Le groupe
Biographie :

Le hasard et la spontanéité est parfois le meilleur leitmotiv du début de la réussite. En 2007, sous l’impulsion du guitariste Rudy Schwab, Nojia voit le jour sous la forme initialement d’un trio avec, pour compléter l’ensemble, Frédéric Née à la basse Mickaël André derrière les fûts. Le groupe commence rapidement à composer, prendre ses repères et sortir de terre quelques schémas de composition. Néanmoins, ce n’est qu’avec l’arrivée de Franck Douet à la batterie, permettant à Mickaël de se focaliser sur la guitare, autre instrument de prédilection, que Nojia va trouver un équilibre artistique et un son leur étant propre et personnel. Le groupe va alors se diriger dans les méandres d’une musique instrumentale psychédélique, écrasante et épileptique comme les grands maitres de Neurosis, Isis ou Cult Of Luna ont pu le faire, mais avec une dimension certainement plus progressive. Nojia est une mixture hybride entre de multiples styles, du rock au prog en allant vers une musique psychédélique, technique, voire parfois complètement bruitiste et schizophrénique. Les disharmonies dérangent l’auditeur pour l’emmener très loin dans les délires de quatre musiciens traçant une voie n’appartenant qu’à eux seuls, tandis que les accélérations fiévreuses de batterie et les attaques de guitares rythmiques peignent toute la violence d’une musique moderne et très contemporaine, tout en apparaissant hors du temps. Ce condensé musical de folie répond désormais au nom énigmatique de "Solarchitect" et fut enregistré de manière particulière puisque l’ensemble des musiciens jouèrent dans la même pièce. Dans un premier temps prévu comme une démo, la qualité de l’enregistrement poussa Nojia à le rendre public et le considérer ainsi comme le premier album des Français. "Solarchitect" est un long voyage introspectif pénétrant parfois au cœur de l'être. Les morceaux, purement instrumentaux, n'ont nul besoin de paroles ; la musique parle d'elle-même.

Discographie :

2011 : "Solarchitect"
2014 : "Gheist" (EP)


Les chroniques


"Gheist"
Note : 20/20

Il y a des groupes dont la description est inutile. Il y a des groupes qui ne sont qu'émotions. Que voyage. Juste une immersion profonde dans les abysses tant sombres que lumineux de nos océans intérieurs. Nojia fait partie de ceux-là. Ce groupe toulousain nous offre une musique tantôt rock, tantôt metal, planante à souhait. Une musique qui livre un panel d'émotions hors du commun. Ici, nul besoin de voix, Nojia est un quatuor instrumental. Leur premier album, "Solarchitect" est sorti en 2011, il proposait déjà quelque chose de fantastique et d'immersif. C'était lourd et il y avait bon nombre de méandres dont il était difficile de réchapper...

Quatre ans plus tard, Nojia décide de revenir vers nous avec un EP, "Gheist". Celui-ci contient trois titres ("Canyon", "Golem" et "Sama") enregistrés en une seule prise live aux studios Antistatic. Nojia n'a pas l'habitude de faire parler de lui. La sortie de "Gheist" a donc été très discrète et le format physique était limité à 2x99 exemplaires (99 bleus, 99 cuivrés) dans une enveloppe cartonnée particulièrement soignée. En effet, l'artwork est très sobre mais de toute beauté. L'objet parle de lui-même. C'est une belle interface, une porte entre l'instant réel et l'immersion que nous nous apprêtons à vivre en insérant le CD dans le lecteur...

Nous voilà partis pour 32 minutes d'émerveillement constant et de ressentis émotionnels variés et puissants. Tout commence par une nappe de clavier et un thème à la guitare. Un thème envoûtant qui nous emporte en douceur vers un endroit que chacun verra différent. Un endroit qui nous renvoie à nous-même. Tout au long de "Canyon", la tension monte mais sans qu'on puisse s'en apercevoir. Tout est magnifiquement calculé de sorte que chaque nouvel élément arrive avec beaucoup de finesse, progressivement. "Golem"» arrive par une intro au piano et encore une fois l'enchaînement est parfait. La puissance monte encore d'un cran pour mieux redescendre à la fin du morceau et nous faire passer par un grand nombre d'émotions. Il est difficile de parler de ce disque tant il se vie et ne se décrit. "Sama" se pose tout en douceur. Si on ne prête pas attention, on ne se rend même pas compte que nous sommes passés sur la dernière plage du disque. Et là encore nous continuons ce magnifique voyage qui monte et se tend ou descend et s'apaise, sombre et lumineux. C'est au milieu du morceau que s'amorce un changement radical, une tourne basse / batterie enivrante qui fait monter en puissance le morceau. C'est avec cette grande montée que nous finissons d'explorer les tréfonds de nos êtres, avec tout ce que cela fait remonter. Comme si cette fin nous poussait à aller encore plus profondément dans nos émotions... Soudain, au paroxysme de l'intensité, tout retombe. D'un coup tout s'arrête pour nous laisser sur quelques notes de guitare avec réverb. Ainsi s'achève "Gheist" et ainsi nous remontons à la surface, béats et ébahis...

