Comme le poserait si bien notre cher Gérard Lenorman par dessus deux accords capillotractés sur une guitare peu accordée : "Je viens te chanter la ballade. La ballade des gens heureux. Je viens te chanter… la chronique, la chronique des gens heureux". Le pire dans tout cela n’est même pas la coiffe surréaliste de Gérard, mais plutôt que cette chronique a failli ne jamais voir le jour.
Entre des allers-retours incessants avec les services postiers, un confinement inopiné, un cassage de clé de boîte-aux-lettres et j’en passe des meilleures, les éléments se liguaient contre un hypothétique rapport plus qu’amical entre mon oreille et Needle Sharp. Généralement, lorsque le cosmos ne veut pas, et qu’on le force, ça part en sucette. Malheureusement pour nous, le ou plutôt la Covid était déjà bien installée, mon écoute n’en est donc pas à l’origine. Toutefois, il eut fallu attendre un énième plantage d’un service d’hébergement web bien connu pour que cet EP puisse enfin faire du gringue à mon tympan. Et avec des titres comme "Broken" et "What You Learn", grand bien lui en a fait !
Needle Sharp, c’est du rock. Du vrai. Du qui remue. Du qui transpire des joyeuses quand il montre des crocs plus metal. "Dark Lies Effects" est son second EP (en huit ans d’existence). Et quand Needle Sharp accouche de "Dark Lies Effects", cela donne du groove, de l’alternatif et des passages qui ne sont pas sans rappeler des formations aussi diverses et sages que Rage Against The Machine ou Guano Apes ("One More Lie", "Feel It"). En cinq titres, dont une version acoustique ("To Be Damned"), Needle Sharp offre environ vingt-cinq minutes de son talent. Et, autant dire que, emmené par la voix de Laellou, la chose envoie du bousin plus qu'un tractopelle embourbé !
Nous retiendrons donc de Needle Sharp une très belle découverte. Un groupe à l’univers solide et qui use non seulement plusieurs cordes de son arc, mais aussi plusieurs facettes à son alternatif. Mais j’ai pas de conclusion, alors je ferai appel à Gérard de nouveau : "Comme un chœur dans une cathédrale. Comme un oiseau qui fait ce qu'il peut. Tu viens de chanter la ballade… Celle qui t’a mis une claque encore plus vénère que ma moustache" (Et non, Lenorman n’a pas de moustache, mais le Normand si).
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