Le groupe
Biographie :

En 1996, Nemesis Irae construit ses bases des cendres de Bloodsheed (1987), Sulfure (1987) et Despire (1989). Grabak (guitare), Kriss (batterie) et Patrice au chant vont collaborer avec un deuxième guitariste ainsi qu'un bassiste pour donner naissance avec succès à un premier album, "Opening Insane", en 2003. Après pas mal de concerts avec Deicide, Grief Of Emerald, No Return, Enthroned et bien d'autres suivront quelques 8 années compliquées, de changements de line-up qui n'empêcheront tout de même pas l'enregistrement d'un second album, "BDSSM", en 2010. 2012 signe incontestablement la renaissance du groupe lorsque Humungus (basse), Lord Natrak (guitare) et Dark Bastard (chant) s'unissent à Kriss et Grabak pour accomplir encore blasphèmes et de Vortex (Kaos) en nombre.

Discographie :

2003 : "Opening Insane"
2010 : "Blasphemy - Desecration - Satanic Supremacy - Misanthropy"
2013 : "Eradikate Kampaign"


La chronique


Voici un album qui malheureusement passera peut-être inaperçu, dans l'immensité de notre scène saturée et overdosée de groupes talentueux et d'autres moindres... Mais qu'importe l'important c'est de réaliser ce pourquoi on est motivé et donc de parvenir à sortir sa propre musique juste pour le plaisir de la musique et la satisfaction personnelle... Néanmoins si ces quelques lignes permettent aux amateurs du style, ne serait-ce qu'un seul, de faire connaissance avec Nemesis Irae, ce sera gagné. Avec Nemesis Irae, nous sommes loin des super-productions où rien que le fait de mettre le CD dans la machine fait exploser le lecteur tellement la production est puissante... Avec Nemesis Irae nous sommes loin du black / death mainstream où les morceaux sont des tubes, où les titres sont accompagnés de clips avec effets spéciaux ultra sophistiqués... Non, avec Nemesis Irae... ce groupe underground belge qui existe en tant que tel depuis 1996, mais dont les acteurs principaux participent à l'édifice metallique depuis les années 80, on se retrouve face à un black / death traditionnel où on se remémore les années 90, le début, voire la fin des 80's.

Nemesis Irae a realisé une espèce de synthèse des 25 ans d'existence en présentant un nouvel et troisième album qui dure une bonne demi-heure sur huit titres. Evidemment vous y retrouverez des réenregistrements de deux morceaux, notamment leur hymne "Vortex", ainsi que "666 Reich", mais aussi un autre titre "Total Agony" qui date de l'époque de Despise. "Eradikate Kampaign" est un album court et intense. Le son est très roots, bon compromis entre la démo crasseuse et le son trop lissé de certaines nouvelles prod', ce qui donne un aspect sépia à l'ensemble de l'oeuvre, quelque chose de nostalqigue pour ceux qui ont la trentaine bien tassée. En effet, quand on écoute "Total Agony" et son côté hyper thrash, même si elle reste black / death, on se rend totalement compte que Nemesis Irae se plaît plus à naviguer dans les vieilles eaux des Possessed / premier Slayer pour ce qui est de l'influence plus ou moins thrash. En fait, le groupe puise dans les styles black / death ce qu'il y a de plus primaire pour en faire ressortir l'agressivité bestiale du genre, sans y mettre quelconque forme de mélodie mignonnette. Pourtant les rythmiques restent facilement en mémoire, j'en veux pour preuve le lead guitare de "666 Reich", qui offre un thème guerrier et malsain, ou encore le solo interminable et macabre de "Asmodeus" sur fond de rythmique infernale. C'est bien cela que "Eradikate Kampaign" peut vous offrir, un retour à l'essentiel sur les racines black / death, où le fantôme du vieux thrash noir y laisse quelques traces dans son sillon.

Les morceaux se suivent tranquillement sur l'écoute parce qu'ils ne sont pas très longs, on prend une gifle primaire, mais qui malgré tout laisse une empreinte intéressante dans nos oreilles. N'allez pas chercher du black metal symphonique, ou encore un truc technique à la Enslaved, ou viking à la Falkenbach, Nemesis Irae fait traîner ses savates du côté du black underground et brutal celui des démos K7 que l'on pouvait trouver dans toutes les bonnes distros des années 90, pour découvrir de nouveaux groupes, et plus précisément de la scène européenne polonaise ou autrichienne de l'époque, voire vieille scène black suédoise... Les chansons de Nemesis Irae ont la capacité de laisser transparaître une once de mélodie, enfin plutôt de fil conducteur dans lequel l'auditeur arrive à s'accrocher pour traverser la déferlante agressive très black. C'est exactement le cas pour le dernier titre "Putrid Lust", un morceau qui garde une thématique assez basique sur la forme, où les guitares et la batterie se permettent quelques accélérations, en l'occurrence "putrides", pour conserver une certaine barbarie, mais qui sur le fond permettent de déceler en parallèle une mélodie black lead des guitares et un aspect death. Une chanson excellente en tous les cas.

Sans doute ce qui peut rebuter les amateurs du style, c'est la voix du vocaliste qui possède effectivement deux timbres différents mais qui s'apprécie beaucoup mieux dans son timbre black metal que dans celui qui s'approche du death. Le chant de Dark Bastard arrive à être vraiment performant lorsqu'il reste dans un registre plus aigu, tandis que son grain plus grave reste controversé, ce qui peut ne pas plaire à tout le monde...

Muni d'une pochette qui, quant à elle, demeure totalement mirifique mettant en exergue la noirceur de la musique de Nemesis Irae, il est certain que cet album se doit de trouver auditeur parce que les nostalgiques du black / death bestial et élémentaire seront servis. Et cerise sur le gâteau, la sortie de cet album chez Mortis Humanae Productions a été accompagnée d'un split avec Dark Managram et Goat Perversor dont vous aurez bientôt des nouvelles...


Arch Gros Barbare
Août 2013


Conclusion
Note : 14,5/20

L'interview : Kriss & Grabak

Le site officiel : www.myspace.com/nemesisirae