Le groupe
Biographie :

Noltem est un groupe de black / folk metal atmosphérique américain formé en 2003, reformé depuis 2015, et actuellement composé de : Max Johnson (guitare, basse, clavier / ex-Aegrimonia, ex-Wind Through The Trees), John Kerr (batterie, chant / Pyrithe, Seidr, Yahar'gul, ex-Marsh Dweller, ex-Vit) et Shalin Shah (basse / Protolith, ex-In Human Form). Noltem sort son premier album, "Illusions In The Wake", en Octobre 2021 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2015 : "Mannaz" (EP)
2021 : "Illusions In The Wake"


La chronique


Noltem fait partie de ces groupes que l’on n’attend pas forcément, après une démo sortie en 2003 et un EP en 2015 le groupe n’a plus fait parler de lui, jusqu’à 2021. C’est donc après quelques sorties très espacées dans le temps que le groupe Noltem revient cette fois en nous proposant son premier album qui s’intitule "Illusions In The Wake". Long d’une quarantaine de minuteq, ce disque nous emporte dans un véritable clair-obscur musical dans lequel deux mondes semblent être mis en place, se superposant mais se complétant également, l’un, illusoire, léger et éthéré, l’autre plus réaliste, lourd et percutant. Ce qui s’illustre plutôt bien sur la pochette de l’album avec cette brume de plusieurs couleurs aux traits fins qui entoure une montagne imposante et massive dont les traits sont plus bruts.

Et la première chose qui frappe dans cet album, c’est effectivement ce clair-obscur dont il est question dans la plupart des morceaux. Tout d’abord à travers le chant, ce dernier, s’il est systématiquement saturé, est parfois growlé apportant des tons plus profonds et caverneux, mais également parfois hurlé ce qui lui confère une grandeur nouvelle qui n’était pas constatée auparavant. Si la technique peut ressembler aux cris désespérés que l’on pourrait entendre dans un album de DSBM, le ressenti est ici complètement différent et nous plonge plutôt dans une sorte de monde éthéré. Ce monde parallèle à celui porté par l’autre type de chant n’est d’ailleurs pas complètement étranger à l’album car il est également en grande partie porté par la piste de guitare la plus en retrait, qui propose des riffs très légers et vaporeux en total contraste avec les accords plus lourds de la piste la plus mise en avant dans la production, ce qui est particulièrement frappant dans le morceau "Beneath The Dreaming Blue". Un intérêt tout particulier est également à certains passages qui se montrent très calmes et posés, parfois dans des morceaux au rythme très soutenu comme c’est le cas pour "Ruse", le passage dans ce morceau emprunte très largement des influences prog, plaçant la basse très en avant dans le mixage ainsi que des patterns de batterie plutôt complexes, pendant que la guitare ne vienne finalement qu’en simple accompagnement acoustique, et dont le chant est totalement absent. Ces passages laissent plutôt place à la contemplation et occultent complètement le monde illusoire et éthéré évoqué dans les morceaux précédents, rendant à la musique une dimension beaucoup plus réaliste. L’absence de chant à partir de ce moment et jusqu’à la fin de l’album appuie également cette thèse de retour à la contemplation de la réalité à travers l’occultation complète d’un growl qui se montre finalement très inhumain.

Si l’album possède indéniablement la plupart des codes du black metal atmosphérique, qui sont en grande partie portés par la production, il serait plutôt réducteur de le classer uniquement dans ce genre tant il va emprunter à plusieurs autres genres. Comme souvent, quelques éléments de post-black metal se posent dans la plupart des morceaux mais ce qui frappe vraiment, ce sont les riffs tout droits sortis du post-rock qui viennent agrémenter plusieurs morceaux, par exemple dans "Submerged" et "Figment" mais plus particulièrement dans le titre éponyme de l’album, proposant souvent des riffs légers et aux structures répétitives, il illustre parfaitement cette ambiance post-rock qui parcourt l’album, tout en continuant de proposer cette lourdeur en plus à travers un blast rapide et un chant growlé. Le tout est également accompagné par des trémolos de guitares qui sont beaucoup plus mis en avant. C’est comme si les deux mondes représentés n’étaient que les deux faces d’une même pièce, impossible à fusionner mais également totalement indissociables l’un de l’autre. C’est au moment de la conclusion de l’album que le dernier morceau se pose comme un véritable pavé dans la mare. Proposant un changement de production avec des sonorités beaucoup plus abruptes et lourdes, c’est comme si la fusion auparavant impossible avant soudainement opéré. Dans ce morceau, les riffs atmosphériques et post-rock ne sont plus présents mais c’est également le cas du chant qui n’interviendra plus jusqu’à la fin de l’album. Pour remplacer tout cela, ce sont les riffs plus percutants portés par la production plus rigide qui portent la profondeur lourde tandis que les touches de légèreté sont apportées par un clavier qui, jusque-là, était complètement absent de l’album et se présente donc comme une réelle surprise qui vient complètement distordre une réalité pourtant si certaine auparavant.

La formation américaine nous délivre donc ici un album puisant ses inspirations dans plusieurs genres et proposant une ode à un monde aussi bien réaliste que fantasmé, l’illusoire finissant par se confondre au réel au point que l’on ne sait plus distinguer les deux. Le tout se présente donc comme un hybride de black metal et de post-rock fort bien ficelé et agréable à l’oreille. Sans pour autant révolutionner la musique, l’album s’enchaîne sans soucis et sans lassitude pour nous laisser totalement surpris par la présence d’un clavier qui était absent tout au long de l’album et n’a fait qu’une brève apparition, pourtant loin d’être injustifiée, dans le dernier morceau.


Praseodymium
Janvier 2022


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/noltem