Le groupe
Biographie :

Actuellement composé de Jade Riot Cul (claviers et voix), Ojete Mordaza II (batterie), Rider G Omega (guitares et voix), Viral Vector Lips (guitare) et Om Rex Orale (basse), Obsidian Kingdom est un groupe espagnol de metal avant-gardiste formé en 2005 à Barcelone. Après deux premiers EPs très prometteurs qui lui permet de se produire sur les scènes espagnoles, portugaises et brésiliennes, le groupe sort son premier album, "Mantiis", en Novembre 2012. En 2013 paraît "Torn & Burnt", qui propose des versions remixées par différents invités de sept extraits de l'album. En 2014, les Espagnols signent chez Season Of Mist qui réédite leur album dont les cinq-cent exemplaires existants étaient épuisés. En 2016, le groupe sort son deuxième album intitulé "A Year With No Summer". Le troisième album, "Meat Machine", sort en Septembre 2020.

Discographie :

2007 : "Matter" (EP)
2010 : "3:11" (EP)
2012 : "Mantiis"
2014 : "Torn & Burnt" (Compilation)
2014 : "Mantiis" (Réédition)
2016 : "A Year With No Summer"
2020 : "Meat Machine"


Les chroniques


"Meat Machine"
Note : 17/20

Qu'il est complexe de réussir à ranger Obsidian Kingdom dans un style musical ! Ecouter un seul titre du groupe, c'est comme écouter un titre au hasard de la discographie de Mike Patton. Il ne vous révélera en rien l'ADN de cette formation espagnole. Si tant est qu'on arrive à le définir, cet ADN… "Meat Machine" est une mixture de diverses influences qui vont chercher leurs racines dans tant dans le metal que dans le rock ou même la pop. Dit comme ça, on pourrait sérieusement s'interroger sur la cohérence des morceaux avec tout ce méli-mélo de genres. Toutefois rassurez-vous, il y a tout de même un terreau commun dans ce patchwork autour de la musique industrielle. Enfin... Non... Pas exactement... On ne sait pas bien. Décidément Obsidian Kingdom brouille les pistes. Pour ceux qui comme moi découvrent le groupe avec "Meat Machine", qui est le troisième album du groupe, foncez écouter les deux premiers opus. Vous serez aussi perdus que moi dans la compréhension de l'évolution musicale d'Obisidian Kingdom et comprendrez mieux l'imbroglio dans lequel je me trouve. En effet, "Mantiis" (2012), est un excellent opus de metal progressif avec des morceaux d'une beauté enivrante. Quant à "A Year With No Summer" (2016), le changement est déjà presque total, virant vers un metal electro ambiant qui n'est pas sans rappeler le groupe toulousain Naïve. Pourquoi des changements aussi marqués ? Sans doute cela peut-il s'expliquer par les nombreux bouleversements de line-up dont seuls les membres récurrents sont Rider G Omega (guitare, chant) et Ojete Mordaza II (batteur, rejoint la formation en 2011). Par ailleurs, il faut souligner l'arrivée au chant d'une voix féminine, qui n'était pas présente jusque-là, en la personne de Jade Riot Cul, également aux manettes des synthés. Ce qui, évidemment, contribue aussi à un nouveau changement de style.

Concrètement, des deux premiers albums, Obsidian Kingdom a conservé la richesse électronique avec des synthés terriblement mélodiques et envoûtants et une orchestration souvent épique qui engendrent de superbes plages aériennes. Mais "Meat Machine" est composé sur une dynamique complètement différente. Là où "Mantiis" était un long voyage progressif, "Meat Machine" nous chahute entre une succession de morceaux agressifs et de morceaux ambiant. Pour le côté agressif, Obsidian Kingdom embrasse un indus mordant mais classe et élégant tel celui de NIN ou Marylin Manson. Même quand on a dit ça, on n’a rien dit du style de l’album. C’est là que les choses se complexifient. Car on retrouve aussi un doux mélange du heavy metal de Black Sabbath, du stoner sludge psychédélique de Mastodon, du rock stoner gras et expérimental de The Melvins ou encore Big Business, du doom trip hop de The Gathering, et un petit soupçon de rage qui lui confère une tension palpable et dérangeante que l'on adore notamment chez le groupe Daughters. Voilà pour le côté metal d'Obsidian Kingdom. Débrouillez-vous avec ça !

