Le groupe
Biographie :

Noctem est un groupe de metal extrême espagnol, formé en 2001, et actuellement composé de : Beleth (chant / Obscure), Varu (basse / The Sweet Metal Band, ex-Motörized), Voor (batterie / Rebel Souls, ex-Agathos), Moss (guitare / ex-Onsetcold, ex-Ex Inferis, ex-Scarab, ex-Xenosis) et Tobal (guitare / ex-[In Mute], ex-Germen, ex-Tu Carne). Noctem sort son premier album, "Divinity", en Avril 2009 chez Noisehead Records, suivi de "Oblivion" en Juin 2011 chez Rising Records, de "Exilium" en Mars 2014 chez Art Gates Records, de "Haeresis" en Septembre 2016, de "The Black Consecration" en Novembre 2019, et de "Credo Certe Ne Cras" en Octobre 2022 chez MNRK Heavy.

Discographie :

2009 : "Divinity"
2011 : "Oblivion"
2014 : "Exilium"
2016 : "Haeresis"
2019 : "The Black Consecration"
2022 : "Credo Certe Ne Cras"


Les chroniques


"Credo Certe Ne Cras"
Note : 17/20

Noctem continue son ascension. Depuis 2001 en Espagne, le groupe sème chaos et blasphème sur son passage. En 2022, Beleth (chant, Obscure), Varu (basse), Voor (batterie, Rebel Souls), Moss (guitare, ex-Scarab) et Tobal (guitare, ex-[In Mute]) annoncent la sortie de "Credo Certe Ne Cras", leur sixième album, chez MNRK Heavy.

"I Am Alpha", un titre aussi sombre que brut et viscéral, débute cet album en nous plongeant dans les tonalités les plus dissonantes et abyssales d’un mélange entre black et death metal, laissant la rage répondre à des mélodies perçantes et à un chant brut. Le son agressif dévoile également des tonalités entêtantes, tout comme "Sovereign Providence" qui laisse la vitesse pure donner une saveur sanglante aux riffs. A nouveau, le groupe développe des tonalités étouffantes couplées à des parties beaucoup plus agressives, alors que "Sanctum Of Anguish" nous autorise une part de mystère, accompagnée d’un chant féminin brumeux qui laissera place à la rage pure. Les mélodies inquiétantes nous conduisent à "Credo Certe Ne Cras", titre éponyme et locution latine pessimiste qui dévoilera tour à tour rage brute, mélancolie et noirceur oppressante, puis "Homily Punishment" renouera avec des tonalités plus martiales qui mettent laissent également une place d’honneur à ce chant déchaîné.

Les murmures inquiétants font également partie du son qui devient plus agressif et old school avec "The Pale Moon Rite" et ses harmoniques dissonantes qui nous rappellent sans mal la scène norvégienne, remplie d’ambiances planantes et de blast déchaîné. "The Tolling Of The Nine Bells" développe un son beaucoup plus lourd et lancinant couplé à des parties vocales dévastatrices, mais le groupe prévoit également un final plus doux pour que "Chalice Of Turpitude" ne renoue avec les sonorités les plus brutes et agressives tout en les mêlant habilement à des mélodies entêtantes. "Ceremonial Miasma" s’oriente vers un tempo très élevé pour donner aux riffs sombres une saveur sanglante et massive puis il laisse place à "We Are Omega", le premier titre choisi par le groupe pour lever le voile sur cet album, qui mélange les influences les plus brutes avec des mélodies dissonantes et un chant puissant pour refermer ce chapitre.

Depuis que je les connais, Noctem ne m’ont jamais déçu. "Credo Certe Ne Cras" est un album qui renoue avec les racines du black metal sans oublier leurs influences death metal, qui leur permet de continuer leur ascension sur la scène.


Matthieu
Novembre 2022




"The Black Consecration"
Note : 19/20

Déjà très prolifiques ces dernières années, Noctem repart à l’assaut de la scène européenne avec "The Black Consecration". Formé en 2001 en Espagne, la formation menée par Exo (guitare) et Beleth (chant) a subi quelques changements de line-up depuis sa première démo en 2001. Désormais stable grâce à l’intégration de Varu (basse), Voor (batterie) et Ethell (guitare) en 2015, le groupe nous offre son cinquième album, enregistré sans ce dernier cependant. Toujours aussi sombre que les précédents, ce black metal parfois teinté de death et thrash risque de vous impressionner.

