"Imperium"
Note : 18/20
Et de cinq pour Necrotted ! 2023 marque non seulement les quinze ans du groupe composé
de Philipp Fink (guitare, ex-Hackneyed), Fabian Fink (chant, bassiste jusqu’en 2013,
ex-Hackneyed), Markus Braun (batterie, ex-Cathedraline), Koray Saglam (basse,
ex-Rotten Pope) et Johannes Wolf (guitare), mais c’est également l’année de la sortie
d’"Imperium" pour les Allemands.
Avec "A Veiled Awakening", le groupe propose une première approche inquiétante avant de
délivrer ses riffs solides soutenus par une batterie puissante, puis par les parties vocales
massives. Les racines deathcore donnent aux mosh parts ce côté accrocheur tandis que les
leads entêtants se mêlent à la vague de violence avant que "Reich Der Gier" ne nous inonde
sous son rouleau de double pédale inarrêtable. L’ambiance est relativement plus sombre sur
ce titre qui conserve tout de même ses éléments ravageurs en les fusionnant avec la
dissonance pour créer un son pessimiste qui s’enflamme rapidement sur "Sow Sorrow For
Victory", le morceau suivant, en compagnie de Kevin Petersen et Marcus Jasak, vocalistes
d’Acranius. Les parties entraînantes sont également au programme de cette composition
majestueuse, tout comme ce solo épique qui apparaît après un moment plus calme, suivi
par "Artificial Truth" qui va également développer l’alliance entre leads mélodieux et base plus
brute, combinée à un tempo effréné.
Le groupe appelera ensuite Tomas Klar (Abbie Falls)
et Simon Müller (Defocus) pour "Ignorance Is Fear", un titre où les trois voix se complètent
parfaitement sous la rythmique saccadée, ajoutant des touches hardcore sauvages avant
que "Round X: Freedom V Security" ne laisse les musiciens se déchaîner totalement pour
placer leurs riffs les plus puissants. Quelques leads viennent donner une touche de douceur
à la composition avant que le final écrasant ne nous projette sur "Imperator" et son approche
relativement énergique qui n’aura aucun mal à séduire en live. On notera quelques touches
old school qui s’intègrent parfaitement à la composition, tout comme sur le groove ravageur
d’"Order Beyond All Bounds" qui enchaîne les mosh parts pour laisser les nuques se délier
tout en intégrant quelques harmoniques plus froides. La fin de l’album s’assombrit avec "My
Reign Come, My Will Be One" qui intègre cette mélodie lancinante à une vague de fureur
incontrôlable, laissant également le vocaliste proposer des cris viscéraux avant un final plus
apaisant.
Au fil des albums, la personnalité musicale de Necrotted s’affirme, empruntant toujours plus
de mélodies aériennes pour donner de la force à ses rythmiques massives. "Imperium" est
définitivement leur meilleur album à ce jour !
"Operation: Mental Castration"
Note : 17/20
Necrotted s'apprête à nous tomber dessus avec "Operation: Mental Castration", son
quatrième album. Créé en 2008 en Allemagne, le groupe est composé de Philipp Fink
(guitare, ex- Hackneyed ), Fabian Fink (chant, bassiste jusqu’en 2013, ex-Hackneyed),
Markus Braun (batterie, ex-Cathedraline), Koray Saglam (basse, ex-Rotten Pope) et
Johannes Wolf (guitare).
La base du groupe est constituée de death metal, mais pas uniquement, puisque l’on trouve
sur "My Mental Castration", le premier titre, des éléments assez modernes, voire même parfois
industrial. Le son du groupe est imposant, et il propose également quelques breaks, comme
sur "Compulsory Consumption", un morceau très entraînant créé dans la violence pure et une
sombre oppression. Julien Truchan (Benighted , Néfastes) rejoint le groupe qui joue dans
le slam avec "Asocial Media Whore", ajoutant des influences malsaines à ces hurlements
diversifiés mais toujours surpuissants, puis c’est après quelques leads que la moshpart
finale nous amène à "Work Hard, Gain Nothing", un titre très accrocheur. Lourdeur et vitesse
se relaient, accompagnés de quelques parties dissonantes, puis Grimo (Cytotoxin) rejoint
les musiciens pour une "Happy Dysphoria" écrasante dans tous les sens du terme.
