Le groupe
Biographie :

Ninkharsag est un groupe de black metal anglais formé en 2009 en tant que one-man band, puis devenu véritable groupe depuis 2011, et actuellement composé de : Paul Armitstead (guitare / Unsanctum), Jay Pipprell (batterie / Unsanctum), Kyle Nesbitt (chant, guitare / Black Magician, ex-Crypt Lurker) et Aleksandar Kokai (basse / ex-Monstrance). Ninkharsag sort son premier album, "The Blood Of Celestial Kings", en Avril 2015 chez Candlelight Records, suivi de "The Dread March Of Solemn Gods" en Avril 2021 chez Vendetta Records.

Discographie :

2015 : "The Blood Of Celestial Kings"
2021 : "The Dread March Of Solemn Gods"


Les chroniques


"The Dread March Of Solemn Gods"
Note : 16/20

Après un premier album sorti en 2015 qui sentait bon le vieux black mélodique avec du vieux Emperor et du Dissection au menu, les Anglais de Ninkharsag sont de retour avec "The Dread March Of Solemn Gods". Cette fois rien que la pochette évoque Dissection et en particulier "Storm Of The Light's Bane" donc mon petit doigt me dit qu'on est reparti sur du bon black à l'ancienne. Sachant que "The Blood Of Celestial Kings", sans rien réinventer, faisait bien le boulot il y a des chances que ce nouveau méfait fasse plaisir aux nostalgiques lui aussi.

"Night Wrath" nous accueille en acoustique avec une ambiance lugubre d'entrée de jeu qui rappelle les vieux classiques du black, Emperor une fois de plus, voire même Bathory dans les moments les plus épiques, une bonne façon de planter le décor et d'afficher la note d'intention. Quand les guitares débarquent, une pointe de Dissection refait surface et on sent que l'on va voyager une paire d'années en arrière pendant l'écoute de ces quarante-cinq minutes. Pour autant, Ninkharsag n'est pas une pâle copie, le groupe perpétue un héritage et le fait bien. On aimerait le voir développer une personnalité plus forte c'est vrai, surtout que l'on sent son potentiel les rares fois où il daigne se lâcher et sortir de ce carcan. Sachant que ce n'est que le deuxième album et qu'il sort sept ans après son prédécesseur, on se dit que l'évolution viendra peut-être par la suite, pour l'instant concentrons-nous sur "The Dread March Of Solemn Gods" parce qu'il a plein de bonnes choses à faire entendre. Et ça commence dès le morceau-titre qui démarre véritablement l'album avec là encore de fortes senteurs à la fois de Dissection et d'Emperor, donc un black metal mélodique et glacial qui ne lésine pas sur les blasts. On note très vite que l'album est bien mieux produit que "The Blood Of Celestial Kings" et que le groupe a voulu plus de puissance dans le son cette fois. Si les influences se repèrent assez facilement, il faut avouer que Ninkharsag a un don pour trouver les riffs et les mélodies qui tuent. Les morceaux atteignent régulièrement les cinq ou six minutes et pourtant il n'y a quasiment aucun passage faible à signaler, l'album passe tout seul et le plaisir pris à entendre ce type de black depuis longtemps disparu est indéniable.