L’album commence avec la longue et glaciale "The Black Consecration". Ce titre éponyme réunit tous les éléments que l’on aime dans le groupe, à savoir des riffs lead incisifs, un véritable mur de son sale et noir pour la rythmique, et une voix qui semble tout droit sortie d’une tombe. Les instruments ralentissent parfois pour reprendre rapidement leur rythme de croisière, et c’est au bout de plus de huit minutes qu’une guitare au son clair clot le morceau. Mais "Sulphur" ne tarde pas à reprendre, avec un son toujours plus tranchant et une batterie tout aussi énergique. La mélodie est planante, le chant agressif, et le contraste est sublime. Quelques passages dissonants viennent compléter le tableau avant la violente "Uprising Of The Impenitents". Ce sont à nouveau des riffs mélodiques sombres et poignants qui nous parviennent, tout en sachant que la batterie en arrière-plan va repartir. Et lorsque le blast nous frappe à nouveau, on sent que le groupe retrouve toute sa puissance. Même constat pour "Coven", un morceau qui part à toute allure et qui prend à peine le temps de nous laisser respirer avant de repartir. Mais ce qui frappe le plus, c’est le chant. Lointain, empli de haine et de mélancolie.

On passe à "All That Now Belongs To The Earth", qui reste dans la même veine que les titres précédents, avec cette guitare lead lancinante qui fera parfois ralentir la rythmique. Mais soyez sûrs que la noirceur des Espagnols ne les quitte pas, même lorsque le chant se fait plus caverneux. Un peu plus technique que les titres précédents à mon sens, "Let That Is Dead Sleep Forever" prend la suite de cet excellent album pour nous amener à nouveau un son sombre, glacial et menée par un chanteur totalement possédé. Ce titre va vous donner des frissons à coup sûr, et ce n’est pas le break, certes plus mélodique, qui viendra rompre le rythme, puisque la reprise est dantesque. Deuxième titre le plus long de l’album, "Court Of Dying Flesh" est un morceau qui pourrait se révéler difficile à apprécier pour les néophytes, en particulier à cause son introduction presque théâtrale, et l’annonce du titre dans un hurlement murmuré. Pourtant, cette composition est un joyau sombre, et figure à mon sens parmi les meilleurs de ce disque. La suite reste dans la même logique que précédemment, mais à nouveau le savoir-faire des musiciens nous assure un excellent moment. Dernier titre déjà, "Dichotomy Of Malignancy" reprend ce côté mélodique que le groupe se plaît à placer autant que possible sur une rythmique vive et dure. Flirtant avec un côté plus doux, le groupe laisse la noirceur inflitrer chaque note avec des paroles qui s’éteignent parfois dans l’obscurité.

Bien qu’ayant déjà vu Noctem en live, je ne m’attendais pas à un tel concentré de puissance et de noirceur ! "The Black Consecration" les fait s’enfoncer encore un peu plus dans un black metal pur jus, avec quelques influences qui ne font qu’embellir cette oeuvre qui est la leur.


Matthieu
Décembre 2019




"Haeresis"
Note : 14/20

Voilà déjà le quatrième album pour les Espagnols de Noctem, et pourtant, le groupe fait partie de ceux que je connais très mal, et ce malgré le fait d'avoir partagé la scène avec eux à l'époque du premier Black Arts Ceremony à Lyon... La formation était peut-être encore trop jeune, trop discrète, ou peut-être pas assez marquante ou intéressante, je ne sais pas, mais vu l'artwork classieux et professionnel de leur nouvel opus ainsi que leur signature chez Prosthetic Records, j'ai l'impression que nos voisins Ibères sont montés en gamme ! Pour le meilleur ou pour le pire ? Je le saurais bien entendu en me plongeant dans les 10 morceaux qui composent ce "Haeresis"... C'est donc plein de curiosité quant à l'évolution du combo que je vais me lancer dans l'aventure : compte rendu au fil de ces quelques lignes !

Tout débute avec "Through The Black Temples Of Disaster", morceau introduit de main de maître par un son puissant autant que massif et une succession de riffs tous plus efficaces les uns que les autres, entre brutalité technique et mélodies ensorceleuses ! Ce titre se lancera véritablement dans la mêlée avec l'arrivée d'un cri black metal parfaitement placé même si très attendu... Voilà un premier morceau qui ne fait pas dans la dentelle, aidé en cela par un son en tout point irréprochable et une technique sans faille : ça joue vite, ça joue bien, mais malgré une violence évidente, les mélodies typiquement suédoises ne sont jamais très loin, donnant un ensemble très cohérent pouvant me rappeler le méconnu groupe Sworn, voire par moments Naglfar sur les passages les plus mid-tempo ! Voilà en tout cas une très belle entrée en matière, qui certes ne révolutionnera pas le genre, mais qui sait lui rendre un hommage poignant... Difficile en tout cas d'imaginer que Noctem est bien une formation venue d'Espagne tant leur musique et leur son rappellent la Suède !