Pour le côté ambiant, il y a ici aussi des influences très variées qui tapent dans la pop, l'electro, le rock, le trip hop... Alors, bien évidemment on ne passe pas d'un Mastodon à un Madonna, je vous rassure. Non, tout ceci est subtilement associé au rock alternatif, post-metal du groupe (Tiens, encore une nouvelle qualification ?!). Néanmoins on touche le mouvement dit new rave qui fusionne le rock, l'electro, le hip-hop, la funk. Mouvement porté par des groupes tels que Late Of The Pier (glam punk), Klaxons (dance punk), qui ont apporté les sonorités du synthé pop au rock punk, ou inversement. C'est selon. Bref, dans ce courant musical, la pop côtoie la rugosité du rock. C'est en quelque sorte le renouveau de la synthpop de Gary Numan, qui lui-même a influencé la vague rock industriel (Trent Reznor et Marylin Manson sont les premiers à revendiquer leur admiration pour l'homme). Et quand la voix féminine de Jade Riot Cul prend le relai, les morceaux prennent une dimension ambiant délicate et ensorcelante qui font évidemment écho à Massive Attack. Mais aussi sensuelle, on pense à Bat For Lashes. Parfois occulte comme la musique des belges de Wolvennest. Et enfin, on ne peut s'empêcher non plus d'évoquer le nom de Death In Vegas. On pourrait encore citer tellement de noms. Voilà pourquoi il n'est pas aisé de décrire Meat Machine.

Les fans de la première heure seront sûrement surpris, voire décontenancés pour certains. Et cependant, le groupe Obsidian Kingdom se révèle aussi bon quand il s'attaque au metal progressif qu'à l'indus, le sludge, le new rave, l'ambiant, le stoner, le doom... (Je vous dis que la liste est longue !). On tombe très rapidement sous le charme de cet excellent album qui ne comprend, à mon sens, que des titres de qualité. Des morceaux riches avec une multitude de sons, d'arrangements et d'ambiances qui témoignent de la maîtrise technique des musiciens. Si vous n'avez qu'une oreille rapide à jeter, ne faites pas l'impasse sur des petites pépites comme "Flesh World", "Meat Star", "Spanker", "Vogue", "A Womb Of Fire"... hum, en fait, tout bien réfléchi... ne faites l'impasse sur AUCUN morceau !

Avec un mélange musical aussi étoffé, Obsidian Kingdom accouche d'un album audacieux à la fois extrêmement catchy, planant, lourd, subtil, sombre, délicat, dérangeant et entêtant.


Miss Bungle
Octobre 2020




"A Year With No Summer"
Note : 12/20

Pour comprendre cet album, il faut, il me semble, le contextualiser dans la discographie du groupe. En effet, après deux premiers EPs qui ont su faire parler d'eux, les Espagnols avaient frappé très fort en sortant, en 2012, leur premier véritable album, "Mantiis". Un album extrêmement abouti, constitué d'un seul morceau de trois quarts d'heure ; une sorte de petit exploit musical qu'on ne réitère pas si facilement. Du coup, après nous avoir offert quelques remix electro de ce premier album, il était quand même temps pour le groupe de nous proposer quelque chose de neuf.

"A Year With No Summer" marque ainsi un véritable virage dans l'univers musical du groupe, pour ne pas dire une sortie de route. Il faut dire qu'en tant que groupe expérimental, Obsidian Kingdom ne pouvait pas nous resservir deux fois la même tambouille. Ils nous proposent donc ici un album très dépouillé et très atmosphérique. Un album plus rock que metal dans lequel on pourrait retrouver les sonorités et l'esprit new-wave des années 80.