Si l'album est froid et fortement mélodique, ça tape quand même pas mal et le tout est assez intense, là encore comme à l'époque des Dissection et autres Sacramentum. C'est glacial mais violent et Ninkharsag ne fait pas de prisonniers avec ce nouvel album, ça blaste quasiment tout du long et quand ça lève le pied, c'est pour sortir le mid-tempo des familles avec des riffs qui ramènent de la glace dans les enceintes. Comme je le disais, ça n'invente rien du tout mais c'est sacrément bien foutu et très efficace, le groupe connaît ses classiques sur le bout des doigts et plutôt que de les réciter nous en sort sa propre interprétation. On sent que Ninkharsag pourrait aller plus loin et développer une identité plus marquée mais cela viendra peut-être avec le temps, pour l'instant on sent au moins l'honnêteté de la démarche et le plaisir pris à jouer ce type de black mélodique à l'ancienne. Un plaisir partagé à l'écoute tant les morceaux sont imparables et bien troussés, suffisamment violents pour être dynamiques et suffisamment mélodiques pour poser cette fameuse ambiances à geler les os. On entend d'ailleurs un excellent solo très mélodique au début de "The Tower Of Perpetual Twilight" qui développe d'ailleurs un climat mélancolique de toute beauté. Le savoir-faire est là et si le début des années 90 vous manque, Ninkharsag a exactement de quoi combler votre manque de black mélodique à l'ancienne. Il y en a d'autres qui rendent hommage à cette scène, notamment Thulcandra qui colle encore plus à la formule, mais ces Anglais ont l'étincelle qui pourrait les démarquer et leur permettre de s'émanciper ne serait-ce qu'un petit peu. Ils ont largement le potentiel de se servir de cet héritage pour développer leur patte et créer une sorte d'hybride qui leur permettrait de se démarquer tout en continuant de pratiquer le même style.

Pour faire bref et en dehors du fait que vous ne trouverez rien de nouveau ici, "The Dread March Of Solemn Gods" est un excellent album de black mélodique et si les premiers Dissection vous manquent, vous pouvez foncer les yeux fermés. Si vous êtes trop jeunes pour avoir connu l'époque, foncez aussi, ce n'est que du bon et il n'y a rien à jeter. On espère éventuellement un peu plus de personnalité à l'avenir, parce que le potentiel est clairement là, mais pour l'instant on reconnaît les qualités de ce nouvel album et on le savoure comme il se doit !


Murderworks
Juillet 2021




"The Blood Of Celestial Kings"
Note : 09/20

Le boulot de chroniqueur est quand même chouette !!! En plus chroniquer les grands noms de la scène internationale, on a aussi régulièrement l'occasion de faire des découvertes, parfois exceptionnelles, d'autres fois sans le moindre intérêt... Mais c'est ça le jeu : comme dirait l'autre, la vie, c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber !!! Toujours est-il que quand on sait que les Anglais de Ninkharsag sortent leur premier album sur le label culte Candlelight Records, et quand on voit la magnifique pochette de ce "The Blood Of Celestial Kings", on se dit qu'on va peut-être tomber sur une perle... Verdict ??? Il ne vous reste plus qu'à me lire...

Tout commence avec "The Sicarii" qui nous plonge tout de suite dans l'ambiance de ce premier opus !!! Le son est plutôt sympathique, puissant et offrant aux guitares une dimension glaciale correspondant bien au style pratiqué ici : un black metal mélodique plutôt orienté mid-tempo... Pourtant, malgré une durée assez courte, le titre a du mal à se mettre en place !!! L'ensemble est assez poussif, avec des guitares lancinantes assez ennuyeuses, un chant beaucoup trop linéaire, et une rythmique scolaire au possible... Les bonnes impressions laissées par la pochette et le son se sont vite envolées !!! Espérons que "The Essential Salts Of Human Dust" rattrape le coup car cette entrée en matière était plutôt ratée... Le tempo semble monter d'un cran, mais tout n'est qu'illusion, à l'image des pseudo-blasts qui donnent une impression de vitesse alors qu'il n'en est rien !!! Disons le clairement, on prend les mêmes et on recommence : mêmes guitares en manque d'inspiration, mêmes patterns de batterie tout droit sortis d'un manuel du genre "Le Black Metal pour les Nuls", même chant sans âme... Eh oui, dès le deuxième morceau, je suis lassé par ce "The Blood Of Celestial Kings" !!!

Place à "Liber V Vel Reguli" aux racines évidemment suédoises, mais ne vous attendez pas à entendre des riffs à la Dissection, ni même retrouver dans ce morceau des influences rappelant vaguement Necrophobic ou Lord Belial... C'est un sentiment un peu flou, une veine tentative de donner au morceau un peu de consistance et un petit supplément d'âme, ce qui n'est pas une mince affaire !!! Malgré tout, cela rend le morceau un peu moins ennuyeux, même si on a vraiment l'impression une nouvelle fois que les Anglais suivent plus un manuel que leur cœur... Où est la fougue ??? Où est la rage ??? Où est la folie, la noirceur, la possession ??? La musique de Ninkharsag semble malheureusement beaucoup trop réfléchie pour être honnête... Pour succéder à ce titre, quoi de mieux que "Destroyed By Design" et sa petite minute cinquante ??? A peine le temps d'apprécier son sympathique groove et ses jolies mélodies que c'est déjà fini... Dommage, l'inspiration était presque au rendez-vous !!!