"Abhorrence And Anxiety" revient sur cette hargne ravageuse au son moderne et entraînant
qui fera le bonheur des habitués du pit, alors que le groupe ajoute une inquiétante
dissonance à sa rythmique très solide. C’est à nouveau la noirceur qui vient peupler les riffs
de "The Burning Emptiness In Me", pendant que le groupe nous écrase avec des breaks et
des riffs épais, qui serviront de base à un lead aérien. "Drained" sera très probablement
présente sur les setlists du groupe grâce à son efficacité brute, mais aussi ses harmoniques
tranchantes qui se transforment en palm mute brutaux et saccadés. Le groupe renoue avec
la vitesse sur "Mirror’s Malicious Glance", couplée à ce son entraînant, puis avec la noirceur
et l’oppression sur "Cynic Suicide", un titre à la fois étouffant et très critique. Rage,
dissonance et leads entêtants referment l’album.
Si la base de Necrotted se trouve sans aucun doute dans le death metal, le groupe pioche
dans le slam, la dissonance et la rage pure pour faire de "Operation: Mental Castration" un
album aussi efficace que diversifié.
"Worldwide Warfare"
Note : 17/20
Mélanger death metal et metalcore, ça revient à du deathcore, n'est-ce pas ? Eh bien je vais vous prouver que l'on peut mélanger death metal et deathcore avec le dernier album de Necrotted. Fondé en 2008 par Fabian Fink (bassiste de 2008 à 2013 et maintenant chanteur), Markus Braun (batterie) et Filip Fink (guitare), le groupe se voit contraint de réadapter son line-up en 2013. Ils recrutent alors Koray Saglam (basse), Johannes Wolf (guitare) et Pavlos Chatzistavridis (chant) cette année-là, pour avoir plus d'impact vocalement. Plus soudés que jamais, les Allemands se démènent pour la composition de leur deuxième album, mais c'est avec "Worldwide Warfare" que leur style particulier éclate. Reprenant le meilleur des deux styles, c'est lentement que le groupe s'impose dans la scène européenne. La preuve en musique.
"Worldwide" débute avec un sample de foule, puis des bruits d'armes à feu. Le ton est donné, la musique du groupe sera martiale. Et c'est en effet un blast surpuissant qui vient épauler les riffs endiablés de Necrotted, soutenu par les deux voix distinctes de Fabian et Pavlos qui se complètent l'une l'autre. "Not War But Class" enchaînera directement, reprenant la rythmique saccadée du death old school, avec une voix clairement typée deathcore, tandis que "Hunt Down The Crown" viendra apporter des breaks lourds qui donnent envie de se jeter dans le pit. C'est "Vile Vermin" qui viendra réconcilier les afictionados des deux styles sur une rythmique lourde à souhait. La double voix caractéristique du deathcore laissera la place à une guitare lead inspirée et à une basse omniprésente. Pourquoi se priver d'un riff de guitare au son clair avant de réellement débuter "The Lost Ones" ? Même si le groupe renoue bien vite avec le son qu'on lui connaît, il est toujours agréable de se détendre la nuque sur un son calme mais inquiétant, alors que "My Foray, Your Decay" de se donnera pas cette peine. Les riffs death débuteront directement, alors que les hurlements les soutiendront amplement, alternant un growl profond et un scream plus guerrier. Un nouveau titre martial qui abusera de la double voix, c'est "Unity Front". Le blast règne sur cette composition faite pour remuer la foule, et c'est une rythmique deathcore qui sera privilégiée. Le son malsain d'"Our Dominion" flirterait presque avec du slam death tellement sa rythmique est dansante, alors que "Babylon" s'axe sans aucun doute possible sur les racines les plus profondes du brutal death. Alors que toute la technicité du groupe s'affirme sur les parties lead, les deux chanteurs se démènent pour rendre l'expérience plus violente que jamais. Dernier titre qui se plaît à nous faire attendre, "Forlorn Planet" a un son presque malsain. En effet, la rythmique un peu old school privilégie la vitesse, alors que la basse rehausse le tout pour un chant puissant. Les parties lead se succèderont avant un sample final qui rejoint l'introduction du premier titre.
Vous pensiez réellement qu'il y avait un tel fossé entre les deux styles ? Je l'imaginais également, mais ce mariage est tellement bien réglé que je le perçois beaucoup moins à présent. Necrotted réussit à réconcilier les fans des deux genres en intégrant des inspirations diverses, mais toujours axées sur la violence et sur une fosse déchaînée. J'ai réellement hâte de voir ce que le groupe peut faire en live.
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