On enchaîne avec un "Auto-Da-Fe" qui est là pour continuer le travail de sape entamé précédemment. Les blasts sont légion, les guitares sont acérées et le chant alterne black metal et passages gutturaux plutôt orientés death metal. Tout ici est au service de la puissance de feu des Espagnols, mais un tel morceau sait aussi apporter son lot de subtilités comme ce passage mid-tempo agrémenté d'une ligne mélodique glaciale et de quelques chœurs discrets du plus bel effet ! A ce stade, tout semble fait avec beaucoup d'intelligence et une maturité certaine malgré d'évidentes influences... "The Submission Discipline", lui, commence en mettant en avant un côté ésotérique plutôt sympathique, avec une chant incantatoire accompagné par une guitare sèche qui introduit parfaitement le morceau qui va brusquement se transformer en une machine de guerre que n'aurait sûrement pas renié Marduk ! Le riff principal semble même avoir été composé par Morgan lui-même, mais l'intensité est telle qu'on oublie rapidement ce sentiment de déjà-vu, d'autant que Noctem parvient à calmer le jeu avec le retour de la guitare sèche qui saura créer une ambiance vraiment particulière... En tout cas le morceau le plus extrême de ce "Haeresis" !

On poursuit avec "Blind Devotion", morceau résolument mid-tempo, enchaînement que Marduk avait déjà expérimenté à l'époque d'ailleurs avec une certaine réussite de par la surprise engendrée. Même s'il manque parfois d'un peu de lourdeur, l'atmosphère de ce titre est plutôt intéressante, offrant un visage plus malsain et torturé... De quoi apporter un peu de variété et de relief à l'ensemble tout en permettant à l'auditeur de respirer autant que faire se peut après tant de brutalité ! "The Dark One", lui, renoue avec les blasts et les riffs typiquement suédois... Et même si Noctem ne fait pas ici preuve d'une grande originalité, la maîtrise de son sujet ainsi que la qualité de l'exécution mettra très vite tout le monde d'accord, soyez-en sûrs ! Et que dire de ce passage mid-tempo accompagné de samples qui pourrait rappeler un certain Hate ? Le tout reste incroyablement homogène et parfaitement intégré à l'ensemble... Comme si une recette alchimique venait de créer un produit hautement explosif ! Une réussite qui aurait été totale avec peut-être un peu moins d'effets sur le chant...

Place au titre éponyme et à sa mélodie qui devrait vous rester en tête un petit moment ! On se rapproche résolument de Naglfar avec une telle composition même si le placement du chant s'avère parfois plus brouillon que les maîtres suédois... L'efficacité est en tout cas toujours au rendez-vous, de même que la technique, quelque soit l'instrument, cela soit dit en passant ! Pourtant, il manque peut-être un petit quelque chose à ce morceau... Et ce sentiment vient sûrement du fait que tous les riffs ne soient pas au même niveau, certains étant un peu plus dispensables que d'autres ! "Whispers Of The Ancient Gods", lui, s'avère plus lent et mélodique, mais il nous offre malheureusement les mêmes faiblesses... Non pas qu'il soit mauvais, mais les premiers titres étaient tellement bluffant qu'on n'imaginait pas de telle baisse de régime ! Comme un genre de ballade black metal manquant cruellement d'intensité émotionnelle et de feeling... Dommage car il a quelque peu tendance à faire redescendre le soufflé, même s'il est parfois bon d'apporter un peu d'air frais !

Le morceau suivant s'intitule "Conjuring Degradation And Morbidity" et se veut plus rapide et violent, mais là aussi, c'est comme si les rouages d'une machine parfaitement huilée s'étaient subitement grippés. La technique est toujours au rendez-vous, mais le feeling n'est plus le même... L'accroche des morceaux n'est plus la même et la mécanique semble plus poussive ! Pourtant, il y a ici et là des riffs toujours excellents, mais tous ne sont pas au même niveau, ce qui a tendance à fragiliser le ciment qui maintenaient la cohésion des premiers titres... Ce sentiment est partagé avec l'arrivée de "The Paths Of The Lustful Abandon", nouveau morceau mid-tempo manquant cruellement d'âme sur ses premières mesures et que les chœurs vont sauver en créant une atmosphère magistrale à la puissance évocatrice incroyable. Et même si leur intervention fut brève et discrète, elle aura su redonner un peu de consistance au morceau qui vous tiendra en haleine jusqu'à la fin ! Comme quoi, il suffit d'un petit éclair de génie pour modifier la tournure des événements...