Le titre "Ninkharsag" va reprendre le schéma habituel, puisant cette fois-ci plus du côté de Setherial et signant enfin quelques riffs un tant soit peu agressifs... Mais ce sera de courte de durée avec l'arrivée d'un petit interlude atmosphérique faisant la part belle à d'excellentes lignes de basse !!! Malgré le retour de riffs un peu plus rentre-dedans, c'est quand même le manque d'originalité et la linéarité qui marqueront le plus les esprits sur le final du morceau... Étonnamment, avec le titre suivant, "Tartarus Unbound", Ninkharsag va sans doute nous offrir son titre le plus intéressant, aidé en cela par un excellent lead mélodique et une rythmique aux reins sensiblement plus solides !!! Ne vous attendez pas non plus à une révolution, mais ce morceau apporte un petit bol d'air frais dans cette torpeur d'ennui infini... Quoi qu'il en soit, enfin un titre qui ose aller à l'essentiel, et ce sur une durée de 5 minutes, jamais atteinte depuis le début de l'album !!! Les Anglais vont même laisser éclore une petite graine de folie en nous gratifiant de quelques notes quasi orientales... L'honneur est sauf !!!

Quelques bonnes idées sur le très court "Pastoralis Praeeminentiae" (2 minutes 16), mais qui n'ont pas le temps d'être développées comme il se doit, et donc aussi vite oubliées... Dommage car l'utilisation de chant déclamé allié à une basse toujours très inspirée nous à offert un très court mais enivrant moment de bravoure !!! On continue sur quelque chose de classique avec "Dawn Of The Age of Aquarius", morceau mid-tempo ennuyeux au possible tel que le groupe sait en composer... Mais malgré ce manque d'inspiration évident, les Anglais vont nous pondre un excellent riff groovy à souhait, et plus loin, ils sortiront de nulle part un petit lead mélodique absolument parfait... Alors pourquoi ne pas développer plus, revenir plus souvent sur les bonnes idées, quitte à ce que le titre dépasse les 3 minutes ??? On dirait que Ninkharsag a peur de dépasser une certaine longueur, ou a peur de rejouer deux ou trois fois un même riff dans un morceau, surtout quand il est bon... Peur de la réussite ??? Trop timorés ??? Sûrement un peu des deux, va savoir...

Tout se termine sur "Iron Wolves" qui a décidé de me faire mentir avec ses 6 minutes au compteur... Encore une fois, quelques bonnes choses ressortes ici et là, mais l'ensemble manque cruellement d'homogénéité !!! Et c'est bien le sentiment de lassitude qui prédomine... Et voilà ce qui restera après l'écoute de ce premier album de Ninkharsag !!! Un opus beaucoup trop scolaire et conventionnel, composé avec la tête plus qu'avec les tripes et cela se ressent malheureusement beaucoup trop... On dirait même que les musiciens, pas mauvais en soi, se forcent à rentrer dans un moule qui ne leur convient pas et n'assument pas leurs petits moments d'égarement, pourtant les plus intéressants de l'album !!! On se retrouve au final devant une succession de 9 titres qui mériteraient une plus grande cohérence, une inspiration de chaque instant, ainsi qu'un dévouement et une honnêteté musicale sans faille... Les Anglais en sont encore loin, et même si ce serait méchant de dire que le seul intérêt de cet album est de ne pas durer plus d'une demi-heure, il est vrai qu'ils ont réussi un véritable tour de force en condensant en si peu de temps toutes les erreurs de jeunesse qu'on peut trouver sur un premier album !!! Gageons alors que son successeur le surpassera haut la main...


Carcharoth
Juin 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/ninkharsagblackmetal