Pour Noiss, il s'agit d'un second EP du trio de Chambéry après un premier effort réalisé en 2018, baignant dans une bonne grosse ambiance grunge sombre, nourri aux relents de Nirvana et à la noirceur d’un chant écorché.

Alternant les couplets plutôt chantés en clair et les refrains assez couillus, le groupe, tout au long de ces 5 titres, n’y va pas forcément par quatre chemins et envoie des morceaux sentant le cuir et la sueur. Cette alternance clair / énervé donne une certaine identité au groupe, le tout posé sur un socle basse-guitare assez gras, on pourrait presque y voir de bons gros motards revenant du désert lors des riffs assez entêtants ("Stacy Lose-My-Eye"). On regrettera dans ce morceau un solo intéressant mais masqué dans la masse, noyé, mixé un peu trop en retrait. L’ensemble est hyper cohérent, puissant et compact, les morceaux s’enchaînent sans temps morts, avec un bon agencement, une énergie bienvenue, un bon grunge sur les bords mais que l’on aurait voulu avec plus de "saleté". Le son de la guitare et de la basse est bien trop propre, manque encore de profondeur et de gras pour donner la pleine mesure aux morceaux qui trouveront un public averti (ou moins averti). La batterie est un peu mixée en retrait, le chant fait bien le taff, le grain rappellera aux nostalgiques un certain passé pas si lointain. Clairement, cet EP est un très bon disque, les cinq morceaux n’ont rien à envier à personne et l’on chipote ici et là pour deux ou trois détails.

Bien emmené et débuté par un "Punch In My Face" qui nous met directement dans l’ambiance, catchy à souhait, enchaînant sur un "Iteration 7" qui s’appuie sur un tout autre riff, qui lui vient troubler notre quiétude habituelle et les schémas pré-établis, cet EP est une réussite. Cependant, parce que oui, il faut toujours des modérations, la durée, certes de cinq morceaux, de moins de 20 minutes (18 et des bananes) frustre quelques peu nos oreilles qui commençaient à se plonger dedans. La voix se veut quelquefois pas assez rocailleuse (je chipote) et l’on a une production un peu trop propre pour ce genre de musique, avec des lignes de basse et de guitare qui ne bavent pas assez. Un peu de sale, que diable. Le dernier morceau instrumental, et plus ballade, n’est pas vraiment fort à propos. Noiss est sur le bon chemin, un album complet pour 2022 ?