On termine l'écoute de ce "Haeresis" avec le morceau "Pactum With The Indomitable Darkness" et son intro envoûtante nous amenant subtilement vers un monde de chaos à la puissance dévastatrice ! De quoi redorer le blason de Noctem avant la fin avec des riffs vindicatifs et guerriers et une intensité de chaque instant. Peut-être pas le meilleur titre de ce nouvel album, mais son côté sans concession et rentre-dedans conclura l'opus de la manière la plus cohérente qui soit ! Bref, malgré quelques passages à vide moins inspirés et manquant cruellement de puissance, Noctem nous offre un quatrième album digne des plus grands noms de la scène suédoise, entre brutalité, technique et mélodies ! Le savoir-faire des Espagnols est indéniable, et même si "Haeresis" n'est pas parfait, il est d'un niveau tout à fait appréciable pour les amateurs de sensations fortes. Bien sûr, certains pourront critiquer le manque d'originalité, mais l'énergie dégagée par cet album me fait vite oublier ces considérations finalement très terre-à-terre ! Ainsi, ne boudez pas votre plaisir et donnez leur chance à nos voisins Ibères car tant que Naglfar et Sworn resteront silencieux, ce son ne pourra que vous faire du bien !


Carcharoth
Novembre 2016




"Exilium"
Note : 10/20

"Exilium" est un album assez symptomatique de notre époque. On trouve quelques grands groupes, qui ont ouvert les sentiers du metal extrême à des générations de plus jeunes qui, s'ils sont nombreux à faire le boulot correctement, galèrent à se démarquer. Malheureusement, c'est le cas de Noctem, qui nous offre un album contrasté.

Après une intro ("Enuma Elish", qui est le nom de l'épopée babylonienne qui nous conte la création du monde, rien que ça !) orchestrale très cinématographique et grandiloquente, avec choeurs et tout le bazar, on enchaîne sur trois titres assez génériques. D'emblée, le son pose problème, le manque d'identité du groupe est flagrant à ce niveau, la batterie en fait particulièrement les frais avec un rendu très synthétique et sans puissance. C'est propre, clinique mais c'est tout. Le chant grunté n'est pas plus intéressant, le bonhomme est en voix mais ne se démarque pas de la concurrence immédiate. Mais, au cinquième morceau, "Rising Horns", un sursaut se produit. L'efficacité pointe le bout de son nez et le groupe réussit à faire de sa mixture peu inspirée quelque chose de fédérateur grâce à un très bon riff et une structure classique mais qui a fait ses preuves. On a même droit à un petit pont acoustique bienvenu et sympathique. "Halo Of Repugnance" commence avec la même pompe que l'intro de l'album pour ensuite nous apporter un peu de thrash et, là encore, un pont acoustique bien fichu. "Egregor" (qui est le terme désignant une entité matérialisant les pensées les plus noires de l'homme) est justement une piste entièrement acoustique et atmosphérique avec une ambiance sombre et chargée renforcée par des voix oppressantes en fond. Un bon moment, incontestablement. Le tempo ralentit ensuite sur l'intro de "The Splint Of Destinations" qui va clairement voir du côté des bons vieux groupes de thrash des 80's (coucou Slayer). Après une intro bruitiste, "Eidolon" démarre en sortant les orchestrations et les riffs black, tandis qu'une nouvelle voix se joint au chanteur et qu'un solo thrashisant s'invite à la fête, qui se termine par un after acoustique en guise de pont, une fois n'est pas coutume. "Adamantine Doors" ferme la marche avec une intro en son clair et finit en beauté en reprenant un peu tous les éléments de l'album (orchestrations, bons gros riffs déjà vus...).

En bref, le choix des thèmes est à la fois classique (l'occultisme dans le metal, vous voulez vraiment une liste ?) et singulier, la mythologie mésopotamienne n'ayant pas trop été abordée pour l'instant (Morbid Angel et Karl Snaders en solo sont les seules occurrences qui me viennent en tête). Mais bon, le souci n'est pas vraiment là. La musique du groupe ne dégageant rien que l'on n'ait pas déjà entendu cent fois, bien que le tout soit bien ficelé. Les seuls passages réellement surprenants étant les petits interludes acoustiques qui collent bien à l'ambiance et aux textes. Dommage que ce groupe soit meilleur lorsqu'il s'éloigne du metal stricto sensu...


Sacha
Mai 2014


Conclusion
Le site officiel : www.noctemofficial.com