"Major Arcana"
Note : 18/20
Novembers Doom met un terme à six années de silence. Toujours signés chez Prophecy Productions, Paul Kuhr (chant, ex-Subterranean Masquerade), Larry Roberts (guitare lead, The Kahless Clone), Vito Marchese (guitare rythmique, The Kahless Clone), Mike Feldman (basse, ex-Subterranean Masquerade) et Garry Naples (batterie, Trouble, Wizzo, The Kahless Clone) dévoilent leur douzième album, "Major Arcana".
Ben Johnson (Divinity Compromised, The Kahless Clone) assure les claviers de cet album, et Rhiannon Kuhr, la fille de Paul, les choeurs féminins sur certains titres.
L’album se présente avec "June", première composition où des claviers nous accueillent de manière très solennelle, assurant une base glaciale pour Paul qui nous enveloppe de mystère en nous menant à "Major Arcana", la première composition où tout le groupe est réuni dans un seul et unique but : embrumer notre esprit avec leur mélancolie. Chant clair et chant saturé cohabitent naturellement, laissant le vocaliste assurer l’intensité pendant que la rythmique nous hypnotise, profitant de passages plus saccadés pour développer quelques sursauts d’énergie entre deux vagues plus apaisantes dont la dernière qui nous mène à la sombre "Ravenous". On notera une petite touche de dissonance aérienne sur certains moments, mais le titre reste majoritairement agressif, en particulier sur les refrains, malgré les claviers qui garantissent un son majestueux pendant que les harmoniques explorent les racines heavy avant de s’apaiser sur "Mercy". Le morceau commence avec cette douce et douloureuse mélodie qui accompagne le vocaliste, rencontrant finalement quelques moments saturés plus fédérateurs où naîtront les leads, puis c’est avec "The Dance" que de nouvelles influences verront le jour, proposant par exemple une touche saccadée plus brute avant de redevenir très aérienne.
Le contraste est vraiment très marqué sur ce morceau, notamment grâce au chanteur qui accentue également les deux aspects de sa personnalité vocale avant de se montrer encore plus sauvage sur "The Fool", un titre assez remuant. Les passages habituellement calmes sont cette fois-ci assez brumeux et entêtants, rendant la composition assez chaotique à l’inverse de la longue "Bleed Static" qui, bien qu’assez énigmatique au premier abord, coule assez naturellement et nous offre quelques refrains envoûtants, notamment avec les "save me" surpuissants. "Chatter" prend la suite après un moment de flottement, renouant avec des riffs solides parfaits pour transporter ce message empli de désespoir qui s’exprime sous différentes formes avant d’enchaîner avec "Dusking Day" qui temporise avec des claviers minimalistes pour instaurer une ambiance planante, mais qui renouera avec la lourdeur en temps voulu. Les passages où la double pédale règne sont tout simplement grisants, mais le morceau sera forcé de laisser place à "XXII", dernier titre où le groupe nous emporte dans sa déferlante dès la première seconde, mais qui n’hésite pas à offrir un break aux accents prog avant de repartir pour une dernière dose lugubre.
Bien qu’assez discret, Novembers Doom s’est forgé une excellente réputation dans la scène doom / death au fil des années, et "Major Arcana" prouve qu’elle est loin d’être usurpée. Le groupe frappe encore très fort et nous offre des morceaux saisissants.
"Nephilim Grove"
Note : 16,5/20
Les Américains de Novembers Doom célèbrent en cet automne hostile et frais leur trentième anniversaire !
Et cela se fête avec un onzième opus nommé "Nephilim Grove", faisant donc suite à "Hamartia" sorti en 2017.
Et c'est aussi le cas musicalement car ils ont continué leur évolution vers une musique plus sentimentale et calme.
En effet, les titres brutaux et directs sont de plus en plus rares, laissant le death de côté.
On peut tout de même trouver quelques titres nous rappelant les anciens albums, comme "Black Light" et "The Witness Marks".
Après, on a des morceaux typiquement à la Novembers Doom mélangeant à merveille le côté bestial et l'émotion, le growl et le chant clair.
Il y a notamment "Adagio" qui contient des passages assez lourds et pleins d'amertume, tout en gardant de la fraîcheur et de la luminosité.
Efficace et accrocheur, "Still Warmth" est lui aussi bien contrebalancé entre mélodies et énergie plus brute.
"The Obelus" est également dans ce schéma mais peut-être un peu plus classique.
Plus original, l'excellent titre "Petrichor" crée la surprise avec une modulation du chant de Paul,
il nous surprend avec une voix rauque et écorchée qui change et qui donne un peu plus de diversité.
Ensuite, il y a les morceaux plus posés comme "The Clearing Blind" qui est bien sympathique avec ses jolies mélodies qui accrochent l'oreille et son instrumentation lumineuse.
Puis, on passe un cran au-dessus avec l’envoûtant et lancinant "Nephilim Grove", plein de pureté et d'intensité.
"What We Become" n'est pas en reste et nous laisse dans un état flottant avec une douce nostalgie très touchante !
C'est donc un énième bon album de Novembers Doom !
On n'est pas perdu lors de l'écoute car le groupe a toujours une identité forte
et heureusement on n'a pas une impression de stagnation.
Cela est sûrement dû au travail réalisé dans chaque composition et à l'implication et la passion des membres.
On passe donc un excellent moment en leur compagnie.
"Hamartia"
Note : 17/20
Novembers Doom, qui n'a plus à faire ses preuves grâce à une belle carrière à son actif, revient avec un dixième album nommé "Hamartia",
et qui est donc le successeur de nombreux bijoux dont "Aphotic" et "Bled White", les derniers en date.
