"Fires Within Fires"
Note : 13/20
On retrouve les pionniers du post-metal et de ses sous-genres avec les ricains de Neurosis.
Après trente années de carrière avec pratiquement le même line-up, ce qui est rare et et ce qui montre une certaine force, ils reviennent avec un onzième opus, "Fires Within Fires".
Il s'agit donc du successeur de "Honor Found In Decay" sorti en 2012.
Que nous réserve donc ce "Fires Within Fires", composé de 5 titres pour une durée totale de 40 minutes (ce qui est assez peu comparé aux autres sorties du groupe) ?
Après tout, la durée ne compte pas, seule la qualité prime.
Avec cet album, on est plutôt mitigé et on se rend vite compte qu'il ne s'agit pas de leur meilleur album !
En effet, il a beau être plus direct, avec des ambiance mises souvent en second plan, mais il ne se passe pas grand-chose...
Certes on trouve de bons riffs, bien pesants, dégoulinants, dans un sludge bien marqué, mais cela ne suffit pas.
"Bending Light", le premier titre, est d’ailleurs le plus ennuyant avec hélas trois longues minutes d'attente faites de bruitages sympatiques mais pas très emballants.
Le morceau débute vraiment d'un coup avec de gros riffs inattendus qui, enfin, nous intéressent mais l'attente nous a quand même gâché notre plaisir.
Et tout l'opus est comme ça, en demi-teinte.
Lorsqu'un passage est plaisant, celui d'après nous déçoit.
Le ton est plus glacial dans ce "Fires Within Fires", plus terne, avec peu de place pour la lumière à part peut-être dans "Broken Ground", morceau plus progressif et planant mais il défile sans que l'on soit conquis.
Attention, il n'est pas mauvais pour autant mais il n'est pas à la hauteur de nos attentes.
On trouve aussi un "A Shadow Memory" rugueux et bien morne qui sort un peu du lot, tout comme le morceau qui suit, "Fire In The End Lesson", et qui attire un peu plus notre attention avec de belles parties de guitares qui semblent mouvantes.
Rien de bien spécial ni de mémorable cependant et même un morceau comme "Reach" qui paraît plus recherché nous paraît bien vide au final.
Bien construit et s'écoutant sans problème, cet album est cependant bien trop morne et ne donne pas envie.
Il tourne également un peu en rond, certes avec des variantes, mais il propose un peu trop les mêmes choses de titre en titre.
Ce n'est assurément pas la meilleure référence pour parler du groupe.
"Honor Found In Decay"
Note : 15/20
Groupe californien affilié aux précurseurs du post-hardcore & Co, Neurosis fait grincer les planches depuis maintenant près de 30 ans et ne s’épuise toujours pas. En Octobre dernier, il sort son nouvel et dixième oracle "Honor Found In Decay" sur Neurot Records formé par les membres du groupe portant en son sein nombre de formations de qualité dont Amenra et Ufommamut, pour ne citer qu’eux.
Depuis sa création, le groupe étonne de par ses capacités d’évolution et de création perpétuelles. Il aura pourtant fallu du temps au quintette puisque pas moins de cinq ans après l’acclamé (ou pas) "Given To The Rising" sorti en 2007 pour qu’un nouvel opus voit le jour. Sept titres fidèles au son des plus modernes depuis "Souls At Zero" (1992) enregistrés à l’Electrical Audio Studio de Chicago puis masterisés par John Golden, également tuteurs de certains projets de Primus et des Melvins.
"Honor Found In Decay" délivre une atmosphère version désespoir appuyée par la voix rocailleuse de Von Till à la diction ralentie. Rythme lourd et inquiétant, clavier envoûtant et accords répétitifs déconcertants façon messe noire, jusque là, rien d’inhabituel dans la composition des papys d’Oakland.
Les intonations dissonent, mêlées à quelques passages "sludgy" montant en intensité où quelques notes bien choisies suffisent à faire balancer la tête avec une certaine obsession.
Pourtant un certain constat interpelle : où sont passées les origines hardcore puis post-hardcore du groupe ?
Puissant comme le doom, mais pas aussi tumultueux, le son de l’album se rapproche d’avantage du psyché des années 70, le côté gras en plus. Un stoner graisseux en fait.
"All Is Found…In Time" décrit parfaitement la tendance, avec ses effets aérodynamiques en tout genre exploités avec exubérance sur les quatre dernières minutes du titre.
A moins d’être un fanatique extrémiste du son des premiers temps, il était bien normal qu’après près de 30 ans de carrière quelques changements s’opèrent.
Neurosis ne cesse d’innover et semble encore aujourd’hui avoir fait le choix d’une nouvelle alternative.
Un choix plutôt tiède, risqué, qui n’en reste pas moins respectable.