Inutile d'en ajouter d'avantage. "Gheist" est une perle. Un de ces albums où l'on se dit que la perfection musicale est accessible. Ou si elle ne l'est pas on s'en approche, à tel point que l'émotion nous submerge suffisamment pour que tout le reste passe au second plan. Cette musique parle à l'âme. En plus de cela, la production est impeccable et les musiciens ont une immense maîtrise de leurs instruments. Nojia a sorti l'un des plus beaux albums de ces dernières années et de très loin.


Thomas
Juin 2015




"Solarchitect"
Note : 17/20

Nouvel épisode de la série "Je ne les connaissais pas et ils m'ont mis une baffe" avec les Français de Nojia et leur premier album "Solarchitect", le tout sorti sous l'égide de la Klonosphere qui a décidément le nez creux ! Si vous ne connaissez pas encore cette structure, je vous invite vivement à aller jeter une oreille sur tous leurs petits protégés parce que c'est de la pure qualité.

Mais revenons en à Nojia, en précisant pour commencer que le groupe officie dans le registre du tout instrumental, et comme on est dans des influences post rock / core on sait qu'en général ce style s'y prête bien. Installez-vous donc confortablement dans votre fauteuil moelleux et confortable et profitez du voyage, parce que oui c'est comme ça que s'écoute ce genre de musique. Bon vous pouvez être ailleurs que dans un fauteuil, je ne suis pas sectaire, mais toute votre attention va devoir se focaliser sur la musique et uniquement sur elle. N'allez pas me mettre ça en fond sonore pendant que vous passez l'aspirateur bande d'inconscients !

Non, vous allez être sages et vous laisser porter par ce "Solarchitect". Plutôt que d'opter pour un visage relativement agressif comme certains autres groupes assimilés post quelque chose, Nojia a préféré privilégier les mélodies et les ambiances. L'album porte d'ailleurs bien son nom puisque c'est quand même assez lumineux, mais je n'ai pas dit joyeux attention ! En dehors de quelques passages plus nerveux et tendus, on sent une relative sérénité planante à l'écoute de l'album. Ce n'est pas l'expression musicale du bonheur ultime, mais je trouve que ce style de musique est propice à la rêverie, on se laisse haper et on dérive au gré des vents.

Tout est fait pour d'ailleurs, la longueur des morceaux est assez conséquente puisque "Solarchitect" en contient 5 pour à peu près 65 minutes de musique. Mais vous ne les verrez même pas passer, Nojia maîtrise les codes du genre et se permet même d'y accoler sa patte. En plus de ça techniquement parlant le groupe s'est donné les moyens de ses ambitions, le son est gros, puissant, et laisse une bonne place à chaque instrument. De quoi profiter pleinement de cet album, un son médiocre dans un style pareil ne pardonne pas. Même si ce n'est pas le principal, il faut dire que pendant les quelques passages axés puissance on est bien contents que ça sonne bien.

Bon vous allez me dire que dans le genre il est difficile de passer à côté des influences Isis ou Cult Of Luna, et oui c'est vrai qu'on les sent ici aussi. Mais bon ces groupes n'ont pas inventé ce courant musical, et comme tout style de musique on retrouve certains "codes" et donc forcément quelques similitudes. Mais Nojia s'est assez émancipé pour proposer un voyage intéressant, et il faut dire que cette scène est assez pauvre en groupe Français. Donc personnellement ça me fait bien plaisir d'y voir un représentant de plus, d'autant que cette galette est très bonne. Ma façon d'aborder ce genre de musique, ou même la musique en général d'ailleurs, passe par les émotions. Et sur "Solarchitect" on est gâtés, ce sont elles qui dominent.

Les ambiances se succèdent et ne se ressemblent pas, on passe de mélodies planantes et lumineuses à des passages plus gras et torturés, pour se retrouver ensuite avec des plans bien progressifs comme il faut et on ne peut pas dire qu'on a le temps de s'ennuyer. Ce qui est assez fort sur un premier album entièrement instrumental d'une heure ! Et puis même si on sent quelques influences, quelle importance si l'album est bon et qu'il remplit son office ? Il faut prendre la musique comme elle est et ne pas attendre de chaque groupe qu'il la révolutionne, d'autant que changement ne signifie pas forcément qualité. Je connais pas mal de groupes qui aimeraient sortir un premier album de cette trempe, alors ne boudez pas votre plaisir bande d'aigris (oh les jolis pavés que voilà) !

Bref tout ça pour dire que Nojia présente déjà de grosses qualités sur son premier album, que la Klonosphere vient de nous trouver un groupe à fort potentiel créatif une fois de plus et que ça fait un bon groupe français de plus. Et contrairement à ce que je lis à droite et à gauche, non, encenser un groupe Français n'est pas du chauvinisme. Simplement quand un groupe Français est bon il faut le soutenir, si leur pays natal ne les suit pas les autres ne le feront pas à notre place. Amateurs de post / core, d'instrumental, de voyage introspectif ou tout simplement (soyons fous) de bonne musique : accordez un peu de votre temps à Nojia et profitez bien du voyage.


Murderworks
Avril 2012


Conclusion
Le site officiel : www.nojia.bandcamp.com