Vous vous ne ne connaissez pas encore Obuedian Raph mais quand vous jetterez une oreille sur son premier album, "Pahilcé Koot", vous ne l'oublierez pas de sitôt ! Le bonhomme s'avoue lui-même grand amateur de Pryapisme et la présence d'un chat sur la pochette confirme ce point... Le côté très perché de sa musique aussi d'ailleurs.

Alors Obuedian Raph c'est quoi ? Ben bonne question, je crois que je vais prendre un joker. Déjà, ce n'est pas du metal, même si cela fait évidemment partie des influences on reste plus proche de l'expérimental avec un feeling qui ramène limite au free jazz. Comme chez les ravagés de la croquette, on trouve des sons chiptune, un mélange des genres complètement tarabiscoté mais le tout se fait globalement moins violent et bruyant. On trouve ici une approche plus feutrée, plus jazzy, du grand n'importe quoi et par conséquent légèrement plus accessible (entre gros guillemets quand même). Précisons aussi pour les étourdis que le projet est entièrement instrumental, là aussi comme chez Pryapisme, donc si vous avez du mal avec ça vous partez mal. Même si la musique d'Obuedian Raph n'est pas très brutale, elle reste exigeante et complexe puisque le maître d'oeuvre a un niveau technique assez pointu, ajoutez à cela que de nombreux instruments viennent pointer le bout de leurs notes et vous comprendrez vite que vous ne chanterez pas ces morceaux sous la douche. On y trouve en tout cas des rythmes et mélodies assez festifs et dansants comme "Chacovre VS Cochon Dingue" nous le montre après une courte intro. Un esprit plus fun que chez Pryapisme qui laisse s'exprimer ce feeling parfois jazzy évoqué plus tôt et donc bien loin des délires parfois bien brutaux voire bruitistes de la brigade des chats-llumés du bocal. Quelques grosses guitares ou passages plus nerveux se font parfois entendre mais on ne part jamais dans le gros blasts qui tache sur fond de riff épileptique. La plupart des morceaux sont d'ailleurs assez courts et trouvent le moyen d'être presque accrocheurs par moments grâce à ce côté toujours mélodique et groovy malgré le mélange des genres improbable.

"Travail, Famille, Batterie" est d'ailleurs assez efficace dans le genre et le tapage de pied est quasi obligatoire ! Au final, si Pryapisme est une influence avouée, Obuedian Raph ne tombe jamais dans la pompe ou la redite, propose sa propre patte (normal pour un chat me direz-vous) et un univers totalement différent. Finalement, les similitudes se trouvent surtout dans cette volonté de mélanger à peu près tout et n'importe quoi, de briser les barrières et de sortir du carcan purement metal. En tout cas, le boulot effectué là-dessus est impressionnant surtout pour un one-man band et si cela peut donner l'impression de partir dans tous les sens, le tout est au contraire plutôt construit. De façon bien plus chaotique que la normale certes mais construit tout de même. Je pense que vous aurez compris qu'il vaut quand même mieux avoir un esprit musical très ouvert pour apprécier ce que propose "Pahilcé Koot" puisque les influences qui se croisent pendant près d'une heure sont nombreuses et pour la plupart éloignées du metal pur et dur. Si vous voulez tester vos goûts et votre tolérance, allez jeter une oreille sur le Bandcamp du projet à "La Grande Barrière De Chorale" qui est probablement un des morceaux les plus barrés de l'album, si celui-ci passe ça devrait aller pour le reste. Vous remarquerez en passant que le son est assez gros et puissant et que malgré le nombre d'intruments qui peuvent parfois se croiser tout reste clair.

Un premier album étonnant, atypique et sûrement bien trop éprouvant pour le métalleux de base qui s'arrachera les cheveux devant l'aspect expérimental de la chose. Si l'influence Prypaisme est assumée et peut parfois s'entendre, Obuedian Raph développe son propre monde, un monde tout aussi barré que celui de Pryapisme mais à la personnalité affirmée.