Les Américains, forts de leur expérience et de leurs bagages, reviennent avec une musique toujours très reconnaissable facilement.
Ils font partie de ces rares groupes que l'on reconnaît directement à l'écoute d'un titre, ce qui démontre une vraie personnalité.
Et cette personnalité se remarque aussi dans un style plutôt indéfinissable mêlant le doom, le death, et une musique plus mélodique voire "gothique".
Les dix nouveaux morceaux qu'ils nous offrent ici sont dans la continuité de "Bled White", avec une grande homogénéité et surtout une maturité grandissante.
C'est un album personnel qui ne cherche pas la démonstration mais la justesse des sentiments et une volonté de faire ce qu'ils ont envie.
Et cela se ressent avec des titres passionnés et vrais, sans en faire des tonnes dans la mélancolie forcée que l'on note parfois dans d'autres groupes qui perdent du coup leur fraîcheur et leur crédibilité.
Il y a dans cet album une belle harmonie et les morceaux s’enchaînent avec beaucoup de fluidité, ils se complétent très bien.
On a ainsi de beaux moments, tantôt reposants avec "Ever After" qui est bien planant et groovy, et "Bordeline", ou plus touchants avec "Ghost" qui est subtil et désarmant, notamment grâce à la voix charismatique de Paul.
Il y a beaucoup de chant clair dans cet opus, et même si les growls ne sont pas oubliés, ils sont clairement en retrait par rapport à avant.
Ce n'est pas forcément une mauvaise chose car Paul a un très bon chant clair, marquant, et il sait donner de l'émotion.
Dans plusieurs morceaux, nous découvrons aussi le chant délicat de sa fille pour de beaux duo père-fille comme dans "Miasma" et "Zephyr" qui est excellent, riche et avec un refrain marquant.
On retrouve ses growls surtout dans les deux morceaux plus directs et death de l'album que sont "Devils Light" qui est énergique et efficace, et "Apostasy" qui est un bon gros titre comme on aime.
Sinon, il y a aussi des pistes plus mélodiques avec une belle force, comme "Waves In The Red Cloth" qui a un petit côté épique, et le superbe "Plague Bird" qui aurait pu être un titre de Katatonia vu le nom et qui est sur un ton très froid d’extrême désespoir.
Enfin, "Hamartia" crée la surprise avec une ballade un peu décalée entre légèreté et gravité, tout à fait sympa.
Voilà donc un opus totalement diversifié et riche tout en restant cohérent et réfléchi.
Le groupe nous livre une émotion plus mature, réelle et surtout personnelle qui fait mouche.
Du beau travail une fois encore !
"Bled White"
Note : 16/20
Rien de tel quand il fait chaud l’été que de se poser tranquillement avec un bon album.
Surtout quand celui-ci est bien froid comme "Bled White", le nouvel album de Novembers Doom.
Ce nom ne vous est sûrement pas inconnu et pour une simple raison, les Américains gagnent de plus en plus en notoriété dans le milieu death / doom.
Après "Aphotic" qui s’est révélé être un excellent album et le plus abouti de tous, leur neuvième opus est alors dans une thématique du blanc comme l’indique le titre et la sublime pochette pleine de poésie.
Mais le blanc ici nous renvoie à la souffrance et à la peine et non au bonheur au travers des 11 titres.
En effet, Novembers Doom est toujours habité par les mêmes démons et n’a pas changé la recette avec une musique qui envoie mais qui est mélancolique à souhait.
Dans les anciens albums, on retrouvait souvent des titres bien punchy et a contrario des ballades.
Ici, c’est toujours un peu le cas mais le fossé est moins grand entre les deux.
En effet, les ballades ressortent plus comme des titres mid tempo avec des passages plus calmes, comme pour "The Silent Dark" ou "Just Breathe" qui est le meilleur moment de l’album.
C’est un titre assez progressif et atmosphérique dans un esprit avant-gardiste qui comprend des passages très profonds et touchants et d’autres plus violents.
Les titres rentre-dedans sont du Novembers Doom tout craché mais bien faits, attention !
Ainsi, "Unrest", qui enchaîne après un interméde acoustique, gagne encore plus en violence et se trouve très direct !
En plus de son son brut et de sa rapidité, "Heartfelt" nous offre des instants plus mélodiques dans les refrains.
"The Brave Pawn" est lui aussi bien énergique avec des influences thrash et l’on ressent une certaine détermination.
Le son d’ensemble est plus lourd et sombre que par le passé, on le ressent vraiment avec "Bled White" qui est glacial et obscur avec des riffs lancinants et mortuaires...
De quoi donner la chair de poule !
C’est aussi le cas pour "The Grand Circle" qui est mélancolique et prenant avec ses beaux riffs expressifs !
"Animus" est un peu à part et on peut le dire, il interpelle avec ses passages de guitares décalés et ses super arrangements pleins de subtilité !
Il y a comme un air de nostalgie dans cet album qui se remarque surtout dans "The Memory Room", titre planant et énergique à la fois.
Au niveau du chant, on retrouve bien évidement Paul Kuhr aux commandes et il y a tout ce qu’il faut : des growls maîtrisés et bien lourds et son chant clair toujours aussi expressif.
Celui-ci est bien plus mis en avant que dans leurs précédents albums.
Deux morceaux sont même uniquement en clair ici, avec "Clear" et "Just Breathe".
Il était attendu cet album et il en vaut la peine !
Certes ce n’est peut-être pas leur meilleur et il est plutôt difficile d’accès, mais il n’en reste pas moins excellent !