Le groupe
Biographie :

Noctu est un one-man band de funeral doom metal metal italien formé en 2015 et dans lequel opère Noctu (chant, instruments / Atra Mors, Ghostlord, Necromist). Noctu sort son premier album, "Illuminandi - Esoterica Illuminazione Ermetica", en Janvier 2017 chez GS Productions, suivi de "Gelidae Mortis Imago" en Mai 2020 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2016 : "Tempus Abire Tibi Est" (EP)
2017 : "Illuminandi - Esoterica Illuminazione Ermetica"
2020 : "Gelidae Mortis Imago"


La chronique


Si vous voulez plomber l’ambiance d’une soirée sympa entre potes, ou ruiner votre journée dès le réveil, enfilez-vous "Gelidae Mortis Imago", un album tellement sinistre et déprimant que même le fan de gothique le plus dépressif aura du mal à en ressortir indemne, et se mettra un petit Pat Seb’ en scred pour mieux faire passer la pilule. Non sans dec’, ce disque c’est quelque chose ! Pour la petite histoire, Noctu, c’est un artiste italien, ici responsable de ce one-man band glauquissime. "Gelidae Mortis Imago" est son second longue durée, et la durée, vous allez la trouver longue, oh que oui ! Ce disque, c’est pas moins d’une heure et 13 minutes d’ambiances monotones, froides et éthérées, autant dire qu’il faut être un gros habitué de funeral doom death pour apprécier ce genre de musique.

Déjà, le premier truc à savoir, c’est que cet album est ultra rengaine, notre copain Noctu n’hésite pas à faire tourner le même riff basique en boucle pendant des heures et des heures. Son record, c’est le dernier titre "Isolato Da Un Mondo Senza Speranza", un bon 32 minutes d’atmosphères funèbres et occultes, qui varient, certes, mais d’une manière tout à fait subtile, par basculement, tout en douceur, à tel point qu’on ne sent parfois pas la transition. Il y a une cohérence dans la gestion globale des dynamiques, une cohérence due, justement, au manque même de dynamique, c’est un peu l’électrocardiogramme plat tout le temps. La musique passe et l’auditeur trépasse, la voix fantomatique de Noctu, qui s’apparente à un bruit de vent au sens littéral du terme, fait pénétrer un froid glacial jusqu’aux os. Quelque chose frappe dès la première écoute, c’est le choix des sons, qui ont tous un côté démodé, et inspirent de vieux sons de synthés cheap. L’introduction de l’album reste l’exemple parfait de cet agencement sonore étrange, quelques gouttes d’eau se font entendre, puis un piano monotone et hésitant se manifeste timidement avant de laisser s’échapper quelques notes de la mélodie de la sonate au clair de lune de Beethoven.

Suite à cela, la seconde plage annonce la couleur et révèle les véritables intentions de Noctu, noyer l’auditeur dans la noirceur d’un doom pesant, assez minimaliste et vaporeux, autant en ce qui concerne la consistance du son que dans les ambiances qui sont proposées. Les tournes, lentes et rampantes, prennent leur temps et restent peu changeantes, de ce fait, cela consolide ce sentiment de longueur, qui pour ma part, se trouve devenir terriblement languissant. Ainsi, on comprend bien qu’il y a, de la part de Noctu, une intention évidente de briser les codes, déjà par le biais de la production, et particulièrement par le traitement du chant, très black metal, et puis ensuite par la gestion des climats, qui sont assez souvent entrecoupés de moments d’illustrations sonores inquiétants. La musique de Noctu m’inspire beaucoup le groupe The Residents, qui n’a rien à voir du tout avec l’univers metal. En effet, ces artistes possèdent comme point commun d’axer leur travail sur les boucles, et les enchevêtrements mélodiques, les vieux sons d’orgues kitch et les bruitages discrets. Les nappes et les ambiances synthétiques dominent le trio gagnant basse, guitare et batterie.

Finalement, tout cela ne pourrait pas être si mal, mais un autre petit détail vient perturber l’appréciation de "Gelidae Mortis Imago", cette galette n’est pas assez crade et trop synthétique. En effet, tout reste propret et lissé, il aurait fallu être un poil plus irrévérencieux avec les normes d’hygiène du son, ça aurait pu donner autre chose, à la Thergothon ou, plus récent, Bell Witch, qui possède un son avec des grosses bourses, toujours assez acoustique.

Nous voici donc en présence d’un disque assez hermétique, dans le sens où l’entreprise musicale de Noctu ne se destine pas à tous et à toutes. J’ai eu énormément de mal à rentrer dans le délire, et je n’y suis toujours pas parvenu, mais rassurez vous, il y a des adeptes de "Gelidae Mortis Imago". Ce disque a reçu de très bons retours de la presse metal, allez voir la page Bandcamp qui contient pléthore d’éloges à ce sujet. Pour ma part, je ne parviens toujours pas à rentrer dedans, trop mou, trop plat, trop long, tellement excessif dans la construction des climats que pour le coup, même l’ambiance romantico-macabre semble surjouée, portée par cette grandiloquence et ce sens de la mise en scène à l’italienne. Mouais, bof…


Trrha'l
Août 2020


Conclusion
Note : 13/20

Le site officiel : www.facebook.com/noctu.funeral.doom