Le groupe
Biographie :

Necrophiliac est un groupe de death metal espagnol formé en 1988, reformé depuis 2016, et actuellement composé de : Ery (guitare), Bongo (chant / ex-Spontaneous Combustion), Sweick (batterie), Miguel (guitare) et Ramón (basse). Necrophiliac sort premier album, "Chaopula - Citadel Of Mirrors", en 1992 chez Drowned Productions, suivi de "No Living Man Is Innocent" en Mars 2020 chez Xtreem Music.

Discographie :

1992 : "Chaopula - Citadel Of Mirrors"
2016 : "Maze Of Forking Paths" (Compilation)
2020 : "No Living Man Is Innocent"


La chronique


Necrophiliac est un titre de Slayer présent sur l’album mythique "Hell Awaits" sorti en 1985, deux ans et des poussières plus tard, un groupe espagnol du même nom se pointe avec sa première démo. Ces musiciens marquent une avancée considérable dans leur carrière en proposant leur premier longue durée en 1992. Ce n’est seulement qu’en 2020 qu’un deuxième full length voit le jour, "No Living Man Is Innocent". Signé sur le label Xtreem Music, Necrophiliac remet la machine en route pour dévoiler à la face du monde son death metal véritablement influencé par le saint patron du metal de la mort, le groupe Death lui-même.

Au premier abord, on ne sait pas trop vers quoi on s’engage, en effet, le premier titre "Piper Leading Innocent" développe une intro qui s’inspire de la période pagan de Bathory, avec la présence d’une guitare acoustique douce mais entêtante, ces effets sonores qui évoquent des steppes herbeuses balayées par le vent, le tout agrémenté de bourdon d’instrument à réservoir, type cornemuse. Passé cela, un metal vieillot à la riffaille rouillée prend le relais, agrémenté de mélodies de guitares harmonisées aux sonorités sinistres. Immédiatement, on se prend du Schuldiner-like en pleine façade, notamment par le traitement des lignes de guitares. De "Leprosy" à "Symbolic", tous les clichés du groupe Death y passent, avec cependant quelques éléments qui permettent à Necrophiliac de se démarquer un poil et de ne pas souffrir à outrance de la comparaison. On entend également l’influence d’un autre géant ricain, Incantation, ajoutée à quelques éléments death plus européens, Dismember, Entombed pour ne citer qu’eux. Le son est assez caverneux, mais suffisamment audible, la prod' n’est pas fat, mais permet quand même au groupe de déployer une énergie suffisante.

Le disque est plutôt long pour un groupe de metal extrême, un poil plus de 55 minutes, et franchement, autant dire qu’il aurait mérité d’être plus court car le groupe privilégie les tempos médium et les climats, et ce genre de démarche demande un certain savoir-faire pour bien exploiter le truc, sous peine de fatiguer l’auditeur. En effet, parfois on se demande où ces mecs veulent bien en venir, "When Mother Ate Son" et ces détours proggy qui ont tendance à se perdre, alors que les parties les plus incisives à la Autopsy sont finalement plutôt efficaces. Necrophilliac empile parfois les riffs comme un enfant assemblerait des legos, sans avoir réellement établi de plan à la base. Le groupe s’en sort mieux lorsqu’il arpente une direction plus doom ("Horseaters"), sauf que "Inhabitants Of The Red Forest", le titre qui enchaîne directement après "Horseaters", est structuré sur la même pulsation, ce qui a tendance à vite tourner en rond. Le track suivant, "Kill All, Burn All, Loot All", aurait pu sauver la mise, plus sauvage et incisif, il souffre en revanche d’une gestion étrange des enchaînements, des structures très courtes et foisonnantes alternent de manière trop brusque avec des passages plus longs, on ne sait pas trop où le groupe veut en venir.

Voilà voilà, je pourrais passer plus de temps à énumérer chaque titre mais bon, j’aurais franchement du mal à vous les vendre. "No Living Man Is Innocent" est un disque plein de bonnes intentions, on sent que le groupe se fait plaisir, ne serait-ce que par l’abondance, autant en termes de nombre de morceaux qu’au niveau de leur durée et de leur contenu. Le groupe foisonne d’idées, propose de multiples éléments et de nombreux passages mais, là où ça pêche, c’est dans l’organisation de l’ensemble. Ce nouvel album est assez déséquilibré, la formation espagnole n’arrive pas vraiment à faire décoller son business. Elle tente avec un certain savoir-faire tout de même, à ressusciter au travers de son metal le son du passé, celui qui a permis au death de devenir ce qu’il est aujourd’hui mais l’ensemble manque de recul, de distanciation par rapport au résultat obtenu. Pas évident de relancer une machine qui n’a pas réellement été sorti du garage depuis 1992…


Trrha'l
Juillet 2020


Conclusion
Note : 12/20

Le site officiel : www.facebook.com/necrophiliacdeathmetal