Avec ce côté sombre et dépouillé, les Espagnols misent ici avant tout sur l'émotion. Le problème étant que je n'ai pas été touché par cet univers ambiant et atmosphérique développé au fil des sept morceaux de cet opus. En effet, tout m'y semble distant et lointain. Même la présence d'invités de marque (Attila Csihar de Mayhem et Gram de Ulver) m'a laissé indifférent. Bref, même si l'ensemble s'écoute bien, je n'ai rien trouvé de particulièrement accrocheur dans cet album. Peut-être qu'un fan de Solstafir, par exemple, y trouverait plus son compte. Pour ma part, je me contenterai d'attendre le suivant.


Zemurion
Mars 2016




"Mantiis"
Note : 18/20

Se faire manger par une femelle érotisée après une copulation digne des bonobos résume à peu près la vie du mâle dans le royaume de la mante religieuse. Réjouissant ou inquiétant ? C’est ainsi que je pourrais résumer l’intro de l’album "Mantiis". Une intro magnifique, quasiment exceptionnelle, et Dieu sait que les intros ne sont pas ce qui me passionne le plus dans un skeud, cependant celle-ci a le mérite de m’avoir fait un effet monstre.

Obsidian Kingdom et son prog metal (c’est très à la mode en ce moment) me fait saliver comme une mémère édentée, il faut dire que ce style me plaît tout particulièrement grâce à sa richesse musicale. De plus, avec le prog, bien qu’il y ait énormément de groupes de ce style, je ne compare que rarement avec les autres groupes de prog metal car en fait chacun apporte une touche à l’édifice, étant donné l’amplitude musicale qu’implique un morceau de prog. Superbe intro et superbe morceau d’ouverture qui me fait penser à du Porcupine Tree, si je ne devais citer qu’une seule influence. L’album est divisé en 14 pistes mais ne forme qu’une seule et unique entité car tout se déroule dans une continuité qui, si l’on ne regarde pas son lecteur, nous ferait croire qu’on en est toujours au premier morceau.

Trois morceaux viennent de s’écouler et comment dire ? Grandiose ? Grosse classe ? Enorme ? Inspiré ? Terrible ? Tout cela à la fois. Alors que le disque a commencé sur du pur metal prog, "Cinnamon Balls" diffère complètement tout en gardant une continuité impressionnante car ce morceau est un peu plus black / prog. En fait, j’hallucine un peu devant ce que j’écoute, j’ai juste envie de quitter le clavier et me poser, pensif, devant le génie créatif des morceaux qui défilent. Suis-je en train d’écouter un album aussi exceptionnel que le dernier Opeth ? A coup sûr je vais répondre oui, un grand et sincère oui. Les Barcelonais d’Obsidian Kngdom me scotchent. J’avais effectué une écoute distraite hier, trop distraite pour plonger réellement dans le génie créatif du groupe.

Certaines parties plus brutes s’infiltrent avec délicatesse dans les passages jazzy, folk et prog. Putain, j’ai carrément envie de faire découvrir cet album au monde entier tellement il est terrible, actuellement je suis sur un passage très jazzy, style piano bar, qui n’a rien à voir avec le metal et pourtant quelques secondes après, la double grosse caisse et un chant quasi black / death s’empare de la compo. C'est le trip de chez trip cet album. Bordel, ces mecs-là ont tout pigé à la musique, à l’émotion pure. C’est rare que ça m’arrive mais je n’ai pas le moins du monde envie que le skeud se termine… Tout est énorme, chaque morceau, chaque seconde qui passe, de la prod' à l’inspiration. Le disque prog de l’année et sans souci dans mon top 5 tous styles confondus pour 2014.

Décidement, le prog metal réserve bien des surprises et des surprises complétement hallucinantes, la densité de "Mantiis" est complète, tout s’effectue dans une osmose comme j’ai rarement entendu dans ma vie. Il faudrait être complètement dingue pour passer à côté de ce disque, de ce chef d’œuvre d’une musicalité quasiment extraterrestre. Amoureux du prog ou tout simplement de musique gorgée d’inspirations, d’émotions musicales, ce disque sera tout en haut de votre pile de skeuds pour un bout de temps. Incroyable et indispensable.


Davidnonoise
Novembre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/obsidiankingdom