Le groupe
Biographie :

N.K.V.D., est un groupe de black metal industriel français (Paris) formé en 2005. Le nom vient des initiales de Narodnii Komissariat Vnoutrennikh Diél, police secrète russe sous les ordres de Staline, et réputée pour sa violence. N.K.V.D. sort son premier album, "Vlast", en Février 2011 chez Those Opposed Records. Le deuxième album, "Hakmarrja", sort en Octobre 2014 chez Avantgarde Music.

Discographie :

2007 : "Diktatura" (EP)
2011 : "Vlast"
2014 : "Hakmarrja"


La chronique


Aborder un disque comme celui présenté aujourd’hui est toujours une tâche sensible. Il suffit de jeter un œil sur le nom du groupe, le logo, ou la pochette représentant un sombre militaire / agent de la police secrète, masqué et au look totalitaire (la photographie de la pochette étant tirée de la même série de clichés dont est issue la cover du dernier Mass Hysteria). N.K.V.D., dont le patronyme s’inspire, pour les connaisseurs, du nom de la police secrète soviétique sévissant dans les années staliniennes, est une formation œuvrant dans la très controversée scène black metal à tendance extrémiste. Pas question de NSBM ici, le propos est tourné, comme vous l’aurez compris, vers l’URSS et les anciens blocs communistes. Si vous portez une aversion particulière pour les "artistes" metal ou autres, véhiculant un message patriotique / nationaliste, une idéologie ambigüe ou une imagerie militariste (qu’elle soit sincère ou simplement provocatrice) et que l’approfondissement de la compréhension de la démarche de ces groupes n’est pas une option pour vous, alors faites comme de coutume. Après tout, à chacun sa façon de penser et d’agir. En revanche, si vous parvenez à faire abstraction de cette présentation, et prenez de la distance en restant dans un strict rôle d’amateur de musique, curieux et ouvert, alors vous pourriez être étonnés.

Mais si l’auditeur s’intéresse d’un peu plus près au concept des Franciliens de N.K.V.D. (à ne pas confondre avec son homologue breton évoluant plutôt dans le modern / death / indus), on s’aperçoit qu’il ne s’agit pas ici d’une glorification basique du communisme staliniste, mais d’une thématique liée aux exactions militaires / politiques serbes et aux conflits nationalistes des Balkans slaves. Alors est-ce par pure provocation qu’ont été écrites les paroles de "Travail Famille Patrie" ou "Za Krajla " et qu’ont été insérés ces nombreux samples de discours historiques équivoques, nous laissons cela à votre méditation.

Evoquons à présent le contenu musical de cette production. "Hakmarrja" est le deuxième album longue durée du duo totalitariste ayant dans ses rangs Loïc F. (instruments / samples / composition) et H.S. (chant), et propose une musique à l’inspiration double. Les styles black metal et industriel se marient pour un rendu sonore évidemment créée pour servir les sujets des lyrics. La voix black / death de H.S., quelque peu monotone, est avantagée dans le mix et occulte la partie musicale composée de riffs de guitares froids et martiaux, d’une boîte à rythmes et de samples bruitistes accentuant le concept militaro-industriel. La production est assez étouffante, opaque et une certaine concentration est requise pour saisir toute la teneur de cette œuvre. Les compositions metal (entrecoupées par un très bon interlude purement ancrée dans le martial / industrial) sont simples (pas de parties ultra-brutales comme sur leurs premières réalisations, ou de chant bestial, on est ici dans un black / indus où l’évocation d’un fond controversable et l’ambiance occulte sont maîtresses) et structurellement identiques. Elles reposent sur un ou deux riffs maximum et de motifs de batterie répétée à l’envie. Ce côté machinal, déshumanisé et volontairement cacophonique (les effets de saturation sur les voix et sur les programmations et autres couches pourront être désagréable pour certains) ajoute à la musique un cachet supplémentaire et contribue également à son hermétisme. Il ne faut pas cherchez à y dissocier quoi que ce soit et y rechercher le riff qui tue ou le morceau le plus destructeur, il s’agit d’un tout où l’intention musicale est mise en relief par les paroles, le concept et l’artwork. Une fois rentré dedans, le voyage se révèle être intéressant. Un disque pour les plus curieux et ouvert d’esprits.


Man Of Shadows
Novembre 2014


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/nkvdmetal