Arkhum, ex-Earthenwomb, ex-Gromkult, ex-Perpetual Misery, ex-Skeld, Chigurh, Iced, Obukhov, Ratcum, Remotely Exploded Child, Willowbrook, Затухание, ex-Darkosis, ex-Anger Prisoner, ex-Eldritch Flamethrower, ex-Ropes Of Our Father, ex-Smar, ex-The Strangulation Of C. Olson). Occulsed sort son premier album, "Crepitation Of Phlegethon", en Septembre 2021 chez Everlasting Spew Records.

Discographie :

2021 : "Crepitation Of Phlegethon"


La chronique


Occulsed, je l’avais vu passer ce disque, car je dois admettre que le visuel attirait mon regard. Cet enchevêtrement d’ossements et de toiles d’araignées qui forment un amalgame de textures qui noient la vision au sein de cette masse informe, j’adore, c’est artistique et creepy. Le logo, crade et décharné, d’un rouge vif tout comme le titre de l’album, contraste vivement avec les tons bleutés fantomatiques de l’artwork, et laisse présager une musique sale et dérangeante, ça ne trompe pas. Le trio d’Atlanta dont le CV de chaque membre est long comme le bras, tout particulièrement celui du batteur hyper actif Jared Moran, défend un death metal poisseux, dissonant et profond, à la fois dépouilléen apparence, et intense. "Crepitation Of Phlegethon" est un disque peu accessible qui ravira autant qu’il ne fera fuir.

Après une courte intro qui plante le malaise, c’est un déluge de décibels, de riffing chromatique et de solos anarchiques, le tout baigné dans une réverbe omniprésente qui plante un décor macabre et suffocant soutenu par une production dégueulasse mais cohérente. La formation américaine s’est imprégnée de tout ce que le death metal peut délivrer de plus malfaisant pour constituer une œuvre monolithique qui s’étale sur onze titres, plongeant l’auditeur dans un marasme sonore fétide et décrépit. Le chant, sensiblement en retrait, omniprésent, telle une présence malveillante, semble entonner tout du long une litanie funeste qui se heurte à un chaos engendré par des guitares frénétiques et un drumming qui se joue des codes structurels conventionnels. Entre Incantation et Autopsy, pour le penchant old school, ou encore proche de Funebrarum, un autre homologue ricain, la masse sonore, très acoustique, crée un climat de désolation proche du mouvement funeral doom, tout en préservant un son dense et complexe de par les interventions des instruments. Pendant trente-trois minutes, le tourment musical prend des détours, change de forme, se fait tantôt virulent, tantôt planant, et s’inscrit dans une démarche de perte des repères, il est très difficile de se situer, de savoir si le track a changé car "Crepitation Of Phlegethon" semble être construit comme un long morceau et non en chapitres définis par le tracklisting. Le seul moment potentiel d’accalmie survient à la toute fin de l’album avec cette guitare acoustique qui n’apparaît que là, pour apporter une touche de mélancolie, cerise sur le gâteau, point final d’une traversée sonore des plus pénibles et des plus perturbantes.

Le groupe pratique son death metal avec une ferveur et un engagement qui laisse parfois entendre quelques imprécisions, quelques décalages rythmiques involontaires, mais on excusera l’approximation qui, pour le coup, est une valeur ajoutée car cela renvoie aux pionniers, à l’époque des demo tapes, où l’envie d’en découdre et de proposer le metal le plus sale était le véritable leitmotiv créatif. Le blast beat côtoie le d-beat le plus crust, les harmonies de guitares qui, à aucun moment, n’offrent de beaux moments, de belles échappées, mais uniquement du sale et du morbide, façonnent un climat hostile et difficile d’accès. Certaines structures peuvent évoquer le brutal death, alors que c’est majoritairement cette sensation d’écouter un bon vieux old school death apocalyptique et dissonant qui prime, tel un vieux Incantation des familles en plus blasphématoire, malgré un son compact et à la fois évasif par son travail des textures, une écoute approfondie nous fait vite comprendre que nous sommes face à un disque bien plus complexe que ce qui n’y paraît. D’ailleurs, je trouve que "Crepitation Of Phlegethon" est une version plus extrême du projet de monsieur Chris Reifert, Static Abyss, à titre d’exemple.

Si vous-mêmes, vous doutiez que le metal puisse préserver son côté subversif et difficile d’accès, navré de voir celui-ci sombrer inexorablement dans le consensuel et le médiatique, dilué dans le domaine public et accessible au point que Jean Kevin possède un track de Behemoth dans sa playlist, entre Jul et Sexion D’Assaut, vous pouvez vous rassurer car il existe des formations qui font fuir le kikoolol, et qui engendrent le dégoût dès les premières notes sur le visage des petites adolescentes ou des quarantenaires qui pensent êtres des parents rock'n’roll parce que c’est écrit sur leur t-shirt acheté sur Wish. Occulsed fait partie de ces formations qui font indirectement et sans le savoir du bien au metal extrême, du bien par le mal. L’inaccessible reste ainsi inaccessible, sauf au prix d’un effort, celui de se plonger dans l’écoute sans a priori, sauf pour les vieux briscards élevés dans l’underground, ou cette nouvelle génération volontaire et avide de découverte, qui perpétue ce qui s’oublie, c'est-à-dire de trouver le plaisir dans le fait de creuser, de découvrir, d’explorer, de se plonger vivement dans l’expérience de l’écoute, aussi revêche et inaccessible soit-elle. Occulsed, c’est tout ça à la fois, et "Crepitation Of Phlegethon" ne se valide pas à l’écoute des premières minutes de musique, l’album est un voyage, ça se consomme cul-sec, d’une traite, comme le premier Ricard au bar, sauf que là, le cul sec dure trente minutes au sein desquelles il se passe énormément de choses, où il va falloir arriver à se mettre dans le truc. Encore un disque qui mérite d’y porter une attention particulière, c’est comme se mater un bon film qui sort des sentiers battus, c’est privilégier l’instant, et prendre trente minutes pour se perdre ailleurs, c’est une expérience totalement enrichissante.


Trrha'l
Mai 2023


Conclusion
Note : 17,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/occulsed